L’impression dégagée peut être est celle d’une fourmilière en pleine effervescence. Face à l’Atalanta Bergame, le PSG défiera un collectif de type invasif en quart de finale de la Ligue des champions, le 12 août prochain à Lisbonne (21h, à suivre en direct sur RMC Sport 1). La patte de Gian Piero Gasperini, l’entraîneur, qui encourage tous les secteurs de jeu à participer aux phases offensives. De la même manière, les attaquants sont aussi les premiers défenseurs dans le système du contre-pressing agressif dès la perte du ballon. Alors, la Dea a hérité de l’étiquette d’une équipe qui court plus que la moyenne. Ce qui est exagéré.
L’Atalanta n’est pas l’équipe qui court le plus
D’un point de vue statistique, l’Atalanta n’a pas parcouru la plus longue distance depuis le début de la Ligue des champions parmi les quatre représentants déjà qualifiés pour les quarts. L’Atlético de Madrid est largement en tête (942,8 kilomètres parcourus) devant le RB Leipzig (917,5), l’Atalanta (882) et le PSG (843,2). L’idée de joueurs « marathoniens » agace le club, notamment lorsqu’elle fait naître des sous-entendus sur cette forme.
Zdenek Zeman, technicien tchéco-italien à la longue carrière dans la Botte, s’est aventuré sur ce terrain glissant. « Actuellement, l’Atalanta court encore beaucoup, curieusement, étant donné que le club vient de Bergame où il y a eu plus de problèmes qu’ailleurs », a-t-il confié après une victoire de Bergame face à la Lazio (3-2), en faisant référence à la crise du coronavirus qui a particulièrement touché la ville lombarde. « Pourquoi dites-vous que « bizarrement » l’équipe Gasperini court beaucoup? », l’a relancé le journaliste. « Parce qu’avec les problèmes à Bergame, je pensais qu’ils n’avaient pas eu beaucoup de temps pour se préparer et travailler. »
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Piqué au vif, le directeur général de l’Atalanta, Umberto Marino, a, là encore, répliqué par des faits. « Un ancien entraîneur comme Zeman a la possibilité de se documenter et de voir que – ce sont les chiffres qui le disent – la Lazio, en plus d’avoir joué un bon match, a parcouru plus de kilomètres que l’Atalanta. »
L’impression visuelle reste pourtant tenace chez les observateurs. « C’est une équipe qui court énormément et met une grosse intensité dans son jeu, a récemment analysé Ousmane Dabo, ancien joueur du club, dans Le Parisien. Les joueurs sont parfois six dans la surface adverse, et jouent une forme de football total. » Adrien Tameze, actuellement au club, abonde: « C’est vrai qu’on met une grosse pression sur l’adversaire. On essaie de récupérer le ballon le plus haut possible, y compris dans l’autre camp, pour essayer d’arriver le plus rapidement vers le but. »
Icardi: « Une équipe très physique qui vous asphyxie »
L’image de fourmis au travail repose principalement sur cette pression constante tirée du schéma ultra évolutif du 3-4-3 de Gasperini où chaque joueur est invité à dépasser sa fonction. Le défenseur central Rafael Toloi l’illustre bien avec sept passes décisives cette saison. L’arrière gauche Robin Gosens approche, lui, du double-double avec 10 buts et 8 passes toutes compétitions confondues. Ce goût du risque oblige donc à compenser pour éviter de trop grands déséquilibres favorables à l’adversaire. Mais aussi et surtout à se battre dès la perte du ballon. D’où cette impression de mouvements incessants.
« C’est une équipe qui vous fait courir d’un bout à l’autre du terrain, qui est très physique, très puissante, a énuméré, cette semaine dans France Football, Mauro Icardi, l’attaquant du PSG qui a pourtant marqué 7 fois en 11 matchs face à l’Atalanta avec l’Inter et Sampdoria. Leurs joueurs savent mettre en difficulté l’équipe adverse en l’agressant lorsqu’elle a le ballon. Ce sera certainement un match très intense car ils sont habitués à courir sans s’arrêter durant 90 minutes, à multiplier les allers-retours d’une surface à l’autre. Avec l’Inter, on a souvent eu du mal face à eux car c’est une équipe qui vous asphyxie et on n’est pas habitués à ce genre de jeu. »
ICON Sport – Rafael Toloi
Plus que de longues courses, c’est leur répétition et leur intensité qui marquent les esprits. Et nécessitent effectivement une grosse condition physique. A ce niveau, le club est bien pourvu avec le centre d’entrainement Bortolotti ultra-moderne et réputé comme l’un des meilleurs d’Italie. Passé par les équipes de jeunes de la Juventus, Gasperini a, lui, conservé un goût extrême du travail. De l’aveu de ceux qui l’ont connu, les entraînements sont tout sauf une partie de plaisir. Presque un supplice.
« L’athlétique pour lui, c’est la base, nous confiait Abdoulay Konko, passé sous ses ordres dans plusieurs clubs, il y a quelques mois. Il faut avoir une certaine condition. A l’entraînement, on charge les poumons pour répondre en match, moins se fatiguer et avoir une condition physique beaucoup plus élevée. Il ne faut pas oublier qu’il sort d’une école qui est la Juventus et là-bas, c’était quelque chose. »
Bangsbo, le « gourou » derrière cette incroyable énergie
Il n’a pas seulement gardé cet ADN. Il s’est aussi adjoint les services d’un ancien du service médical de la Vieille Dame, Jens Bangsbo, réputé professeur danois de physiologie, également passé dans le staff de l’équipe national danoise. Il a publié plusieurs livres sur la préparation physique, des programmes d’entraînements ou de nutrition. Il a surtout participé à développer le test Yoyo, permettant de tester l’endurance des sportifs et largement démocratisé depuis dans le sport de haut-niveau. Parmi ses autres créations, les tests de sprint spécifiques. Ce qui permet, pour schématiser, d’axer l’entraînement des joueurs selon les spécificités de leurs postes. Un travail précieux qui facilite la recherche des profils sur le mercato.
« C’est un chercheur, confiait Gasperini au sujet de Bangsbo en 2018 à la Gazzetta. Il a travaillé avec Lippi, Ancelotti, Leonardo. Il a apporté des innovations telles que le test Yoyo. Je connaissais ses livres. C’est un physiologiste qui étudie l’effort, la fatigue, la récupération. Il a des connaissances qui dépassent les miennes et celles de mon staff. Comme je l’ai dit: à tous les niveaux, tactique, de préparation, une équipe doit être dynamique, se mettre à jour et éviter l’ennui de la répétition. »
« Le coach a réussi à construire un concept qui fonctionne », a récemment déclaré Bangsbo sur la chaîne de télévision danoise, TV2, mettant en avant l’important travail de suivi du club auprès des joueurs pendant la crise du coronavirus. Cela a parfaitement fonctionné puisque l’Atalanta a repris très fort (9 victoires, 3 nuls).
« Nous travaillons simplement très dur avec les joueurs, explique encore Bangsbo. Parfois même, nous aurions même pu penser que c’était tellement copieux que nous étions à la limite de la légalité. »
C’est de cette manière que l’Atalanta signe une nouvelle saison historique avec un quart pour sa première participation en Ligue des champions et la possibilité de signer le meilleur classement de son histoire en Serie A avec un match pour la deuxième place face à l’Inter Milan, dimanche. Cette préparation physique hors norme permettra-t-elle à la Dea de lutter contre la fatigue accumulée avec l’enchaînement des 12 matchs en un mois depuis la reprise? « Evidemment, nous sommes un peu inquiets d’autant que nous avons un effectif un peu limité pour disputer autant de matchs », conclut Bangsbo. Un indice pour Paris.
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