En trois semaines, Benjamin Mendy a donc soulevé deux trophées. Le 15 juillet, le latéral gauche français devenait champion du monde avec l’équipe de France, après la finale victorieuse contre la Croatie (même s’il n’est pas entré en jeu). Le 5 août, il livrait un match plein pour le succès de Manchester City contre Chelsea dans le Community Shield. Le délai fut un poil plus long entre les deux sacres glanés par Ousmane Dembélé, le Mondial et la Supercoupe d’Espagne dimanche avec le Barça (quatre semaines).

Tandis que certains champions du monde ont déjà repris le chemin du terrain en club, d’autres ont bénéficié d’un peu plus de vacances, à l’instar d’un Corentin Tolisso qui vient tout juste de retrouver ses coéquipiers du Bayern et d’entamer une nouvelle préparation physique. Une différence de traitements selon les clubs et, au sein des clubs selon les joueurs, qui s’explique par différents facteurs, purement sportifs.

Une question de calendrier

La première clé de compréhension réside dans l’agenda des clubs. C’est un fait, la Premier League et la Ligue 1 ont repris ce week-end, avant la Serie A et la Liga (ce week-end), et même bien avant la Bundesliga (dans deux semaines). Entre temps, plusieurs événements se sont ajoutés: le Trophée des champions entre le Paris Saint-Germain et Monaco (4-0) le 4 août, le Community Shield entre Cityzens et Blues (2-0) le lendemain, les Supercoupes d’Allemagne et d’Espagne dimanche dernier. Autant de matches engendrant pour les clubs des réflexions autour de leurs effectifs et joueurs à disposition. Surtout lorsqu’il s’agit de mondialistes. Et par extension encore plus pour les finalistes de la compétition.

Prenons match par match. Le Trophée des champions a vu le Paris Saint-Germain ne pas convoquer Kylian Mbappé (il n’était pas non plus dans le groupe dimanche face à Caen en Ligue 1). Les mondialistes présents sur la pelouse – Angel Di Maria et Thiago Silva – avaient vu leurs sélections stoppées respectivement en huitième et quart de finale en Russie. Même chose pour les entrants Marquinhos et Neymar, ce dernier ayant en prime connu une deuxième partie de saison dernière largement amputée en raison d’une blessure. Côté monégasque, Youri Tielemans, remplaçant lors de la demi-finale perdue par la Belgique à la Coupe du monde, était titulaire.

Une reprise plus ou moins anticipée selon l’adversité

Si le PSG, compte tenu de sa marge sportive à ce moment de la saison sur un club monégasque en perpétuelle reconstruction et de la profondeur de son effectif, pouvait aisément se passer de son champion du monde Kylian Mbappé, Chelsea et Manchester City avaient moins de marge pour le Community Shield et surtout la reprise du championnat. Le cas le plus détonnant étant celui de Benjamin Mendy, titulaire lors des deux rencontres face aux Blues puis à Arsenal dimanche (2-0) et qui a donc déjà enchaîné 180 minutes en club.

Mendy AFP –

Le cas du latéral gauche français est cependant un peu particulier. Victime d’une rupture du ligament croisé du genou droit en septembre, l’ancien Monégasque n’a disputé que sept matches avec Manchester City (assez pour valider le titre de champion d’Angleterre, octroyé aux joueurs de l’effectif ayant disputé au moins cinq rencontres) et très peu joué durant le Mondial, doublé par Lucas Hernandez dans la hiérarchie. Son retour aura été gagnant, avec deux passes décisives face aux Gunners et les éloges d’un Pep Guardiola qui, s’il l’appelle à réduire sa présence sur les réseaux sociaux, lâche tout de même un « waouh, quel joueur » en conférence de presse.

MU et Chelsea ont déjà besoin de leurs Bleus

Paul Pogba et N’Golo Kanté, de retour sur les terrains ce week-end avec Manchester United (2-1 face à Leicester) et Chelsea (3-0 face à Huddersfield), ont tous les deux marqué. Leurs clubs auraient-ils pu se passer d’eux pour cette entrée en matière? La réponse est simple: non. José Mourinho s’est suffisamment plein du mercato très pauvre des Red Devils pour laisser entendre qu’il n’avait pas une profondeur de banc à son goût. Vrai taulier des Bleus durant le Mondial dont le nom a circulé (et circule encore) du côté du Barça, Paul Pogba doit assumer le même rôle au sein du club londonien. Dans un registre moins clinquant, N’Golo Kanté est un titulaire indiscutable d’un Chelsea qui entame son ère Maurizio Sarri.

Reprise également marquante pour Florian Thauvin, buteur contre Toulouse lors de la large victoire de Marseille vendredi (4-0)… seulement dix minutes après son entrée en jeu. « Je le sentais bien aujourd’hui », confiera-t-il après la rencontre. Je sentais que c’était un bon jour. » Même aspect de leader pour Hugo Lloris, qui a réussi sa rentrée avec Tottenham samedi, sur la pelouse de Newcastle (2-1). Le capitaine des Bleus et des Spurs aura sauvé les siens à deux reprises, par des arrêts de classe, à l’image de ceux qu’il aura livré avec les Bleus… jusqu’à sa bourde en finale.

Reprendre tôt, pas vraiment dangereux physiquement

Est-il dangereux de faire reprendre les joueurs aussi tôt, avec si peu de repos entre le Mondial et le début de la saison, particulièrement pour des joueurs comme Paul Pogba et N’Golo Kanté, très utilisé par Didier Deschamps et leurs entraîneurs respectifs? Pas sûr. C’est finalement une trop longue coupure qui pourrait s’avérer tueuse sur le plan physique.

« Sur l’aspect de la préparation physique, trois semaines d’arrêt c’est suffisant pour récupérer. Mais c’est surtout l’aspect nerveux qui est pris en compte avec tout le stress lié à cette compétition, estime pour RMC Sport le préparateur physique du Red Star, Randy Fondelot. Après il y a un « désentraînement ». Il y a donc une perte musculaire, même si en trois semaines, c’est très facilement rattrapable. Pour moi, ça reste un avantage. Sur le très haut niveau, couper trop longtemps n’est pas intéressant. »

Si la reprise, aussi tôt qu’elle soit, s’accompagne d’un bon travail de prévention de blessure, les risques semblent en fait très limités. « Sur un travail de préparation de cinq-six semaines, il y a tout un travail de fond à faire, poursuit Randy Fondelot. Pour eux, après deux semaines, on va cibler un travail préventif pour éviter les blessures, un travail de renforcement et essayer de retrouver le niveau de force qu’ils avaient avant la coupure. Et ensuite un travail aérobie et un travail sur les excès pendant les vacances. […] Après on ne peut pas leur demander les mêmes choses que les autres joueurs, parce qu’ils vont faire 50 matchs. Et il faut pouvoir les ménager et les alléger, en tous cas dans les prochaines semaines. Sur les entraînements par exemple, on va demander aux joueurs 90 minutes et eux seulement 70 minutes. Ce sont des joueurs avec qui il faut aller à l’essentiel. »

Un creux hivernal?

Reste qu’il y aura sans doute un creux à prévoir. Là où la reprise de la saison peut s’avérer délicate pour des joueurs ayant coupé plus longtemps – et donc par extension pour la majeure partie des effectifs, dans les différents championnats – ces joueurs pourraient ressentir un coup de moins bien en décalé. Notamment aux abords de l’hiver. D’autant plus problématique qu’en Angleterre, la trêve hivernale n’existera qu’à partir de la saison prochaine.

Il s’agit donc pour les clubs de faire un choix et de juger au cas par cas. Le Paris Saint-Germain par exemple n’aurait pas d’intérêt à faire reprendre Kylian Mbappé trop tôt, l’essentiel de sa saison se jouant plus tard, aux abords du mois de février.

Pour des clubs comme Manchester United, Tottenham ou Chelsea, il n’est pas question de perdre trop de points d’entrée en championnat. Pas question donc de se passer de cadres comme Paul Pogba, Hugo Lloris ou N’Golo Kanté. Du moins pas dans l’immédiat, pas tant que les recrues n’ont pas pris pleinement leurs repères, pas tant que les entraîneurs n’ont pas testé d’autres solutions.  

Des arbitrages au cas par cas

« Je ne peux pas m’empêcher de me dire que ces clubs paieront les conséquences cet automne du fait de remettre en action les Anglais, Belges, Français ou Croates seulement un mois après le Mondial », s’inquiétait dimanche un journaliste du Daily Telegraph sur Twiter. Du cas par cas encore une fois. En témoigne la présence de Kevin De Bruyne… sur le banc de Manchester City dimanche, et son absence lors du Community Shield, Pep Guardiola étant conscient que le maître à jouer belge, qui a beaucoup enchaîné l’an dernier (37 matches sur 38 journées de Premier League), aura un rôle primordial à jouer toute la saison, notamment sur la scène européenne. On ne peut pas tout avoir, entre prestige de compter des demi-finalistes/finalistes/vainqueurs de Coupe du monde dans son groupe et effectif entier à disposition d’entrée.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/mendy-kante-pogba-pourquoi-des-champions-du-monde-ont-deja-repris-1505728.html

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.