Alors que le monde du sport pleure le décès de Kobe Bryant dans un accident d’hélicoptère, c’est l’enquête sur un autre crash qui intéresse la justice française. Le club de Cardiff a porté plainte en France pour « homicide involontaire » après la mort d’Emiliano Sala il y a un an, a-t-on appris confirmant une information de L’Equipe. Si la plainte a été déposée auprès du procureur de Nantes par le cabinet de Me Eric Dupond-Moretti et Me Antoine Vey, mandatés par le club écossais, contre X, elle vise indirectement le FC Nantes, mais aussi l’organisateur de ce vol et l’agent en charge du transfert du joueur.
Le 21 janvier 2019, l’Argentin Emiliano Sala, tout juste transféré du FC Nantes à Cardiff, périt dans le crash de l’avion de tourisme qui doit le ramener vers la capitale écossaise. L’épave est retrouvée au large de l’île de Guernesey. Un vol proposé par le FC Nantes que, à en croire Cardiff, l’attaquant aurait pu éviter de prendre. Le club écossais assure avoir proposé un vol commercial au joueur, qui avait opté pour une autre solution, celle de l’avion privé. Et l’enquête judiciaire cherche à déterminer les causes mais aussi des responsabilités dans cet accident au-dessus de la Manche.
Des soupçons de financement occulte
Dans sa plainte, le club de Cardiff estime avoir découvert des « éléments troublants » concernant l’organisation du vol. L’avion, un Piper PA-46 Malibu, n’était pas autorisé à voler sur des trajets commerciaux. Autre interrogation, le rôle joué par David Henderson. Le pilote britannique devait voler ce jour-là mais avait finalement proposé la mission à David Ibbotson, un compatriote qui n’était pourtant pas habilité à transporter des passagers payants. Le vol avait par ailleurs été organisé à la demande de l’intermédiaire Willie McKay et de son fils Mark, l’agent mandaté par Nantes pour mener à bien le transfert de Sala, qui déclarent avoir payé la totalité du voyage.
Le club de Cardiff dénonce également un financement occulte avec la mise en place d’un système de rétrocommissions versées à différents intervenants dans le transfert d’Emiliano Sala. Les responsables gallois soupçonnent également le FC Nantes d’avoir eu recours à des agents hors licence pour le transfert de l’Argentin. Un exercice illégal de la mission d’agent par Willie McKay que ne pouvait ignorer le FC Nantes, estime le club gallois.
Des conclusions d’enquête en mars
L’enjeu est de taille car le FC Nantes réclame toujours 17 millions d’euros à Cardiff, l’indemnité de transfert d’Emiliano Sala. Cardiff refuse de payer, estimant que le contrat de transfert, signé 48 heures avant le drame, n’était pas valide. En septembre dernier, la Fifa, saisie par le FC Nantes, a ordonné aux dirigeants du club gallois de payer 6 millions d’euros, soit le premier des trois versements. Cardiff a fait appel auprès du tribunal arbitral du sport, le TAS. Sa décision sera rendue au second trimestre 2020.
Autre rendez-vous dans cette affaire. A la fin du mois de mars, l’AAIB, l’Air Accidents Investigation Branch en charge des accidents aériens au Royaume-Uni, rendra les résultats de son enquête concernant les causes de l’accident. Selon le rapport d’autopsie, Emiliano Sala, dont le corps a été repêché près de trois semaines après l’accident, est décédé des suites de “blessures à la tête et au tronc”. Il y a quelques mois, le bureau britannique a envisagé que l’attaquant ait pu mourir avant le crash en mer. L’Argentin a en effet été exposé (tout comme le pilote selon toute vraisemblance) à un niveau élevé de monoxyde de carbone susceptible de provoquer convulsions, perte de conscience ou crise cardiaque.
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