Sa photo avec le président truc Recep Tayyip Erdogan en mai dernier à Londres était mal passée en Allemagne, perçue comme un soutien politique à un chef d’Etat aux dérives autoritaristes. Mais elle est venue ponctuer plusieurs saisons de performances décevantes de la part de celui qui avait tant brillé lors de la victoire de l’Allemagne au Mondial 2014. Après la Coupe du monde 2018 ratée de la Mannschaft, éliminée dès les poules, Mesut Özil a annoncé ce dimanche qu’il ne jouerait plus avec l’Allemagne. « C’est le coeur lourd et après mûre réflexion suite aux événements récents que je renonce désormais à jouer pour l’Allemagne tant que j’aurais ce sentiment de racisme et de manque de respect. »
Attaqué à cause de ses « racines »?
Dans un long communiqué en trois parties publié sur les réseaux sociaux, le meneur de jeu d’Arsenal a d’abord justifié cette fameuse photo polémique, assurant qu’elle n’avait rien à voir avec une prise de position politique mais plutôt avec une marque de respect pour le dirigeant du pays d’où sa famille est originaire. L’ancien joueur du Real Madrid a de ce fait critiqué violemment le traitement de cette affaire par la presse allemande.
« Certains journaux allemands utilisent cette photo avec le président Erdogan et mon background pour leur propagande et leur cause politique. Sinon pourquoi auraient-ils utilisé des images et gros titres avec mon nom en guise d’explication à l’élimination en Russie?, interroge-t-il. Ils n’ont pas critiqué mes performances, ils n’ont pas critiqué les performances de l’équipe, ils ont juste critiqué mes racines turques et mon éducation. Cela franchit une ligne qui ne devrait jamais être franchie, quand les journaux tentent de retourner la nation allemande contre moi. »
La Fédération ne l’a pas protégé selon lui
Les médias ne sont pas les seuls à avoir essuyé quelques tirs de la part de Mesut Özil. La Fédération (DFB) en a pris pour son grade… d’abord indirectement. « J’ai été abandonné par un autre sponsor. C’est aussi un sponsor de la DFB, explique le joueur, laissant entendre un possible lien de cause à effet. On m’avait demandé de prendre part à des vidéos promotionnelles pour le Mondial. Après ma photo avec le président Erdogan, ils m’ont retiré de la campagne (…).
C’est ironique parce qu’un ministre allemand a déclaré que leurs produits avaient des composantes illégales qui mettaient en danger leurs clients. Pendant que j’étais critiqué et sommé de m’expliquer auprès de la Fédération, aucun officiel n’a demandé des explications concernant ce sponsor de la Fédération. Ai-je le droit de penser que c’est pourtant pire que de faire une photo avec le président du pays de ma famille ? Qu’a à dire la Fédération à ce sujet ? »
Surtout, dans un troisième communiqué publié cinq heures après ses deux premières salves, le milieu de terrain a révélé au public la raison principale de son coup de gueule. Affecté par le « racisme » dont il ferait l’objet au sein même de la DFB, Özil a préféré jeter l’éponge. « Je ne serai plus le bouc émissaire du président Reinhard Grindel à cause de son incompétence et de son incapacité à faire son job correctement. Je sais qu’il ne voulait plus de moi dans l’équipe après la polémique liée à la photo. Mais Joachim Löw et Oliver Bierhoff ont plaidé en ma faveur. (…) Je ne suis toujours pas accepté dans cette société. Je suis traité différemment des autres. Est-ce parce que je suis Turc? Est-ce parce que je suis musulman? » Heurté par ces propos, reste désormais au Gunner son titre de champion du monde comme seul souvenir indélébile.
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