Si le football européen a malheureusement été le théâtre de plusieurs incidents racistes ces derniers mois, avec des supporters ciblant des joueurs de couleur, c’est un peu le scénario inverse qui s’est produit le week-end passé en Espagne. Dimanche, le match de deuxième division entre le Rayo Vallecano et Albacete a ainsi été arrêté lorsque des supporters locaux, connus pour être antifascistes, ont insulté l’attaquant ukrainien Roman Zozulia, l’accusant d’être un « nazi ».
Pourquoi? Parce que Zozulia a plusieurs fois soutenu publiquement (et financièrement) l’armée ukrainienne se battant contre la Russie, mais dont certaines factions ne cachent pas leurs idées néonazies. Et parce que des clichés « compromettants » de l’avant-centre ont circulé il y a quelques années sur les réseaux sociaux. Sur une photo, Zozulia apparaissait ainsi avec l’écusson des « White Boys », des ultras du Dnipro Dnipropetrovsk eux aussi nostalgiques du régime nazi, et sur une autre, le joueur posait à côté d’une écharpe représentant Stepan Bandera, connu durant la Seconde Guerre Mondiale pour être un collaborateur… de l’Allemagne nazie.
Soutien présidentiel
Pourtant, ce jeudi, après avoir reçu de nombreux soutiens en Ukraine comme en Espagne, l’attaquant d’Albacete a donné une conférence de presse pour répondre à la polémique et aux accusations des fans du Rayo. Qu’il rejette en bloc.
« Tout ce qui a été dit à mon sujet n’est pas vrai, a-t-il d’abord lancé dans sa langue natale. Je suis seulement un footballeur, et un patriote envers mon pays. Je soutiens mon pays, oui, mais je suis totalement apolitique et opposé à toutes les idéologies. » Et de sortir un argument choc: « J’ai reçu le soutien du président de mon pays (de confession juive, ndlr). Quel président viendrait défendre un nazi? »
Son prêt au Rayo avait dû être annulé début 2017
Après avoir remercié l’Ukraine, l’Espagne, son « deuxième pays », et son club d’Albacete, Zozulia a évoqué les suites des incidents de Vallecas. Des suites, et d’éventuelles poursuites. « Je vais rencontrer la direction du club, mais je suis sûr que nous allons faire quelque chose, indique-t-il. Je suis fatigué de recevoir ce genre d’insultes. Ma famille sait parfaitement que tout ceci est faux, mais ma fille m’a tout de même posé la question. Je ne sais même pas quoi lui répondre… »
Zozulia a en outre rappelé que son conflit avec les supporters du Rayo n’est pas nouveau, puisqu’il devait être prêté au club de la banlieue de Madrid en janvier 2017, avant qu’une vague de protestation ne l’oblige à faire marche arrière. « Toute cette histoire a commencé quand j’ai signé mon contrat au Rayo. Ils (les supporters) ont dit que je défendais l’armée ukrainienne et qu’eux étaient de l’autre côté, souffle-t-il. Ils ne changeront pas d’opinion. D’ailleurs, je ne voulais même pas aller jouer à Vallecas au début. Mes coéquipiers ont insisté, ma famille aussi. Et vu que je suis un professionnel, j’ai décidé de jouer. » Une mi-temps, donc.
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