Après avoir sondé plusieurs personnes travaillant ou ayant travaillé dans la formation du football français, il ressort que l’existence de fiches comme au PSG n’est pas un fait unique. D’autres clubs l’ont fait ou le font mais ce n’est pas une pratique généralisée. Et surtout, derrière ça, il n’apparaît aucun racisme primaire, simplement la volonté de collecter le maximum d’informations sur les joueurs pour ne pas se tromper dans le recrutement. Problème: à trop vouloir en savoir, les recruteurs se mettent dans l’illégalité sans même le savoir.
Contacté par RMC Sport, un agent bien implanté dans le monde pro qui souhaite rester anonyme, évoque un cas qu’il a rencontré. « Moi j’avais payé des frais à un gamin du Sénégal, il a fait des essais dans un club de Ligue 1, explique-t-il. Il était super bon, les recruteurs étaient très satisfaits mais on l’a finalement refusé. On m’a dit ‘on a déjà trop de noirs, on essaie d’équilibrer’. Mais pour moi ce n’est pas forcément une question de racisme, mais plus une volonté de conserver une certaine mixité sociale. Les clubs font très attention à leur image et c’est un critère qui rentre en ligne de compte. J’ai déjà entendu de la bouche de formateurs que l’Africain du nord, c’est le mix parfait entre les qualités athlétiques de l’Africain et les qualités techniques de l’Européen. »
« Jamais la couleur de peau n’a été un critère », assure le recruteur d’un grand club français
Un recruteur d’un grand club français précise. « Le premier critère ça reste le niveau footballistique, rappelle-t-il. Ensuite ce qu’on peut regarder de près c’est la date et le lieu de naissance afin d’être bien sûr de l’âge du joueur. On sait que la fiabilité de ces infos dans certains pays africains n’est pas optimale. Jamais la couleur de peau n’a été un critère de recrutement dans la stratégie de club. Il suffit de regarder les effectifs. En revanche, ce qui peut arriver, c’est la volonté d’un entraîneur de ne pas avoir trop de profils similaires afin de garder un équilibre social de vestiaire et écarter tout communautarisme. »
D’autres clubs ont utilisé des fiches
Selon nos informations, certains clubs français, comme le PSG, ont utilisé des fiches. L’un de ceux-là se servait de ce système pour établir l’origine des joueurs selon leur continent (Afrique, Amérique du Sud, Asie…). « Dès que l’on a vu l’info sortir on a tout arrêté et demandé d’interdire l’utilisation des fiches », indique une source interne à ce club.
D’autres pratiques douteuses ont eu cours dans des clubs professionnels. Dans l’un de ceux-là, la couleur de peau a clairement été associée à un profil spécifique de joueur. « A une époque, les recruteurs ne ciblaient que des blacks, synonymes pour eux de joueur costaud physiquement, indique un proche de ce club. Dans leur tête le lien était évident. Et il ne se rendaient pas compte de la teneur raciste de leur stratégie. A l’inverse, ces mêmes recruteurs parlaient de joueurs blancs pour évoquer des footballeurs intelligents. »
Le LFP et la FFF pourraient se porter partie civile
Une enquête interne est actuellement en cours au PSG. Les résultats de l’enquête seront transmis à la LFP et la FFF. Le Conseil National de l’Ethique s’est également saisi du dossier. Une instruction va débuter pour interroger tous les protagonistes de l’affaire. En fonction de ses conclusions, il pourra saisir la commission de discipline qui pourra prononcer d’éventuelles sanctions. Le Cran et la Ligue des Droits de l’Homme ont porté plainte contre X pour discrimination. En fonction de l’avancée judiciaire du dossier, la LFP et la FFF se réservent le droit de se porter partie civile.
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