L’état de grâce ne dure jamais bien longtemps dans le football. A Madrid encore moins qu’ailleurs. Zinedine Zidane est bien placé pour le savoir. Six mois après son retour en grande pompe, le coach français traverse une période de turbulences dans la capitale espagnole. Depuis le début de la saison, son Real déçoit sur le terrain. Le spectacle n’est pas au rendez-vous, les résultats bégayent et les socios grincent des dents. Une situation difficilement tenable au royaume de l’exigence, même pour un homme qui a décroché trois Ligue des champions en deux ans et demi, entre 2016 et 2018. Un fameux triplé qui semble déjà loin à l’heure d’entamer la nouvelle campagne européenne. Et c’est avec de gros doutes dans les valises que le Real se rend à Paris pour la première journée de C1 ce mercredi (21h, direct et en exclusivité sur RMC Sport, abonnez-vous par ici).

Après une préparation estivale très poussive, marquée par l’énorme claque reçue à New York face à l’Atlético de Madrid (7-3), les Merengue affichent un visage assez inquiétant ces dernières semaines. Avec deux victoires et deux nuls, ils occupent tout de même la troisième place du championnat, derrière le FC Séville et l’Atlético de Madrid. Tant que le Barça, cinquième, est dans le rétro, l’essentiel est préservé. Mais les lacunes sont criantes. « Le début de saison du Real est médiocre, constate Carlos Forjanes, journaliste chez AS. L’équipe a très bien débuté en gagnant 3-1 au Celta Vigo lors de la première journée. Mais ensuite, elle est retombée dans ses travers de la saison dernière. »

Des expérimentations tactiques

En cause, notamment, un manque d’identité et un fonds de jeu quasi inexistant. « Collectivement, il n’y a pas grand-chose, pour ne pas dire rien, regrette Thomas G., le fondateur du site real-france.fr (avec son associé Julien G.), qui regroupe l’une des plus grandes communautés de fans merengue dans l’Hexagone. Zidane est revenu il y a plusieurs mois. Il a eu la fin de saison dernière pour mettre des choses en place. Mais aujourd’hui, il y a toujours les mêmes problèmes au niveau défensif. Dans l’animation offensive, on a vu quelques belles choses, mais globalement, l’équipe n’est pas séduisante. Lors du dernier match contre Levante (3-2), la dernière demi-heure, c’était une bouillie collective. »

Il faut dire que Zizou a fait quelques changements importants depuis son retour aux affaires. A commencer par ses plans de jeu. Terminé le 4-3-3 inamovible. Le technicien de 47 ans fait désormais évoluer son schéma au gré des événements et des adversaires. En 3-5-2, 4-2-3-1 ou 4-4-2. A plat ou en losange. Quitte à changer de tactique en plein match, comme le font Thomas Tuchel ou Maurico Pochettino. Quitte aussi à renvoyer l’image d’un entraîneur qui ne trouve pas la bonne formule.

Zidane Icon –

« Pour lui, il n’y a pas de remplaçants ou de titulaires »

« De temps en temps, ça peut être utile de changer pour remporter un match. Le problème, c’est que pour l’instant, ça a plus porté préjudice à l’équipe qu’autre chose, observe Thomas G., qui lancera prochainement une déclinaison en podcast de ses contenus.  Depuis le début de la saison, Zidane a essayé trois ou quatre systèmes et il continue de changer régulièrement. A un moment donné, il faut quand même un système de base, parce que le Real Madrid doit imposer son jeu et non s’adapter à des équipes parfois largement inférieures. »

Concernant le choix des hommes, là encore, Zizou tente de nombreuses associations. Et utilise son effectif en profondeur. Un turnover permanent dont il est coutumier. « Zidane n’a pas forcément de onze type, confirme Frédéric Hermel, correspondant de RMC Sport à Madrid et plus fin connaisseur de Zizou dans la presse française. Il fait jouer la concurrence et s’appuie sur l’ensemble de son groupe. Pour lui, il n’y a pas de remplaçants et de titulaires. Tout le monde a un rôle à jouer. Il propose rarement la même composition d’un match à l’autre. »

Il n’a pas pu recruter Pogba cet été

Une vision qui lui a permis de régner sur l’Europe mais qui ne paye plus beaucoup ces derniers temps. « Depuis son retour, le bilan de Zidane est négatif, tranche Carlos Forjanes, qui suit le Real à l’année. Les problèmes de fin de la saison dernière sont encore présents. Le Real a perdu en compétitivité entre son départ et son retour, aussi bien avec Solari que Lopetegui. Il doit donc trouver autre chose. Il tente, mais il ne sait pas encore trop où il va. Il n’est pas très à l’aise en ce moment. »

A sa décharge, l’ancien meneur de jeu des Bleus n’a pas obtenu tout ce qu’il souhaitait durant le mercato. Sa grande priorité était de faire venir Paul Pogba, mais Manchester United n’a pas libéré son champion du monde. Résultat: le Real se retrouve avec un déficit criant dans l’entrejeu, où seuls Luka Modric (34 ans), Toni Kroos et le jeune Federico Valverde (21 ans) sont disponibles, mais les deux sont absents face à Paris. Sachant que Casemiro n’a aucune doublure au poste de sentinelle et que le club a laissé filé Mateo Kovacic (Chelsea), Marcos Llorente (Atlético de Madrid) et Dani Ceballos (prêté à Arsenal). De quoi compliquer la tâche de Zidane, qui ne dispose plus d’un effectif aussi compétitif qu’il y a quelques années, avec également la perte de Cristiano Ronaldo et le rendement en baisse de certains cadres comme Sergio Ramos (33 ans) ou Marcelo (31 ans), qui ont quelques années de plus au compteur. Zidane n’a d’ailleurs emmené que 19 joueurs à Paris.

Hazard Icon –

Le faux départ de Bale, la blessure d’Hazard

Après avoir fait savoir qu’il ne comptait plus sur lui, Zizou a également dû composer avec le départ avorté de Gareth Bale. Le plus gros salaire du club (15 millions d’euros net par an) a failli signer en Chine durant l’intersaison, mais l’affaire a capoté lorsque le Jiangsu Suning a demandé à le récupérer sans payer d’indemnité de transfert. Idem pour James Rodriguez, de retour après deux ans de prêt au Bayern Munich, qui n’a pas trouvé de nouveau challenge. Pragmatique, le coach français a réintégré les deux stars dans son groupe. Mais ce n’était clairement pas sa volonté première.

Autre difficulté à surmonter: la blessure prématurée d’Eden Hazard. La recrue phare de l’été, censée apporter un vent de fraîcheur à l’attaque merengue, s’est blessée à la cuisse mi-août. De quoi freiner son adaptation au sein de la Maison Blanche, avec laquelle il n’a pour l’instant disputé que 30 minutes en match officiel, samedi dernier face à Levante. En conférence de presse, Zidane n’a d’ailleurs pas caché son impatience de pouvoir compter pleinement sur l’ancien ailier de Chelsea.

Une préparation physique renforcée

Ce sera peut-être le cas au Parc des Princes. A voir dans quel état physique sera l’international belge. Comme le reste de l’équipe d’ailleurs, après une avant-saison volontairement plus intense que les années précédentes. Avec le départ d’Antonio Pintus et l’arrivée au début de l’été de Grégory Dupont, l’ancien préparateur physique de l’équipe de France, la méthode a été repensée. Et la charge de travail s’est alourdie. Objectif: casser la routine qui aurait pu s’installer et surtout être prêts pour les grandes échéances du printemps. Quitte à laisser quelques plumes en route dans les premières semaines.

Partant de ce principe, Zizou n’est pas inquiet par la tournure des événements. En privé, le Ballon d’Or 1998 se dit même confiant et serein. « On sait ce qu’on a envie de changer à l’intérieur et on va tout faire pour bien le faire, a-t-il expliqué ces derniers jours devant les médias. Maintenant, il faut juste agir sur le terrain. On a des matches pour y parvenir et on va essayer de s’y atteler. » 

Sergio Ramos Icon –

Le soutien de son vestiaire

En attendant, le coach aux trois Coupes aux grandes oreilles conserve la confiance de son vestiaire. A l’image de Sergio Ramos, ravi de retravailler avec l’une de ses idoles. « Il est resté la même personne, a expliqué le défenseur espagnol au Daily Mail. Il a gardé son essence en tant que manager. Mais il est encore meilleur parce qu’il a une plus grande expérience. » Même admiration chez Raphaël Varane, qui défend son mentor face aux critiques au micro de RMC Sport. « C’est toujours comme ça. Au plus haut niveau, on est toujours remis en cause. Tout le monde, même lui, rappelle le défenseur international tricolore. On a été champions du monde avec les Bleus et dès le match suivant, on a été jugés de la même façon qu’avant. Cette remise en cause est permanente. Chaque saison, peu importe ce qu’on a gagné l’année d’avant, les compteurs sont remis à zéro. C’est comme ça à Madrid et c’est comme ça au plus haut niveau. »

Pas de quoi paniquer, donc, au sein de la Maison Blanche. « On est encore qu’au tout début de la saison donc il est un peu tôt pour tirer des conclusions. En tout cas, le coach est revenu déterminé à aider le groupe pour gagner », lance Varane.  » Même si je suis un peu inquiet, j’ai envie d’y croire parce que sur le papier, l’équipe a de quoi être compétitive », appuie Thomas G de real-france. Au moment de se projeter sur la suite des événements, ce week-end, Zizou n’a pas dit autre chose face aux micros. « Quand on va être tous bien physiquement, tous bien dans le rythme, on va faire mal », a même promis l’ancien maestro de Benabeu. En attendant, la nouvelle révolution se fait toujours attendre.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/psg-real-madrid-pourquoi-la-nouvelle-revolution-de-zidane-ne-prend-pas-1769315.html

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