Impossible encore de dire s’il sera payant, mais au moins, c’est un choix. Net, clair. Après plusieurs saisons à tâtonner au poste de gardien de but, à alterner un coup entre Alphonse Areola et Kevin Trapp, un autre entre Areola et Gianluigi Buffon, le PSG a décidé cet été de faire le ménage dans son effectif et de se séparer des trois hommes précédemment cités pour confier les gants à un seul joueur: Keylor Navas.
Arrivé en provenance du Real Madrid, que le PSG reçoit ce mercredi soir pour la première journée de la phase de poules de la Ligue des champions (en direct à 21h sur RMC Sport 1), le portier costaricien de 32 ans est attendu comme l’un des éléments devant permettre à Paris de franchir un cap cette année. Et quand on dit franchir un cap, ce n’est pas réaliser le triplé championnat-Coupe de France-Coupe de la Ligue ou terminer en tête de la Ligue 1 avec encore plus d’avance que d’ordinaire. Si Keylor Navas a atterri à Paris, c’est avant tout pour aider le club de la capitale à conquérir la Coupe aux grandes oreilles.
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Il faut dire qu’en la matière, le natif de San Isidro de El General a de la bouteille: sous les ordres de Zidane, Navas a remporté trois fois de suite la C1, en 2016, 2017 et 2018. Mais quel impact a-t-il vraiment eu dans ce triplé? Le Costaricien a-t-il joué un rôle majeur dans les triomphes madrilènes ou a-t-il « seulement » été le portier de la meilleure équipe au monde?
Stable, mais pas forcément décisif selon les observateurs
D’un point de vue statistique, Keylor Navas en Ligue des champions avec le Real (2014-2019), c’est 39 matches disputés, 35 buts encaissés, et 15 clean-sheets. Soit 0,90 but concédé par sortie européenne, une moyenne plutôt faible. D’un point de vue visuel, c’est un portier perçu comme régulier en Coupe d’Europe. « Il a un style sobre, et une grosse confiance en lui, observe Fred Hermel, correspondant pour RMC Sport à Madrid. C’est un gardien qui rassure. Ce n’est pas le plus spectaculaire du circuit, mais assurément l’un des plus fiables. Avec lui, les défenseurs ne sont pas inquiets. » José David Palacio, journaliste à la Cadena SER, confirme: « Il a su apporter beaucoup de sécurité à une défense qui n’était pas la meilleure d’Europe », estime cet observateur avisé des Merengue.
AFP – Navas face à la Juventus en 2017
Régulier, stable, d’accord. Mais Navas a-t-il été décisif pour autant? C’est là que les avis divergent. « Keylor est un grand gardien mais il ne sera jamais parmi le top mondial, malgré tout ce qu’il a gagné avec le Real Madrid, poursuit Palacio. Ce n’est pas un gardien qui va sortir des performances incroyables, ce n’est pas non plus un portier dont on va retenir un arrêt clé dans un moment décisif d’un match. En clair, il a aidé le Real à gagner des titres, mais à aucun moment il n’a été le facteur X. »
« Ce n’est pas un Galactique. On ne retient pas d’énormes parades de ses trois épopées en Ligue des champions », tente de résumer Fred Hermel, qui se remémore tout de même un arrêt décisif de Navas face à la Juventus (4-1) au début de la finale 2017, lorsque le tableau des scores affichait 0-0.
Pour les supporters, un bon souvenir
Pourtant, Thomas, supporter inconditionnel du Real et fondateur avec son ami Julien du site real-france.fr (l’une des plus grosses communautés de fans merengue), retient lui bien plus de parades de la part du Costaricien. Et livre une analyse différente. « Il a été quasiment impérial à chaque match, assure-t-il. Il a grandement contribué aux trois sacres. C’est vraiment un gardien clutch, qui répond présent dans les grands rendez-vous. Je me souviens de la demi-finale contre le Bayern Munich en 2018, où il est absolument énorme. »
Le supporter ne précise pas qu’avant de briller, Navas s’était couché à l’aller (victoire 2-1) de manière inexplicable sur l’ouverture du score de Kimmich, ce qui lui avait valu quelques moqueries sur les réseaux sociaux. Mais il est vrai que durant cette campagne 2017-2018, sa dernière comme titulaire au sein de la Maison Blanche, le portier avait été globalement efficace. Il avait même été élu meilleur gardien de la saison en Ligue des champions devant Alisson Becker (Liverpool) et Gianluigi Buffon (Juventus). Sur YouTube, des compilations permettent ainsi de revoir quelques arrêts de classe, notamment une belle horizontale sur un coup franc de Mandzukic face à la Juve en quart.
Icon – Navas face au Bayern en 2018
« Il a un mental au-dessus de la moyenne. Quand il fait une bourde, il ne s’effondre pas, ne baisse pas la tête »
Si ce côté décisif (ou non) ne fait pas l’unanimité, une qualité de Navas est en revanche mise en avant par tous les interlocuteurs: son caractère. « Au Real, il a été pas mal critiqué, notamment en championnat, note Thomas. A un moment donné, beaucoup de supporters voulaient le voir partir parce qu’il n’était pas bon et enchaînait les boulettes en Liga. Mais en Ligue des champions, il a toujours été performant. Il a marqué les esprits parce qu’il a toujours été bon dans les grands rendez-vous européens. Mentalement, il est très fort et ne doute jamais, même s’il commet une petite erreur. » Ce que pense aussi Fred Hermel. « Keylor Navas s’est imposé grâce à son mental au-dessus de la moyenne, analyse notre spécialiste maison. Quand il fait une bourde, il ne s’effondre pas et ne baisse pas la tête, il reste dans son match. »
Cela n’a pas empêché le Real Madrid de le laisser filer cet été, malgré l’affection que lui porte Zinedine Zidane. « Les supporters n’étaient pas heureux de le voir partir, mais en même temps l’arrivée de Courtois lui avait fermé la porte », rappelle José David Palacio. Qui, même s’il ne place pas Navas parmi le gratin, le voit apporter quelque chose au PSG sur la scène continentale. « Il peut permettre à Paris de trouver une stabilité dans les buts, ce qui lui faisait défaut ces dernières saisons avec Buffon, Areola ou Trapp qui tournaient. En ce sens, il est un gardien d’un niveau supérieur, avec une grande expérience, conclut-il. Donc il peut permettre à Paris de franchir un cap. » Ne reste plus qu’à le prouver avec, en guise d’entrée, un choc contre ses anciens équipiers.
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