Depuis quelque temps, le mercato donne lieu à de nombreux « échanges ». Cette facilité de langage, laissant supposer à tort que des joueurs deviennent littéralement de la monnaie, sert à évoquer une double transaction entre deux clubs. En quelques jours, la Juventus en a fait deux.

La plus médiatique a été l’arrivée du milieu de terrain brésilien Arthur Melo, en provenance du FC Barcelone pour 72 millions d’euros. Un recrutement conjugué au départ de Miralem Pjanic, qui a effectué le sens inverse pour 60 millions d’euros. Dans la foulée, la Vieille Dame a passé un accord semblable avec Manchester City. Cette fois avec deux jeunes: le Portugais Félix Correia est parti en Angleterre pour 10,5 millions d’euros, l’Espagnol Pablo Moreno est arrivé en Italie pour une somme peu ou prou équivalente.

L’année dernière, la Juventus et Manchester City avaient déjà quelque peu surpris avec les latéraux Danilo et João Cancelo. Le premier avait quitté les Skyblues pour 37 millions d’euros, le second y avait signé pour 65 millions d’euros.

La menace du fair-play financier

Autant de mouvements qui peuvent plus ou moins se justifier sportivement. D’aucuns diront que le FC Barcelone avait besoin de se rassurer dans le secteur du milieu de terrain avec un joueur plus expérimenté et que la Juventus poursuit son entreprise de rajeunissement de l’effectif, par exemple. Un argument qui ne tient pas vraiment pour le troc avec les deux jeunes inconnus, d’autant que Felix Correira n’a tout simplement jamais porté le maillot bianconero.

Les enjeux de ces échanges sont en fait éminemment économiques. Plusieurs clubs se trouvent de plus en plus en délicatesse avec leur situation financière et, par extension, avec les règles du fair-play financier. Celui-ci n’autorise, en théorie, qu’un déficit de 30 millions d’euros sur une période glissante de trois années. Cette limite semble de plus en plus difficile à respecter compte tenu de la hausse des indemnités de transfert et des salaires, en dépit de l’inflation des droits TV.

Rentrées immédiates, dépenses lissées

Les « échanges » de joueurs apparaissent alors comme la nouvelle parade des gros clubs. Cette pratique permet une astuce comptable très avantageuse dans la situation présente. Elle consiste à enregistrer immédiatement les rentrées d’argent dans les comptes, mais de lisser les indemnités à payer. Lorsqu’un footballeur est recruté pour cinq ans par un club, celui-ci peut considérer que l’indemnité sera amortie sur la durée du contrat. De façon simplifiée: pour un transfert à 100 millions d’euros, le club retranchera 20 millions d’euros chaque année. Une aubaine pour un club comme la Juventus, en proie à quelques problèmes financiers.

Cette gestion présente néanmoins des limites. Elle repousse le problème conjoncturel, coûte in fine de l’argent (à cause des primes à la signature et des commissions d’agent) et ne peut être effectuée qu’avec des joueurs dont les amortissements ont déjà été effectués. Difficile d’être gagnant sur un joueur acheté 50 millions d’euros deux ans auparavant.

Ce n’est en tout cas pas un hasard si ces transferts se concrétisent généralement dans les derniers jours de juin. C’est à la fin de ce mois que les clubs clôturent leurs comptes qui seront ensuite étudiés par l’UEFA. L’instance européenne n’y verra que du feu, ou plutôt des comptes qui ont engrangé des bénéfices soudains et ont permis de remettre (ou de consolider) dans le vert l’exercice qu’il vient de conclure.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/mercato-pourquoi-les-echanges-entre-joueurs-de-gros-clubs-ont-la-cote-1941932.html

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