Quiconque a le droit d’exprimer son mécontentement. C’est ce qu’ont décidé de faire Patrick Gonzalez, président de Saint-Priest (club est rétrogradé en National 3), et Éric Thomas, président de l’Association française du football amateur, une association indépendante dont son dirigeant a été plusieurs fois candidat malheureux aux élections de la Fédération.

Une première lettre envoyée à Noël Le Graët, le 2 avril, pour exprimer les inquiétudes de la base depuis le confinement et l’arrêt des compétitions. Une deuxième est datée du 16 du même mois, juste après la décision du comité exécutif de la FFF d’arrêter définitivement la saison 2019-2020 et d’établir des classements en s’appuyant sur un quotient (le nombre de points obtenus divisés par le nombre de matches disputés) pour tenir compte des retards pris dans certains championnats et pour obtenir un classement équitable. Ces deux courriers sont restés sans réponse.

Jamais deux sans trois. Une troisième lettre a été envoyée le 25 avril dernier, pour dénoncer cette fois-ci la décision qui avait été prise et demander une assemblée générale extraordinaire pour « casser » la décision du comité exécutif (Comex) avec une copie à la ministre des Sports Roxana Maracineanu.

Le CNOSF saisi

Si, à la FFF, on ne répond pas à ces deux dirigeants, on lit les courriers et on cherche à savoir s’il y a bien 3.000 clubs derrière cette initiative comme annoncé lors de la dernière missive. Interrogé par RMC Sport, Patrick Gonzalez l’assure: « Nous avons le soutien de 3.000 clubs amateurs, mais aussi de politiques, de députés, de sénateurs. Le président de Lyon Métropole a lui aussi écrit à Noël Le Graët. On n’est pas écoutés. C’est du dédain. On se moque de nous ».

Des clubs, donc, mais aussi des présidents de districts, comme celui du Cantal qui s’exprime dans le premier paragraphe de la dernière lettre en qualifiant ainsi la décision: « injuste, inéquitable et inégalitaire ». Une grogne qui prend de l’ampleur, puisque près d’une quarantaine de clubs (de National, de Ligue ou de district et même de futsal) ont décidé de saisir le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour contester les décisions de la fédération.

Ces clubs sont défendus par un avocat bien connu dans le milieu du football: Me Jean-Jacques Bertrand. Il explique le principal argument: “La démarche est de contester la décision que nous estimons ne pas entrer dans la compétence totale du Comex, qui s’est emparé de pouvoirs et de compétences qui dépendent de l’assemblée fédérale. L’état d’urgence ne justifie pas de faire n’importe quoi. Ils avaient le temps d’organiser une assemblée fédérale plutôt que de se précipiter. J’espère que le CNOSF retiendra l’imprudence du Comex et le fait qu’il a outrepassé ses pouvoirs, en lui demandant de revoir sa position”. L’audience a été fixée au 6 mai prochain.

La FFF commence à prêter l’oreille

À cela, il faut rajouter deux clubs qui ont décidé d’aller devant le CNOSF à titre individuel: les Hauts Lyonnais, privés d’accession en National 2, et la section féminine de l’AS Saint-Étienne qui ne monte pas en Division 1. Cela commence à faire beaucoup pour la FFF, qui a décidé de prendre au sérieux ce mouvement. Pour les Hauts Lyonnais, c’est un cas de figure particulier. Ils étaient leader de leur groupe avec une meilleure attaque que Rumilly-Vallières et ils ne montent pas. « C’est inexplicable. On avait le règlement pour nous et finalement, non! On est privés de montée », s’insurge Bruno Lacand, le président du club. Quant aux Stéphanoises, deuxièmes à trois points du Havre, le leader du groupe B, elles comptaient un match en moins à cause d’un report à Yzeure en février dernier.

Pour Me Olivier Martin, l’avocat de l’ASSE: « C’est la conséquence d’un match non joué à cause d’un arrêté municipal contestable. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait devant le tribunal de Clermont. Avec le quotient, c’est une injustice totale alors que cette rencontre aurait pu se jouer dans un rayon de 5 kilomètres ».

Cet avocat va plaider deux autres recours contre la FFF: La Roche Vendée Foot, le club de l’ex-Lyonnais Philippe Violeau, et le club de futsal ALF Sainte-Foy-lès-Lyon. Les audiences sont programmées les 6 et 14 mai prochain. Si la Fédération fait la sourde oreille, elle a évoqué tous ces sujets avec Roxana Maracineanu en début de semaine. Marc Debarbat et Pierre Samsonoff, respectivement président et directeur général de la Ligue du football amateur (LFA), qui dépend directement de la FFF, ont demandé un entretien téléphonique avec la ministre pour faire un point général sur la situation actuelle. Les deux dirigeants ont voulu, aussi, placer ces frustrations dans un contexte particulier, qui a amené une décision particulière et inédite prise le 16 avril dernier par Noël Le Graët et son comité exécutif. Et expliquer que l’arrêt des championnats nationaux en raison de la crise sanitaire était inéluctable et que la décision prise pour valider les classements avec des montées et des descentes est la moins pire.

Au-delà de cette décision fédérale, le ministère des Sports prépare un texte de loi pour habiliter toutes les fédérations sportives à agir face à des circonstances exceptionnelles les obligeant à prendre des décisions qui ne se seraient pas prévues par leurs règlements respectifs. Ce qui est le cas aujourd’hui. Pas question d’empêcher les recours, puisque c’est un droit, mais renforcer la légitimité de ces fédérations qui ont, déjà, le pouvoir de délégation d’un point de vue juridique. Un texte qui n’a pas encore été publié. D’un point de vue juridique, la FFF se dit “blindée” et attend avec sérénité le résultat des différents recours devant le CNOSF. Le comité exécutif étudiera, ensuite, les décisions du conciliateur avant de les suivre, ou pas.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/football-amateur-colere-et-frustration-au-sein-des-clubs-1904382.html

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