Est-ce qu’il y a un goût d’inachevé?

Le sentiment est mitigé. Il y a de la joie, du bonheur à retrouver la Ligue 1 car c’était l’objectif de début d’année. Et puis c’est une saison aboutie où, sur 28 journées, nous avons été 22 fois leaders. Mais il y a un manque, car on n’a pas fini la saison. J’ai eu la chance, notamment lors de la dernière montée en Ligue 1 avec Amiens, de vivre des moments incroyables de communion avec les joueurs, le staff et surtout le public. Vivre ça dans un stade plein avec l’émotion, ça manque et ça manquera. J’avais dit aux joueurs, en début de saison, qu’une montée dans la carrière c’était marquant. Car on vit une véritable aventure humaine. Les groupes qui vont au bout sont ceux pour qui ça marche bien sur et en dehors du terrain. Je leur ai dit vendredi qu’ils allaient s’en souvenir, parce qu’on a fait une saison sur le plan humain et footballistique qui était bonne. Mais ils vont s’en souvenir aussi, malheureusement, car on a fêté ça chez nous, chacun devant notre ordinateur, à boire un verre ensemble. Ce n’est pas ce qu’on avait imaginé.

C’est un moment particulier…

Oui, car on ne sait pas encore quand on va reprendre. On est en lien avec le staff médical pour la reprise, pour voir comment on peut faire une préparation si le championnat reprend le 22 août ou peut-être avant, c’est à espérer. On s’oriente vers une reprise vers le 15 juin, avec les tests médicaux. J’ai l’habitude de faire des préparations sur six semaines. Là, ça va faire dix. Mais après trois mois d’arrêt, on aura besoin de bien réathlétiser les joueurs d’une manière un peu plus lente. Il y aura peut-être des plages de repos un peu plus longues que d’habitude à l’intérieur de cette préparation. On travaille beaucoup, mais on s’aperçoit que les conditions d’entraînement vont être particulières. On est déjà dans la saison prochaine avec la constitution de l’effectif. On bascule vite. 

Le gouvernement allemand donne son feu vert à la reprise et l’UEFA souhaiterait organiser Juve-Lyon le 8 août. Ce sont des signaux positifs?

C’est positif. En Allemagne, il y a quatre ou cinq fois moins de décès qu’en France. Donc on ne peut pas comparer. Ils ont une dizaine de cas positifs, déjà, donc attendons un peu de voir ce qu’il se passe. Donc la décision d’arrêter était cohérente par rapport à ce qu’on sait ou pas sur ce virus. J’avais vraiment des doutes sur le protocole qui nous était proposé au mois de mai avec une reprise possible en juin. Si le sport reprend dans d’autres pays, tant mieux. Je me dis que peut-être on pourra reprendre début août et ça serait très bien. Le fait d’arrêter permet au moins de ne pas mettre deux saisons en péril. Maintenant, on peut se préparer et espérer faire une saison 2020-2021 correcte.

>> Allemagne: Merkel donne son feu vert pour une reprise de la Bundesliga

Sept montées depuis 1999, quatre depuis 2014, comment expliquer cette spécialité qui est la vôtre?

Depuis 2014, il y a trois montées qui ne sont pratiquement pas attendues. Ce sont plutôt des saisons où on espère se maintenir assez facilement et on se retrouve propulsé sur le devant de la scène. Cette année, c’est un peu différent car je viens en connaissance de cause. Je sais que Lorient fait partie des six ou sept équipes qui ont les moyens et l’ambition de vouloir aller en Ligue 1. C’est pour ça que celle-ci me fait énormément plaisir, car j’étais peut-être attendu au tournant en arrivant ici. Il y a un staff qui fait un super boulot derrière et on a rencontré un groupe de joueurs qui était très à l’écoute. Ce qui fait la réussite d’une saison, c’est de créer les conditions pour une aventure collective. S’il y a une chose à retenir, c’est ça. Après, il y a l’aspect technique et tactique et puis la qualité des garçons qu’on a.

Avez-vous le souci d’être un fédérateur avec le collectif en point de mire?

C’est la clé, quand on arrive à ce que les joueurs s’approprient ce projet-là et que le joueur a envie de faire plus pour le camarade qu’il a à côté. Quand on arrive à créer cette force collective, chaque joueur monte de 10 % son niveau. C’est la première chose que je m’attelle à faire avec mon staff.

Où sont vos inspirations dans ce schéma? Géographiquement, vous êtes désormais plus proche des Gourcuff, Suaudeau ou Denoueix…

Les personnes que vous citez ont inspiré tout le monde dans leur qualité de jeu et de réflexion. Quand j’ai commencé il y a 20 ans, c’était des entraîneurs dont je m’inspirais. Je regardais ce qu’ils faisaient, alors que j’étais à un niveau bien plus bas à l’époque. Aujourd’hui, celui que j’observe beaucoup c’est Jürgen Klopp à Liverpool. C’est quelqu’un qui arrive à fédérer un groupe par rapport à ce qu’il demande. Quand on voit l’intensité que les joueurs mettent dans cette équipe! Et il l’avait déjà fait à Dortmund. À l’heure actuelle, mon inspiration vient de son mode de management car il arrive à tirer la quintessence du groupe à chaque fois.

>> La lente et passionnante maturation tactique de Jürgen Klopp

Quel va être le visage du FC Lorient la saison prochaine?

L’idée directrice va être celle qui m’anime toujours. J’ai envie que mon équipe, quelle que soit la division, à domicile ou à l’extérieur, impose quelque chose et crée une passion et de l’intensité. C’est toujours ma philosophie. Je veux qu’on soit acteur. Certes ,on va aller en Ligue 1. Ça va être difficile, mais on ne va pas y aller pour subir.

On a pratiquement tout le groupe qui est sous contrat à part Jimmy Cabot qui nous a annoncé qu’il souhaitait partir. Le meilleur des recrutements, notamment quand il y a une réussite, c’est d’essayer de garder le plus de monde possible. Les joueurs se sentent bien à Lorient et la volonté du club est de garder cette ossature là. Après, il y aura d’autres paramètres comme la crise économique. Mais ça ne doit pas être un frein. Il faudra avoir d’autres idées. On a la chance d’avoir un centre de formation qui travaille très bien aussi, des joueurs comme Enzo Le Fée qui a 20 ans, des joueurs qui avaient été prêtés… La Ligue 1 peut être un tremplin pour eux. Il va y avoir des discussions avec Sylvain Marveaux, qui est en fin de contrat. Pour Yann Kitala, qui appartient à Lyon, et Armand Laurienté, à Rennes, nous ne sommes pas décideurs. C’est trop tôt pour en discuter.

Les observateurs de la Ligue 1 vont découvrir Enzo Le Fée. Quelles sont ses qualités et ses axes de progression?

C’est quelqu’un qui sent le football. Dans ses prises de balle, il est magnifique à voir jouer. Après, quand on est un joueur offensif comme lui, on doit avoir des stats. Il n’a pas encore marqué un but en professionnel. On attend ça avec impatience et lui aussi.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/lorient-en-ligue-1-klopp-ses-montees-les-confidences-de-pelissier-1908984.html

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