Il a été officiellement présenté par le Real Madrid, ce mardi. Il y a cinq ans, Rodrygo aurait pu signer à l’OM, au PSG ou dans un autre club français pour… 500.000 euros. Nicolas Pauly, agent français très bien implanté au Brésil (il travaille pour la société ARF Sports Assessoria), frappait depuis 2013 à la porte des clubs de Ligue 1 pour leur faire part de son coup de cœur pour cette pépite brésilienne, engagée par le Real Madrid pour 45 millions d’euros. « Je suis au Brésil depuis de longues années, j’ai observé des centaines de jeunes joueurs, mais je n’ai jamais vu un tel talent. Je l’ai découvert à l’âge de 10 ans et il était plus fort que Neymar au même âge. Et je pense qu’il sera meilleur que lui. » Ce discours enthousiasmant et sincère, Nicolas Pauly l’a tenu à plusieurs reprises auprès des dirigeants de clubs français, avant même que Rodrygo soit vraiment connu de tous les recruteurs européens.

Rodrygo avec Neymar, à 13 ans DR – Rodrygo avec Neymar, à 13 ans

Un talent comparable à celui de Neymar, selon ses entraineurs

Il faut dire que les vidéos des actions et buts de Rodrygo appellent très tôt à l’évidence : il y a du génie chez ce joueur vif, technique, spectaculaire, précis devant le but. L’un de ses premiers entraîneurs (qui s’appelle aussi Rodrygo et qui a la particularité d’avoir aussi vu débuter le jeune Neymar) raconte très vite qu’il n’a jamais trouvé, depuis Neymar, un jeune joueur au talent comparable voire similaire avec celui de l’attaquant du PSG. Dès l’adolescence, Rodrygo a tout d’un futur crack, donc. Mais dans chaque club de Ligue 1 où il est proposé, la même crainte surgit : celle de se lancer dans un projet trop risqué, périlleux. Et surtout celle de devoir trouver une astuce pour contourner les règlements de la Fifa concernant le transfert de mineurs.

A cette époque – au moment des contacts avec les clubs français, Rodrygo a 13 puis 14 ans – beaucoup de clubs de Ligue 1 rigolent au nez de ses représentants et ne veulent pas se lancer dans cette aventure. Les discussions iront plus loin avec le PSG et l’OM.

Rodrygo avec ses parents et l'agent Nicolas Pauly DR – Rodrygo avec ses parents et l’agent Nicolas Pauly

Une idée : que son père signe… au Paris FC ou au FC Istres !

Pour que le petit Rodrygo puisse signer en France, il faudrait qu’il arrive au pays dans le cadre d’un regroupement familial. Sinon, la Fifa frappera fort, comme elle l’a fait récemment avec certains clubs dont le FC Barcelone. Cela tombe bien, le père de Rodrygo, qui a eu son fils très jeune, est aussi… footballeur professionnel ! Un bon petit niveau de deuxième division brésilienne. Le dossier devient croustillant. Plusieurs idées sont lancées. Faire signer le papa au Paris FC ou au FC Istres, pour faciliter un transfert de l’enfant, respectivement au PSG ou à l’OM ! Si l’un des parents exerce une activité dans un rayon de 50 km, un club professionnel peut engager un joueur mineur. Certains clubs ont déjà eu recours à ces méthodes, mais ces stratagèmes ne plaisent pas trop aux dirigeants des clubs français, quand il s’agit d’un mineur.

Jean-Philippe Durand (ex-OM) : « C’est très dérangeant de parler transfert pour un enfant de 13 ans »

Jean-Philippe Durand, qui pilote alors la cellule de recrutement de l’OM, se rend régulièrement au Brésil. La première fois, il y voit jouer Rodrygo lors d’un des rares matchs où il ne brille pas. Durand est tout de même sous le charme du jeune attaquant brésilien. Mature, intelligent, bien éduqué. Il récitait, tout jeune et tous les jours, quelques grands principes affichés sur le porte de sa chambre d’enfant : politesse, respect, don de soi. « J’avais rencontré ses parents et le jeune Rodrygo », confirme Jean-Philippe Durand, joint par RMC Sport. « Niveau football, il sortait du lot, c’est évident. Il était fin, très technique, magnifique manieur de ballon, il marquait beaucoup aussi. Mais c’est très dérangeant de parler transfert pour un enfant de 13 ans. Je ne suis pas surpris que, comme l’OM, les clubs français ne soient pas allés plus loin. » Les agents de Rodrygo montent pourtant un dossier pour la directrice financière de l’OM. Quelques rendez-vous ont lieu avec des dirigeants du PSG. Mais à force de tarder, la concurrence et les contacts s’intensifient. En Espagne, au Portugal et en Italie, Rodrygo est convoité.

Nicolas Pauly, agent français au Brésil : « Tant pis, je leur avais dit »

« Il est rapidement devenu inaccessible pour des clubs comme l’OM », reconnait Jean-Philippe Durand. « C’est comme ça. Faire signer son père à Istres ou à Arles pour pouvoir intégrer Rodrygo à l’OM avec une licence amateur, ce n’était pas illégal. Mais, dans l’esprit, c’est limite. En France, les clubs sont réticents, et il faut le comprendre, c’est tout à leur honneur », avoue, sans regret, l’ancien patron de la cellule de recrutement de l’OM. Santos, où évoluait Rodrygo, attendait pendant ce temps-là que son petit joyau ait 16 ans, l’âge minimum pour lui faire signer un contrat professionnel. Et y inclure la clause de cession qui va avec : 45 millions d’euros pour Rodrygo.

« Tant pis, je leur avais dit. Les clubs français sont trop frileux. S’il avait signé en France, nous aurions aussi été capables de lui proposer une structure pour qu’il s’épanouisse et soit heureux. D’ailleurs, son père jouait en Division 2 dans un club du nord du Brésil. Et du coup, le petit Rodrygo ne vivait qu’avec sa maman et voyait rarement son papa. En France, ils auraient été réunis », lâche un peu désabusé Nicolas Pauly, qui a gardé de très bonnes relations avec la famille de Rodrygo, au point de lui rendre bientôt visite à Madrid.

Ce mardi, Rodrygo vient d’être présenté au stade Santiago Bernabeu. Les clubs français, à part peut-être le PSG, ne pourront plus jamais se l’offrir.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/comment-rodrygo-la-pepite-engagee-par-le-real-a-echappe-a-l-om-et-au-psg-1715036.html

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