C’est un temps que les supporters de Sochaux regardent avec amour et nostalgie. La finale de la Coupe du monde entre la France et la Croatie, dimanche (17h), les replongera certainement en 2006 quand le FCSM, encore aux mains de Peugeot et encore en L1, hébergeait Ivan Perisic (71 sélections). Si sa cuisse le permet, l’ailier gauche sera sur le terrain face aux Bleus sur la pelouse du stade Loujniki. Et si sa sélection en est là, c’est en grande partie grâce à lui puisque c’est lui qui a offert la prolongation face à l’Angleterre en s’arrachant devant Kyle Walker pour reprendre un centre de Sime Vrsjaljko. La suite est connue: Mario Mandzukic a marqué sur une passe décisive de Perisic et qualifié son équipe pour la finale.
Un aboutissement qui ne paraissait pas évident pour Perisic douze ans plus tôt, dans le Doubs. « On l’avait pris à l’essai quinze jours en juillet 2006, se souvient Eric Hély, directeur du Centre de formation du FC Sochaux, en charge de l’équipe U19 puis de la réserve lors du passage du Croate. A l’issue d’un match amical avec nous, Alain Perrin (l’entraîneur, ndlr) me demande mon avis: je lui ai simplement répondu que dans son année de naissance (1989), nous n’avions pas de meilleur joueur. » Le club avait fait signer le joueur, qui avait rejoint Montbéliard accompagné de sa mère et sa soeur.
Hély : « Il jouait un peu avec l’autorité »
« C’était un garçon bien éduqué, poursuit Hély. Comme tous les talentueux, il jouait un peu avec l’autorité. » Que ce soit avec les professionnels, avec lesquels il s’entrainait, ou avec la réserve et les U19 en Coupe Gambardella. « Il tentait souvent de mettre des petites socquettes à l’entraînement, alors qu’il savait que l’on exigeait les chaussettes hautes », illustre le formateur.
En concurrence avec Boudebouz et Martin
Ses premiers pas en France marquent le caractère bien trempé de Perisic. « C’était déjà quelqu’un de droit et têtu, raconte Fatmire Avdulahi, la femme de Faik, dirigeant du club et ami du Croate, qu’il a guidé. Quand il voulait quelque chose, il savait toujours comment y arriver… Aujourd’hui, je suis fière de lui car même si sa carrière a décollé, il ne nous a jamais laissé tomber. A Sochaux, il était un peu nerveux. Il savait qu’il avait du talent, mais le club n’a pas su l’exploiter. » Pressé et barré par deux autres pépites du club (Marvin Martin et Ryad Boudebouz), le milieu de terrain a quitté le club deux ans et demi après son arrivée, sans avoir disputé la moindre minute avec les professionnels.
« C’était un garçon pressé et, à un moment donné, il n’a plus voulu attendre que sa chance se présente, raconte Hély. C’est dommage ! Techniquement et physiquement, il avait un potentiel incroyable. Ivan, il avait déjà clairement un truc. » En janvier 2009, il prend la direction de la Belgique et du KSV Roulvers, pour un prêt de six mois avant d’être définitivement transféré au FC Bruges contre 250.000 euros en août 2009.
« Il manquait d’un brin d’explosivité pour évoluer sur le côté »
C’est là qu’il a explosé en terminant meilleur joueur et buteur du championnat de Belgique deux ans plus tard. La porte d’entrée dans le grand monde avec des expériences en Allemagne (Dortmund, Wolfsburg), puis à l’Inter de Milan où il évolue actuellement. « Dire que je l’imaginais finaliste un jour d’un Mondial, ce serait prétentieux, reconnaît Eric Hély. Pour être honnête, je le voyais faire carrière dans un rôle plus axial en relayeur, avec son gros volume de jeu. Nous étions beaucoup à penser qu’il manquait d’un brin d’explosivité pour évoluer sur le côté. » Il prouve largement le contraire depuis son couloir gauche lors de ce Mondial. S’il est apte, il pourrait faire parcourir des sueurs froides dans le dos de Benjamin Pavard et de la défense française.
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