Il y a l’école des Jean-Michel Aulas ou des Waldemar Kita, celle des présidents-communicants prompts à se présenter devant les micros, pour défendre les intérêts de leur club ou tacler les concurrents. Et puis à Toulouse, il y a Olivier Sadran. Le patron du TFC, aux commandes depuis 2001, vivra dimanche soir face au PSG son 600e match de Ligue 1. Une longévité qui devrait théoriquement faire de lui un personnage principal du championnat de France… sauf que personne, ou presque, ne le connait vraiment.

Olivier Sadran n’accorde que très peu d’interviews, donne au maximum une conférence de presse par an, n’entretient pas de relations avec les supporters… En clair, le président du Toulouse Football Club brille par son absence, et ce depuis des années. Celui qui a sauvé le club de la faillite, qui l’a repris et l’a amené du National au tour préliminaire de la Ligue des Champions (en 2007), a toujours cultivé cette différence avec ses homologues friands de projecteurs.

Réputé difficile en affaires, il l’est aussi quand vous cherchez à le contacter. Les suiveurs du club haut-garonnais le savent: quand vous arrivez à le joindre, il faut être concis et persuasif pour que la discussion ne dure pas moins de dix secondes.

Un homme d’affaires très pris par ses activités

Il faut dire qu’Olivier Sadran, à 49 ans, est un homme pressé et occupé. Le TFC n’est pas son centre d’intérêt majeur, professionnellement parlant. PDG de Newrest, entreprise spécialisée dans le catering (de la restauration) aérien, ferroviaire ou sur des chantiers XXL, il est présent via sa société dans 55 pays et emploie 33.000 personnes à travers le monde, tout en gardant le siège social à Toulouse. Souvent en déplacement en Amérique du Sud, en Asie ou dans les pays arabes, il consacre l’essentiel de son temps à sa boîte, dont le chiffre d’affaires atteignait, en 2018, 1,3 milliard d’euros, selon Challenge.

Ce même magazine plaçait d’ailleurs Olivier Sadran au 252e rang des fortunes de France avec 360 millions d’euros. De l’argent qu’il a également investi dans un golf à Albi ou plus récemment dans un domaine de huit hectares sur la commune de Gauré, au nord-est de Toulouse, où il a bâti une grande écurie. Bref, de quoi l’occuper et faire, au fur et à mesure des années, de son TFC une passion moins vive, d’autant que les résultats des dernières saisons (18e, 13e, 17e, 17e) sont plus que médiocres.

« Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de communication qu’il n’y a pas d’action »

Quoi qu’en disent ses proches, Olivier Sadran s’est éloigné du club, en plaçant notamment Jean-François Soucasse au poste de président délégué. « Son amour pour le club est intact, martèle ce dernier. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de communication qu’il n’y a pas d’action. Il n’y a pas besoin de se répandre dans la presse ou à la radio pour donner votre point de vue à votre entraîneur ou votre staff. La parole d’Olivier a toujours été écoutée et respectée. Je vous mets au défi de rencontrer un dirigeant de club qui dira qu’on n’a pas été pros ou cordiaux. »

Il est vrai qu’il arrive encore au président de rendre visite aux joueurs à l’entraînement (assez tôt, avant l’arrivée des fans), qu’il ne rate jamais un match au Stadium, et qu’il n’est pas avare de quelques « coups de gueule » dans les vestiaires. « Je le trouve assez présent par rapport à mon expérience à Bastia, estime même le milieu Yannick Cahuzac. C’est un bon président et à mes yeux une belle personne. » Il n’empêche qu’en public, Olivier Sadran est plus discret que jamais, aussi bien dans ses relations avec les médias qu’avec les Ultras. Et c’est ce qu’on lui reproche… La France du football ne parle pas, ou alors très peu, du TFC. Et son silence n’aide pas à le mettre en lumière.

Un silence préoccupant ?

Les supporters déplorent le fait de ne jamais pouvoir le voir ou échanger. La fracture est de plus en plus marquée. « Il a sauvé le club il y a vingt ans, il l’a porté jusqu’à la Coupe d’Europe, mais depuis dix ans il est fantomatique, voire énigmatique, estime Alex, capo des Indians Tolosa. Il a mis de la distance, mais maintenant il faut qu’il s’exprime devant ceux qui suivent le club au quotidien. On se sent abandonné… »

Outre ce problème de communication, les fans reprochent aussi à Olivier Sadran d’avoir conservé la même garde rapprochée depuis des années, en dépit des mauvais résultats: un noyau composé de Jean-François Soucasse, Dominique Arribagé, Ali Rachedi, rejoints à nouveau par l’entraîneur Alain Casanova, ce qui a provoqué l’ire d’une frange des suiveurs du TFC.

L’exemple du prix des billets pour la venue du PSG illustre aussi les incompréhensions. Le club a mis en vente des places qui vont de 70 euros en virages pour les « moins chères », à 120 euros en balcon. Les Indians, pour protester contre ces tarifs et de manière solidaire avec les autres spectateurs, ont décidé de boycotter le match de dimanche. D’ailleurs, seulement 24.000 billets auraient été vendus pour cette rencontre. Mais le problème des Ultras comme les Indians (250 membres environ) est peut-être qu’ils ne pèsent pas assez aux yeux du président pour lui mettre la pression…

Ces critiques et ces incompréhensions ne doivent pas non plus masquer de vraies réussites: le TFC est très bien géré depuis des années, enchaînant 16 saisons de suite en Ligue 1 jusqu’ici (un record pour le club), et le club est capable de faire face à un déficit structurel annuel permanent de l’ordre de 8 à 9 millions d’euros, du fait de la faible billetterie et de l’insuffisance du merchandising.

Toulouse a aussi su mettre en place un centre de formation classé dernièrement 11e au niveau européen, ce qui a permis la pérennité du club à travers la vente de nombreux joueurs comme Capoue, Sissoko, Ben Yedder, ou Diop dernièrement (25 millions d’euros à West Ham). Les transferts des Gignac, Congré, Aurier, Abdennour, au fur et à mesure des années, ont aussi démontré un savoir-faire de la part du président. Mais forcément, Olivier Sadran ne s’en est pas vanté…

https://rmcsport.bfmtv.com/football/toulouse-psg-600e-match-pour-sadran-grand-patron-et-president-toujours-aussi-mysterieux-1662751.html

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