Un dieu du football raconté à hauteur d’homme. Telle est la promesse du documentaire « Diego Maradona », réalisé par le Britannique Asif Kapadia, qui est sorti ce mercredi en salles. Présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes, ce biopic – salué par la critique – raconte les années napolitaines de la légende argentine (1984-1991). La parole est donnée au principal intéressé, ses proches et toute sa famille. Certaines scènes, tirées de 500 heures d’images inédites issues des archives personnelles de Maradona auxquelles Asif Kapadia a eu accès, sont impressionnantes et permettent de mieux comprendre ou de se rappeler – selon votre âge – pourquoi son histoire est liée pour l’éternité à la ville de Naples. C’est dans cette cité italienne que l’emblématique numéro 10 a connu ses plus grandes joies et des excès qui ont fini par le broyer.

Maradona ICON – Maradona

Leur union s’est scellée le 5 juillet 1984 quand 75.000 Napolitains se sont déplacés au stade San Paolo pour réserver un accueil triomphal à leur nouvelle recrue, qui reste alors sur deux saisons en demi-teinte du côté du FC Barcelone. Naples, de son côté, vient boucler une saison très compliquée, avec un maintien en première division validé avec seulement un point d’avance sur la zone de relégation, et a besoin de rêver à nouveau. Dans un premier temps, Maradona permet à sa nouvelle équipe de relever la tête en accrochant une huitième place en Serie A, mais toute la ville attend beaucoup plus de son maître à jouer. La deuxième saison se révèle bien plus réussie. Le Napoli termine sur le podium, derrière la Juventus de Michel Platini et la Roma de Roberto Pruzzo.

Sacré roi à tout jamais

Devenu durant l’été champion du monde au Mexique, Maradona attaque l’exercice 1986-1987 avec encore plus d’ambition. Le championnat tourne rapidement à un duel entre Naples, la Juve et l’Inter. Il va se prolonger jusqu’au bout et se terminer en beauté pour le Napoli dont Maradona est devenu le capitaine. Lors de l’avant-dernière journée, le 10 mai 1987, grâce à un match nul obtenu contre la Fiorentina (1-1), il est sacré à jamais roi de Naples en lui offrant son premier titre de champion d’Italie. Un couronnement qui va déclencher une folie que n’a sans doute plus jamais connu la ville. Pour les supporters du Napoli, Maradona se rapproche alors plus du divin que de l’humain. Devenu un dieu vivant, il enrichit ensuite le palmarès de son club d’une Coupe de l’UEFA en 1989 et d’un deuxième titre sur la scène nationale en 1990.

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« Maradona ne sera jamais oublié, pas même par les nouvelles générations. Maradona a été le meilleur joueur de tous les temps et restera ainsi dans l’histoire, tant pour les petits fans qui grandissent que pour ceux qui sont plus âgés et qui ont eu la chance de le voir jouer. Diego pour Naples est comme San Gennaro (le saint patron de la ville). Il fut la rédemption d’une population pauvre, le héros du plus faible. Il restera toujours le dieu du football et de notre Naples », racontait il y a deux ans dans les colonnes de L’Equipe Massimo Vignati, gérant d’un musée à la gloire de Maradona, à Secondigliano, dans la banlieue napolitaine. C’est ce lien si fort qui unit les habitants de Naples au « Pibe de Oro », auteur de 115 buts en 259 matchs, que s’attache à décrire Asif Kapadia dans son documentaire. Mais celui qui a également consacré des documentaires à Ayrton Senna et Amy Winehouse n’oublie pas non plus de mettre en avant les faces plus obscures qui ont accompagné les sept saisons passées par Maradona dans la volcanique capitale de la Campanie.

Proximité avec la mafia et contrôle positif

Des années marquées par des virées nocturnes, des fréquentations douteuses, des amitiés avec la mafia locale et un contrôle positif à la cocaïne en 1991. Le voir éliminer l’Italie en demi-finales du Mondial 1990, lors d’une rencontre qui se jouait à… Naples, fut également considéré comme un affront par les supporters du Napoli. Il s’est retrouvé rejeté par une partie de ceux qui l’avaient tant adulé. « Qui est ce magicien du football? Le Sex Pistol du football international. La victime de la cocaïne qui, après avoir décroché de la drogue, ressemblait à Falstaff et était maigre comme Spaghetti. Si Andy Warhol avait été encore vivant, il aurait sans aucun doute mis Maradona dans ses sérigraphies, aux côtés de Marilyn Monroe et de Mao Tsé-toung. Je n’ai aucun doute là-dessus: s’il n’avait pas joué au football, il aurait été révolutionnaire », décrivait Emir Kusturica, qui a également produit un documentaire sur la vie de Maradona, dans des propos rapportés par le site de la Fifa en 2010.

Maradona ICON – Maradona Le principal intéressé a demandé au public de ne pas aller voir le film d’Asif Kapadia. Tout simplement parce qu’il n’a pas aimé que ce dernier intitule son film « Diego Maradona. Rebelle. Héros. Tricheur. Dieu. » « Je joue au football et je gagne ma vie derrière un ballon. Je n’ai jamais escroqué personne. S’ils veulent mettre ça pour attirer le public, je pense qu’ils font une erreur. Je n’aime pas ce titre, et si je n’aime pas le titre, je n’aimerai pas le film. Alors n’y allez pas », a-t-il lâché en mai dernier dans les colonnes du quotidien Olé. Révolutionnaire, on vous a dit. https://rmcsport.bfmtv.com/football/maradona-une-histoire-liee-pour-l-eternite-a-naples-1740804.html

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