C’est l’un des plus grands fiascos de l’histoire du sport français. Et une cicatrice indélébile pour Nicolas Anelka. Dans un documentaire diffusé sur Netflix, intitulé « Anelka, l’incompris », l’ancien attaquant de l’équipe de France revient en détails sur les événements qui ont marqué la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Son accrochage avec Raymond Domenech dans le vestiaire, la fameuse Une de L’Équipe, son exclusion de la sélection et la grève de ses partenaires à Knysna… Celui qui a mis fin à sa carrière en 2015 livre sa version des faits. 

Son accrochage avec Domenech

Après un match d’ouverture raté face à l’Uruguay (0-0), l’équipe de France, est encore très poussive pour sa deuxième sortie face au Mexique. Le 17 juin 2010. A la mi-temps, Nicolas Anelka s’accroche dans le vestiaire avec Raymond Domenech, son sélectionneur.

« Je rentre frustré dans le vestiaire. Je réfléchis, je suis en train de me dire: ‘Je n’ai aucun ballon, je ne trouve pas la solution, on n’arrive pas à jouer, il y a encore 0-0 et on n’a pas encore marqué de but’. Tout à coup, le coach rentre et il sort mon nom. Quand il sort mon nom, avec toute la frustration qu’il y avait déjà avant, c’est sorti parce que je n’admets pas que tu sortes mon nom comme si j’étais le fautif. Presque l’ennemi public n°1. Comme si c’était de ma faute en fait. Donc moi j’ai senti une agression (…) C’est une très grosse erreur, il doit savoir que la frustration est là. Il doit savoir qu’à l’intérieur, je suis un volcan. »

La fameuse Une de L’Équipe

Le 18 juin 2010, au lendemain du match face au Mexique (perdu 2-0), Nicolas Anelka est prévenu par le journaliste Arnaud Ramsay, dont il est très proche, de la Une prévue par L’Équipe le lendemain. Le quotidien a choisi de titrer « Va te faire enculer, sale fils de pute », les propos qu’Anelka aurait tenu à Domenech lors de leur accrochage. 

« Je regarde mon téléphone et je dis: ‘Attends, mais il y aura marqué ça là, c’est pour de vrai ou tu rigoles?’ Il me dit: ‘Non, non, le titre dans L’Équipe demain, c’est ça!’ (…) T’insultes la mère d’un coach, ce n’est pas tous les jours. Là, tu l’as mis en Une. Ils ont été dans l’étape au-dessus. C’est un truc de fou. Nous, on est victimes. La première victime, c’est moi. Mais les joueurs aussi, ils sont pris en otage. Tout le monde les appelle pour savoir si c’est vrai ou pas. Là, c’est le feu. »

« Les gens qui me connaissent savent très bien que si j’avais dit ce qui est sorti dans la presse, j’aurais assumé. J’ai toujours assumé tout ce que j’ai dit et tout ce que j’ai fait (…) Quand tu vois le photomontage, on a presque l’impression que je veux me battre avec lui. Alors qu’il était loin de moi. Moi, je suis assis. Il me parle et je lui réponds. Ça a duré dix secondes (…) Ils se sont permis beaucoup de choses avec moi. Cette Une là, avec des gros mots comme ça, je trouve ça extraordinaire. Ça n’arrivera plus. »

Le soutien de ses coéquipiers

Après la parution de L’֤Équipe, la Fédération française de football décide d’exclure Nicolas Anelka de l’équipe de France. Son Mondial est terminé. L’attaquant reçoit alors le soutien du reste de ses coéquipiers

« Le plus important pour moi, c’était le groupe et de recoller les morceaux pour que les mecs soient focalisés sur la Coupe du monde. Et pas sur ce qu’il s’était passé dans le vestiaire. Pat Evra (alors capitaine des Bleus, ndlr) et Eric Abidal appellent le coach. Le coach dit qu’il arrive, on l’attend. Finalement, le coach ne vient jamais. »

« On se pose dans un salon de l’hôtel. Je parle aux joueurs, je leur dis: ‘C’est triste par rapport à la situation et tout ce qu’il se passe. Tout ce que vous avez à faire, c’est être focalisés sur le terrain. Il reste encore un match. Si on le gagne, on se qualifie.’ Et les mecs commencent à me dire: « Ouais, mais ce n’est pas normal, on n’est pas d’accord, on veut faire un truc pour toi, on veut marquer le coup.’ J’ai dit: ‘Vous faites ce que vous voulez’. Et ils ont décidé tous ensemble, j’étais là. ‘Demain, on ne parlera plus à la presse et, en signe de protestation, on n’ira pas s’entraîner’. »

Le soir, Thierry Henry le raccompagne au parking, où un véhicule attend Anelka pour l’emmener loin de Knysna. « C’était la fin. Après ça, c’était compliqué de revenir en équipe de France. Il y a un goût amer. C’était un moment très émouvant. Il a dès fois des moments comme ça, qui sont tristes mais qu’il faut vivre. Et franchement, c’est un moment que je n’oublierai jamais. »

Le jour de la grève de Knysna

« Moi, je pars. Je savais que leur plan, c’était de ne pas descendre du bus. Et je reçois un coup de fil de Pat Evra qui me dit: ‘Nico, on ne pourra pas faire ce qu’on avait dit, parce qu’il y a des enfants qui viennent, des supporters de l’équipe de France, donc on va signer pour tous les fans et quand on finit, on remonte (dans le bus)’. Et il s’est passé ce qu’il s’est passé derrière. »

Face aux caméras du monde entier, les joueurs de l’équipe de France actent leur grève en remontant dans leur bus. Ils refusent officiellement de s’entraîner. Raymond Domenech vient lire un communiqué rédigé par ses joueurs devant les journalistes pour expliquer la situation. Le préparateur physique Robert Duverne est proche d’en venir aux mains avec Patrice Evra. La scène est surréaliste. 

« Moi, je regardais à la télévision et on m’appelait. C’était extraordinaire. Un film! Il y a le coach qui est parti parler avec sa lettre, l’autre qui dit: ‘Je m’en vais’, l’autre qui prend son sifflet et qui veut se battre carrément avec Evra et tout ça devant les caméras. Mais c’est une folie ce truc-là! »

Les explications de Domenech

Dans le documentaire « Sélectionneurs », diffusé en 2018, Raymond Domenech explique qu’Anelka n’a pas prononcé les insultes publiées en Une de L’Equipe huit ans plus tôt. L’ancien sélectionneur des Bleus assure que son attaquant lui a lancé: « T’as qu’à la faire ton équipe de merde », en jetant ses chaussures, après une remarque sur son placement. 

« Les gens ont été un peu choqués de ce qu’il avait dit dans le reportage. Il dit que ce n’était pas mes mots. Mais il l’avait dit dans le rapport à la fédération. Je pense que la presse le savait. Mais personne n’a rien dit. » Domenech n’est par ailleurs pas directement présent dans le documentaire mais apparaît seulement par le biais de cet entretien de 2018.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/equipe-de-france-domenech-a-fait-une-tres-grosse-erreur-anelka-revient-en-details-sur-le-fiasco-de-kynsna-1957494.html

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