C’est peut-être à elle que revient l’un des plus beaux gestes du match d’ouverture de la Coupe du monde remporté brillamment par l’équipe de France contre la Corée du Sud vendredi (4-0): un grand pont fabuleux sur une percée côté droit, pour parvenir à centrer. Le ballon sera finalement difficilement repoussée par la défense coréenne. Mais ce geste, dès la 8e minute, donnait le ton. 

Titulaire surprise contre la Corée

Delphine Cascarino n’aurait pas dû être sur le terrain en début de rencontre. L’attaquante de l’OL remplaçait numériquement Valérie Gauvin, privée de titularisation sur sanction disciplinaire en raison de retards à l’entraînement. Elle aura prouvé ses atouts, avec quelques gestes techniques dont elle a le secret. Un profil de dribbleuse qui n’a rien à envier à la gent masculine, et qui pourrait convaincre plus d’un sceptique du niveau de la Coupe du monde féminine.

Si certains clubs ont parfois appris le football différemment aux filles (voire ne l’ont pas appris du tout), Delphine Cascarino a fait ses gammes… avec les garçons. Et avec un autre ballon, ovale. Mais le rugby n’a pas duré. Une affaire de famille. Avec sa soeur jumelle Estelle, défenseure qui vient de signer à Bordeaux, la native de Saint-Priest accompagne son grand frère pour compléter l’équipe de football. Elles se débrouillent bien, à tel point de revenir chaque week-end. 

Une histoire de famille

« Toute la famille a vraiment été derrière nous, confiait Estelle Cascarino sur Coeurs de Foot il y a 18 mois. […] Du moment où on a décidé de faire du foot, ils sont à 300 % derrière nous. Cela aurait été pareil si on avait fait du basket ou du ping-pong. Le foot, on en a fait sans réfléchir à demain. On en a fait, et plus on aimait ça, plus ça devenait important, et on a été prises dans la spirale du football, nos parents avec, et allons-y quoi. »

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Un duo complémentaire

L’AS Saint-Priest les repère à neuf ans. Sauf que le club finit par demander à garder Delphine, sans Estelle. Impossible pour les parents. A l’âge de dix ans, les deux soeurs filent chez le rival, l’AS Manissieux. A Delphine la droitière, le feu et l’attaque, à Estelle le pied gauche, la défense et l’art du duel. « La symbiose des deux, c’est la joueuse parfaite », confiait récemment sur Eurosport leur entraîneur de l’époque, Aziz Sabba.

L’apprentissage n’est pas rose, dans une équipe de garçons qui laissent traîner les pieds. C’est sans doute là que Delphine Cascarino, née un 5 février comme Neymar ou Cristiano Ronaldo, forgera son caractère et améliorera ses dribbles et ses jambes de feu. Même si sa timidité la rattrape. 

La prochaine étape est d’envergure. Les jumelles ont 12 ans quand l’OL les repère et choisit de miser sur elles. Nous sommes en 2009. Et si le club est aujourd’hui LE mastodonte du football féminin, il fait en prime figure de pionnier à l’époque. Les deux jeunes femmes y terminent leur apprentissage. Et la progression est fulgurante pour la plus offensive du duo.

L’éclosion chez les Bleues

Convoquée en équipe de France dès moins de 16 ans en 2012, puis dans les catégories supérieures (avec des titres en Coupe du monde des moins de 17 ans en 2012 et à l’Euro 2016 chez les U19), l’attaquante honore sa première sélection chez les A en octobre 2016, contre l’Angleterre (0-0) en amical.

Il lui faudra patienter jusqu’en avril 2018 pour, sous l’égide de Corinne Diacre, connaître sa première titularisation (en amical contre le Canada). Six mois plus tard, Delphine Cascarino inscrit son premier but international, face au Brésil. En avril dernier, elle signait un doublé contre le Danemark et levait les derniers doutes. Jusqu’à figurer dans la liste de la sélectionneur pour la Coupe du monde.

Sa soeur fait un parcours plus discret

Estelle n’a pas un parcours aussi linéaire. La défenseure n’aura pas percé à l’OL, rejoignant Juvisy puis le Paris FC. Et vient de s’engager à Bordeaux. Elle ne compte qu’une sélection en équipe de France A et n’a pas été retenue pour le Mondial par Corinne Diacre

« C’est sûr que ça aurait été incroyable de faire cette compétition à deux, reconnaissait Delphine Cascarino dans Le Parisien après l’annonce. Mais ça n’a pas été trop difficile pour elle car elle n’avait pas été prise sur les derniers stages. Elle s’y attendait un petit peu. »

« Elle est vraiment très fière que j’ai été sélectionnée, assure l’attaquante de l’OL. Nous nous écrivons souvent, nous nous appelons parfois. […] C’est sûr que cela aurait été incroyable de vivre cette compétition toutes les deux, mais c’est comme ça. Elle me manque, mais nous avons déjà été séparées au niveau des clubs. Du coup, nous sommes habituées. » Estelle dit de sa soeur qu’elle est « plus forte sur le plan mental » et « plus mature ». Outre le poste, c’est sans doute ce qui aura fait la différence.

Elle ne craint pas la pression

Une différence pour un palmarès déjà impressionnant. Delphine Cascarino, ce sont déjà cinq titres de championne de France, quatre Coupes de France, quatre Ligues des champions d’affilée avec l’OL, qui truste largement les places de titulaires en sélection (sept au total contre la Corée). Et une marge de progression encore phénoménale, dans la variété de jeu comme le réalisme. 

Elle garde pourtant les pieds sur terre, et appelait à se « reconcentrer » après la réussite du match d’ouverture. « Ai-je plus de pression quand on me présente comme une révélation potentielle du Mondial? Non, je ne pense pas. Je commence à avoir l’habitude, résumait-elle dimanche. Cela fait longtemps que je fais du football à haut niveau, notamment les compétitions de jeunes en sélection et j’ai appris avec le temps à gérer la pression afin qu’elle ne m’atteigne plus. »

https://rmcsport.bfmtv.com/football/france-norvege-cascarino-la-jumelle-aux-dribbles-d-or-1710936.html

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