A la base, c’est une commune de banlieue sans prétention, située en Seine-Saint-Denis. A moins de 10 km au nord-est de Paris. Mais depuis quelques mois, Bondy s’affiche en plus grand sur la carte du foot français. Kylian Mbappé, dont le portrait a orné la façade d’un immeuble à l’entrée de la ville, l’a rendu célèbre dans le monde entier. Mais l’attaquant du PSG n’est pas le seul à avoir usé ses premiers crampons dans ce secteur du 93.
Jonathan Ikoné, lui aussi, est un jeune du coin. Après avoir explosé sous le maillot du Losc la saison passée, le milieu offensif s’est fait connaître du grand public samedi lors de France-Albanie, en éliminatoires de l’Euro 2020 (4-1). Entré en fin de match pour sa première sélection, le joueur formé au PSG n’a mis que huit minutes pour marquer. De quoi recevoir une cascade de félicitations, dont celle de « son frère » Mbappé.
« Jonathan et Kylian, il fallait les sortir du terrain! »
Il faut dire que les deux phénomènes se connaissent par cœur. Nés tous les deux en 1998 (Ikoné en mai, Mbappé en décembre), ils ont tapé dans leurs premiers ballons ensemble sous le maillot vert de l’AS Bondy. Un club alors entraîné par le père de Kylian, Wilfried Mbappé, et où, évidemment, personne n’a oublié leur récent passage. Aux côtés de Metehan Güçlü (d’un an leur cadet), qui a quitté cet été le PSG pour Rennes, ils formaient un trio infernal dans la région.
« Jonathan et Kylian étaient heureux d’être ensemble, témoigne le président Athmane Airouche. Ils étaient heureux de jouer au football et c’est le plus important. C’est ce qu’on dit à tous les enfants du club, il faut prendre du plaisir avant de penser à tout ce qu’il peut se passer dans une carrière de footballeur. Si Jonathan et Kylian sont là aujourd’hui, c’est parce qu’ils aimaient le football et que c’était leur passion. Ils auraient pu jouer toute la nuit à l’époque, il fallait carrément les sortir du terrain! »
« On disait que c’était Jonathan le plus fort »
Un terrain au bord duquel se sont vite amassés les curieux, impressionnés par l’aisance des deux surdoués. Et à l’époque, ce n’est pas le futur champion du monde qui avait la plus grosse cote. « Quand on était petits, on faisait des comparaisons entre Kylian et Jonathan. Et on disait que c’était Jonathan le plus fort, raconte Luigi Palma, un ami d’Ikoné qui évolue avec l’équipe séniors de Bondy. Quand on faisait des grands tournois au Palais des sports, c’était Messi! C’était trop facile pour lui, on aurait dit qu’il jouait contre des plots. Il avait un pied gauche exceptionnel. »
Si Mbappé a pris tout le monde de vitesse en devenant buteur en finale du Mondial, chouchou de Pelé, star du PSG et prétendant au Ballon d’Or, Ikoné a mis un peu plus de temps à percer. Mais dans son club d’enfance, personne ne s’étonne de sa réussite actuelle. « Il a fait beaucoup de sacrifices. Il s’est éloigné des mauvaises personnes et surtout, il a beaucoup travaillé, explique son pote Luigi. Après les matchs, dès fois on gagnait 6-0, il restait faire un décrassage. Il a énormément bossé dès son plus jeune âge. »
La relève de Bondy
Une trajectoire qui fait rêver tous les petits de la ville. D’autant qu’un autre Bondynois est en train de se faire un nom au plus haut niveau: William Saliba. Déjà recruté par Arsenal, qui l’a prêté cette saison à Saint-Etienne, le défenseur de 18 ans est promis à un très grand avenir. De quoi inspirer les enfants qui passent aujourd’hui par les mêmes vestiaires.
A commencer par Noam Coureux. L’ailier de 15 ans, qui vient d’entrer en seconde, est le plus doué de la nouvelle promo. Alors forcément, il regarde avec envie les carrières d’Ikoné et Mbappé. « Ça m’inspire de les voir, glisse-t-il avec un sourire timide, après une victoire 6-1 contre Meaux durant laquelle il a réussi un triplé. Mon rêve aussi c’est d’être professionnel, depuis tout petit. Grâce à Ikoné et Mbappé, beaucoup de recruteurs viennent nous voir, donc merci à eux! »
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