Le conflit entre Mediapro, actuel diffuseur des championnats professionnels français de Ligue 1 et Ligue 2, et la Ligue de football professionnel (LFP) est toujours en cours. Ce samedi, en théorie, le groupe espagnol devait verser une nouvelle traite des droits télévisés à l’instance et, par extension, aux clubs. Mais la conciliation entre la LFP et Mediapro patine, et une solution n’a toujours pas été trouvée. Une situation qui pourrait impacter les joueurs à terme.

Au point de voir des clubs ne plus être en mesure prochainement d’assurer la prise en charge des salaires? Cette possibilité existe et il s’agit « d’une réelle inquiétude qui grandit », comme le confie Philippe Piat, vice-président de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP, le syndicat des joueurs en France), ce samedi à RMC Sport.

« Quand on a eu des soucis lors de la dernière saison, il y avait déjà eu des inquiétudes. Mais au fur et à mesure que le temps passait, on avait des solutions qui étaient mises en place, rappelle Piat. D’abord un accord sur la baisse des salaires des joueurs. Puis par un prêt garanti par l’état (PGE) à la Ligue pour redistribuer aux clubs. Et il y avait eu aussi les déclarations un peu pompeuses de Mediapro, qui laissaient entendre que le groupe pouvait reprendre les droits si Canal+ et Bein Sports jetaient l’éponge. Cela avait rassuré ceux qui voulaient l’être. Aujourd’hui, la situation a empiré, ça devient inquiétant pour les joueurs mais aussi le système, les clubs et ceux qui gravitent autour du football professionnel. ».

« Ça nous dépasse »

Capitaine de Nîmes, Anthony Briançon partage aussi ce sentiment d’inquiétude face « à une situation préoccupante ». « Malheureusement ça nous dépasse, nous les joueurs. On suit le bras de fer de loin, à travers la presse, note Briançon pour RMC Sport. Il y a toujours ce point d’interrogation autour des droits télévisés. On a la chance d’avoir un président sain, qui a une très bonne gestion du club, il nous rassure là-dessus. Il faut laisser faire les personnes concernées. »

Malgré l’absence de paiement de la dernière traite début octobre, Mediapro a continué de diffuser les rencontres. Les problèmes avec ce diffuseur s’ajoutent à ceux liés à la situation sanitaire en cours, avec de nombreux huis clos qui plombent aussi l’économie des équipes. Avec cette nouvelle traite des droits télévisés non réglée en ce début décembre, les clubs vont devoir rapidement trouver des solutions.

L’une des plus évidentes sur le papier: baisser les salaires des joueurs. « Pendant le premier confinement, nous avions dit que nous étions prêts à faire un effort financier s’il fallait le faire, rappelle encore Briançon. Aujourd’hui, on ne nous l’a pas demandé mais à terme, ça pourrait arriver. S’il fallait le faire, on le ferait. Il y a des personnes en France aujourd’hui qui sont plus en difficulté que nous. Cela reste du football, il faut tout remettre en question, même si ça reste notre métier. »

« Il ne faut pas non plus que les clubs puissent bénéficier de belles sommes de transferts en lien avec des salaires qu’ils ne paient plus »

Si l’optimiste n’est guère de mise, pour l’heure, aucun club n’est arrivé à de telles situations depuis la reprise de la saison. « A l’heure actuelle, ça ne semble pas le cas, mais on peut imaginer que le problème arrive rapidement, confie Philippe Piat. Je ne parle pas que des joueurs bien-payés… Ils ont une famille, des emprunts, des remboursements, un train de vie… Cela va très rapidement arriver si un accord n’est pas trouvé. L’objectif n’est pas de remonter les joueurs, ni de mettre de l’huile sur le feu. En ce moment, on compte les points et nous sommes prêts pour trouver des formules. Souvent, la variable est de baisser les salaires mais ce n’est pas une fin en soi. Quand des joueurs ont un salaire intéressant, souvent, c’est pour permettre aux clubs de bien les vendre derrière. Mais il faut un lien entre le contrat et le trading joueurs. Cette question nous intéresse. Il ne faut pas non plus que les clubs puissent bénéficier de belles sommes de transferts en lien avec des salaires qu’ils ne paient plus. »

Ferracci craint des « dégâts » sur les emplois dans les clubs

Président du Paric FC, actuel deuxième de Ligue 2, Pierre Ferracci confirme « qu’il y aura des dégâts ». « Il y aura forcément des économies de charges à prévoir, et ça peut bien sûr concerner des emplois dans les clubs. Il est clair que tous les clubs devront faire des efforts pour faire face à cette situation, prévient le dirigeant parisien. La difficulté étant que les engagements ont été pris et confirmés par Mediapro. Les clubs sont pris à contre-pied, et auraient pu anticiper avec une meilleure gestion. Il y a une grosse défaillance qui n’est pas acceptable. La précédente direction de la LFP a mis les clubs dans une situation extrêmement périlleuse. Chacun devra faire face à ses propres difficultés. »

Si la masse salariale pèse lourd dans le budget des clubs, d’autant plus en cette période difficile, Pierre Ferracci estime que « les joueurs sont conscients » que les clubs traversent « une situation difficile ».

Si le contrat avec Mediapro court initialement jusqu’en 2024, l’idée de la Ligue serait, selon nos informations, que Canal + puisse récupérer les droits sur cette période en versant une somme annuelle fixe et garantie (environ 500 millions d’euros), avec une part variable en fonction des abonnés et de l’audience correspondant aux principaux lots de Mediapro. Mais les clubs devront certainement se préparer à une baisse substantielle des droits télévisés, de l’ordre d’un tiers en moins sur le contrat initial. Un scénario qui permettrait au moins, aux principaux acteurs à commencer par les joueurs, de pouvoir se focaliser à nouveau pleinement sur le rectangle vert et les résultats sportifs.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/droits-tv-ligue-1-salaires-emplois-les-craintes-des-joueurs-face-au-conflit-mediapro-lfp-2014782.html

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.