Evidemment, les plus forts, c’est les Verts. Ce n’est pas Jacques Monty, auteur de la célèbre chanson à la gloire de Saint-Etienne – pour ne dire pas son hymne –  mais les résultats actuels de l’équipe qui le disent. Vainqueur à Guingamp (0-1), tombeur de l’OM mercredi soir (2-1), l’ASSE vient d’enchaîner quatre succès consécutifs et n’a plus perdu toutes compétitions confondues depuis le 5 décembre, à Bordeaux (3-2). Si les Verts sont troisièmes de Ligue 1 et peuvent regarder l’avenir avec appétit, ce n’est pas sans raisons. Dont certaines puisent leur force dans la saison dernière.

Un esprit commando qui dure, qui dure, qui dure

Si Saint-Etienne marche aussi bien cette saison, c’est aussi et surtout grâce à la deuxième partie de saison dernière. Souvenez-vous… le 17 janvier 2018, l’équipe forézienne était lourdement corrigée par Metz en Lorraine (3-0) et figurait à la 14e place. Il y avait déjà du mieux mais les Verts n’étaient pas encore sortis d’affaire et maintenus en Ligue 1. Fort d’un recrutement hivernal judicieux (M’Vila, Debuchy, retour de prêt de Beric, Subotic), « Sainté » s’est totalement redressé lors des cinq mois suivants. Le club forézien a même joué une place européenne jusqu’à la dernière journée… et n’a concédé que quatre défaites durant cette période (Metz, Nice, Bordeaux et Monaco) en plus de son élimination en 16es de finale de la Coupe de la Ligue face à Strasbourg. C’est pratiquement autant que cette saison, avec quatre défaites concédées et une élimination, décidément, encore en 16es de finale de Coupe de la Ligue. Contre Nîmes cette fois.

L’abandon du salary cap

Pour se maintenir, Saint-Etienne a dû prendre des risques. Fiers de leur politique de gestion salariale façon bon père de famille, les dirigeants stéphanois ont dû revoir leur copie. En péril en Ligue 1 à la fin des matchs aller la saison dernière, l’ASSE a tenté des coups, des paris, en rapatriant Yann M’Vila en France, en relançant Mathieu Debuchy et avec brio, ce dernier finissant réserviste du groupe France pour la dernière Coupe du monde 2018. Mais en redonnant aussi un second souffle à Neven Subotic (ex-Dortmund) et en transformant Robert Beric, indésirable jusque-là et prêté, en « supersub » efficace. Le salary cap a depuis été abandonné dans le Forez, condition sine qua none pour attirer des joueurs de ce calibre.

L’aura de Gasset et de ses « Gasset Boys »

Si Saint-Etienne a pu attirer certains gros noms dans ses filets, ce n’est pas juste grâce à l’abandon du salary cap, rendu obligatoire par ce type de dossiers. Mais aussi et surtout grâce à l’aura de son entraîneur, Jean-Louis Gasset. Ce dernier a ses réseaux, ses contacts et est très apprécié des joueurs. La méthode, déjà éprouvée avec succès lors de ses passages comme numéro deux à Bordeaux, en équipe de France et au PSG au côté de Laurent Blanc, a eu encore plus de retentissement avec lui aux manettes principales cette fois. Ses idées, Gasset peut les relayer efficacement sur le terrain, avec ses « Gasset Boys », à savoir, Yann M’Vila, Mathieu Debuchy et Neven Subotic, trois joueurs dont il a œuvré personnellement à la venue.

Une vraie colonne vertébrale

La réussite de Saint-Etienne s’explique aussi par la qualité de son groupe. Un gardien de niveau international qui tient l’équipe en haleine quand elle manque de souffle, des défenseurs d’expérience très solides, deux fois trois poumons au milieu, un chef d’orchestre et un électron libre: avec Ruffier, le duo Perrin-Subotic, l’autre duo Selnaes-M’Vila – le premier étant clairement le meilleur joueur de Saint-Etienne cette saison -, Cabella et Khazri, les Verts ont trouvé leur ossature, leur colonne vertébrale, les cadres indiscutables qui vont lui garantir un certain état d’esprit. Et comme tout le monde au sein de ce carcan est sur la même longueur d’ondes, l’ASSE fait des étincelles.

Un groupe au taquet, un brin de chance aussi

Hormis Khazri, Salibur et le prêt de Kolodziejczak, Saint-Etienne a le même groupe que celui ayant fini 7e la saison passée. Cabella? Saint-Etienne a fini par lever l’option d’achat de son prêt. Loïs Diony? De retour de prêt. Et dans cet effectif, on s’aperçoit vite qu’un noyau de 16-17 joueurs émerge. Le reste? De jeunes joueurs, de jeunes promesses, mais encore trop tendres pour la Ligue 1. C’est donc un groupe restreint, contraint et forcé – les Verts n’ont pas de marge de manœuvre financière pour s’étoffer cet hiver et devront vendre pour acheter – mais sans concurrence donc, qui se sublime chaque semaine en Ligue 1.

La réussite est aussi au rendez-vous, porté par le talent de Ruffier derrière, qui permet aux Verts de rester longtemps au contact de leur adversaire. Ou par le réalisme stéphanois, comme lors du match à Reims avec deux buts… sur les deux premiers tirs. On n’oubliera pas non plus le fait que « Sainté » n’a pas une infirmerie débordante, qu’il ne croule pas non plus sous les suspensions et que hormis Perrin, de retour en très grande forme, il n’a pas eu à déplorer de défection majeure de ses cadres. Ou en tout cas, pas de défection en grande quantité.

Une adversité moindre

Monaco 19e. L’OM 9e. Nice, 6e. Lyon, 4e. Quand les habituels lieutenants du PSG sont un peu moins bien ou ont d’ores et déjà raté leur saison, il faut savoir en profiter. A l’instar de Lille ou de Montpellier, Saint-Etienne en est là aussi avec (grâce?) à la faillite de ces équipes-là. L’adversité est moindre en Ligue 1 et derrière le PSG, il n’y a pas vraiment (encore) de hiérarchie établie. Saint-Etienne profite aussi de ce flou artistique et du relatif écart faible entre les équipes pour tirer son épingle du jeu. Même s’il lui manque encore un succès contre un des quatre gros de cette saison, pour basculer encore plus nettement dans la cour des grands.

Mais pas de marge

« C’est bien, mais on est qu’à la moitié du jeu. On a fait un parcours pratiquement idéal à domicile. Mais à l’extérieur, même si on a perdu contre les équipes du haut de tableau, dont certaines sont beaucoup plus fortes que nous, ce sont des équipes qu’on recevra. Mais il faudra y mettre les mêmes ingrédients que ce qu’on met actuellement à domicile, parce qu’à l’extérieur il faut qu’on prenne un peu plus de points. » 

Ainsi a parlé Jean-Louis Gasset à l’issue des matches aller, fixant le cap pour la deuxième partie de saison. C’est un fait, l’ASSE marche très bien chez lui, à Geoffroy-Guichard (2e meilleure équipe de L1 à domicile derrière le PSG) mais vraiment moins bien à l’extérieur (13e de l’exercice). C’est un fait, avec un groupe au taquet certes mais sans réelle profondeur de banc, les Verts n’ont pas de quoi pallier un ou deux blessés majeurs (voire un suspendu en cadeau bonus tiens) en même temps. Si son esprit de corps n’est pas à remettre en cause, la preuve mercredi soir avec ce retournement de situation face à l’OM (2-1) et cette capacité à toujours s’accrocher, Saint-Etienne n’a pratiquement aucune marge. Et c’est cette capacité à faire sans qui déterminera si oui ou non ces Verts peuvent rester irrésistibles encore plusieurs mois…

https://rmcsport.bfmtv.com/football/ligue-1-pourquoi-saint-etienne-est-irresistible-cette-saison-1614537.html

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.