Difficile d’échapper au mur des « Kalons » au Roudourou. Ce mur aux couleurs de l’En Avant Guingamp réuni des milliers de plaques rouges et noires. Chacune correspond à un supporter du club. Ou plutôt à un Kalon (« cœur » en breton), le nom de ces fans un peu particuliers. On peut comparer les Kalons aux socios en Espagne. Comme dans les clubs de Liga, il s’agit d’un actionnariat populaire. L’initiative, une première en France, a été lancée en avril 2017. Pour la somme de 40 euros, on peut devenir Kalon à vie. Et des Kalons, il y en a beaucoup et partout. L’objectif initial était d’atteindre 7.000 souscriptions. Comme le nombre d’habitants à Guingamp.
Ils sont présents sur tous les continents
Aujourd’hui, les Kalons sont 15.206 ! Beaucoup sont en Bretagne, bien sûr, mais on en trouve sur les cinq continents et dans des pays aussi différents et lointains que le Japon, l’Australie, le Chili, l’Argentine, les Etats-Unis, le Mexique, le Sénégal ou le Qatar.
Mais c’est dans les Côtes d’Armor, devant le mur des Kalons, que l’histoire est en marche. « Il est très impressionnant, commente, admiratif, Arnaud Toudic, Kalon numéro 813. C’est un passage obligé. Même pour les touristes qui viennent l’été à Guingamp. C’est aussi un point de rendez-vous. » On y cherche (et c’est pas facile) les plaques des copains au milieu d’anciens joueurs comme le champion du monde 98 Stéphane Guivarc’h ou plus récemment le milieu de terrain Giannelli Imbula.
Le principal actionnaire du club
Comme les socios, les Kalons ne se contentent pas d’encourager les joueurs de Jocelyn Gourvennec. Grâce à l’explosion des souscriptions, plus de 600.000 euros ont été récoltés pour acheter des actions du club. Les Kalons sont de fait devenus, avec 6,52% des parts du club, l’actionnaire principal au conseil d’administration. Principal mais pas majoritaire puisque le club de Guingamp a la particularité d’être possédé par 148 partenaires PME locales.
Des clubs de L1 intéressés
Les Kalons participent à l’assemblée générale et donc aux votes. Ils ont également un rôle caritatif (comme une fondation) avec un budget de 100.000 euros qui leur permet de mettre en place des actions solidaires. Le concept général plait au point que d’autres clubs tels que Caen, Nantes ou Sochaux sont venus aux renseignements.
« On va donner aux joueurs un supplément d’âme »
Côté ingérence ou mise de pression, Jocelyn Gourvennec et son président Bertrand Desplat n’ont pas grand-chose à craindre. Chez les Kalons, en dépit d’une saison chaotique, on prône l’union sacrée. En pleine crise de résultats en Ligue 1, ils ont ainsi lancé l’opération « Un max soutien pour le maintien ».
« On a demandé aux Kalons d’envoyer des messages d’encouragement aux joueurs », raconte Arnaud Toudic. Le classeur dans lequel étaient réunis plus de 120 lettres, poèmes et dessins de personnes de tous âges, a été remis il y a quelques jours aux joueurs. « Voilà comment on peut se mêler du sportif, on va donner aux joueurs un supplément d’âme », explique Arnaud Toudic.
Il en faudra pour vaincre Strasbourg ce samedi soir en finale de la Coupe de la Ligue. Pour cet événement, certains Kalons ont même rallié Lille et le stade Pierre-Mauroy en tracteurs. « On espère faire la fête avec les Strasbourgeois, sourit Toudic. On a prouvé à Paris face au PSG (en quarts de finale, ndlr) que si on était tous unis, on pouvait faire des exploits. » Place aux actes.
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