Vainqueur de la Coupe de France à quatre reprises, Auxerre était tombé (2-1) le 7 décembre dernier au 8e tour face à Hombourg-Haut, équipe de Régional 3, soit la huitième division française. Devant les spectateurs du Stade de la Blies, enceinte prêtée pour l’occasion par le ville de Sarreguemines, les hommes de Thierry Steimetz réalisaient l’exploit, obligeant le club bourguignon par la suite à s’excuser pour ce « résultat honteux ». 

Le tirage au sort a été plus clément pour Hombourg-Haut en 32es de finale, malgré l’entrée en lice des clubs de Ligue 1. Cette fois, le petit Poucet de la compétition tentera de se qualifier ce dimanche (17h15) face à Prix-les-Mézières, formation de National 3. « On a su créer une cohésion hors du commun, on se prépare à écrire l’histoire, à intégrer cette histoire de la Coupe de France », s’enthousiasme son nouveau président Azad Sanak, qui ambitionne d’amener son club en Régional 1. « Celui qui correspondait le mieux à ce projet, c’était Thierry Steimetz à travers son histoire personnelle, sa force. C’est un exemple de vie », admire Sanak à propos de son entraîneur, ancien joueur professionnel et nommé à la tête des « Spartiates » à l’été 2018.

Une jambe amputée en 2017 

Ancien milieu de terrain, auteur notamment de 10 apparitions en Ligue 2 avec Metz en 2011-2012, Thierry Steimetz est une source d’inspiration pour ses joueurs. « Thierry a vécu des événements tragiques et a su en faire une force extraordinaire, qui se retranscrit aujourd’hui sur le terrain avec des joueurs soudés, se félicite encore le président Azak. Aujourd’hui, ça paie. J’espère qu’on va atteindre les 16es, ça serait quelque chose qui revient de droit à Thierry ». 

Originaire de Moselle, où il entraîne aujourd’hui la SSEP Hombourg-Haut, club de cette ville de 6.000 habitants au cœur de l’ancien bassin houiller mosellan, Thierry Steimetz a dû arrêter sa carrière en 2017 à la suite de l’amputation d’une partie de sa jambe gauche, sous le genou. “Cela a été très compliqué, je ne sais pas si c’est descriptible, explique l’intéressé, victime d’une tumeur maligne. Il y a une phase où il faut accepter, qui prend plus ou moins de temps. J’ai réussi à rebondir assez rapidement. »

« J’ai fait le deuil » 

Rebondir donc en s’accrochant au football, sa passion de toujours. Thierry Steimetz est aussi, en parallèle de son parcours d’entraîneur, éducateur au club voisin de Creutzwald, sa ville d’origine, où le fils suit le parcours du paternel, crampons aux pieds. « Chaque cas est différent. J’ai fait le deuil d’une partie de ma jambe, je l’ai accepté, ne se lamente pas celui qui est passé par Lens en début de carrière, sans jamais avoir sa chance en équipe première. Je vis le football autrement, c’est tout aussi plaisant, quand il y a de la réussite bien sûr. »

La Coupe de France, Thierry Steimetz la connaît bien pour avoir été repéré par Metz au cours de cette compétition. A 28 ans, alors en CFA à Amnéville, il réalise un match de grande classe face aux Grenats, malgré la défaite, et rejoint alors le club phare de sa région. Une expérience de la « magie de la Coupe », nécessaire bien des années après pour aborder sa reconversion sur le banc. « Ma première réflexion est de transmettre ce qu’on m’a appris, revient celui que l’on surnommait le ‘Ribéry de la Lorraine’ par son gabarit et son tempérament. Je ne regrette pas grand-chose dans ma carrière de joueur si ce n’est deux ou trois coups de sang. Mais j’assume mon caractère ». 

« Je pense qu’il pourrait jouer » 

« L’objectif était d’avoir un peu de professionnalisme dans un club amateur, c’est pour ça qu’on a fait le choix d’avoir monsieur Steimetz en tant qu’éducateur principal, se réjouit le capitaine Ali Dehaba. C’est quelqu’un qui a eu un parcours de joueur remarquable. C’est sa première expérience en tant qu’entraîneur, j’ai envie de dire que c’est gagnant-gagnant ». 

Passionné, et très investi, Thierry Steimetz prépare son rendez-vous depuis plusieurs jours à l’Hôpital, club voisin, sur un terrain synthétique, faute d’une pelouse gorgée d’eau à Hombourg-Haut. « Je pense qu’il peut jouer dimanche, normalement s’il est qualifié, ça peut le faire », sourit encore Dehaba, très admiratif et prêt à faire bloc avec ses coéquipiers pour offrir une nouvelle qualification à cette ville située dans l’agglomération de Forbach.

Le héros ce dimanche s’appellera peut-être encore Hassan M’Barki. Venu de Sarreguemines (N3), l’attaquant avait inscrit tous les buts face aux équipes de Ligue 2 lors de son épopée en 2017 jusqu’en 16es de Coupe de France. Sur une pelouse qu’il connaît bien, il avait ouvert le score dès la 7e minute lors du tour précédent face à Auxerre.

En cas de nouvel exploit ce dimanche toujours au Stade de la Blies, Thierry Steimetz l’assure pourtant, ce ne serait pas « une revanche » sur le destin. « Il faut avancer, ne pas rester à la maison et se dire que c’est la fin de tout. Je suis resté positif”, lance Thierry Steimetz comme une maxime de vie. Devant près de 2.800 personnes attendus ce dimanche, l’équipe de Hombourg-Haut aura l’occasion de continuer son aventure en Coupe de France, pour pourquoi pas s’offrir un rendez-vous de prestige face à une formation de Ligue 1 en 16es de finale. 

https://rmcsport.bfmtv.com/football/coupe-de-france-le-destin-atypique-et-contrarie-de-l-entraineur-d-hombourg-haut-1834876.html

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