C’est un étendard. Un symbole. Une vitrine. Pour son club, son pays, sa communauté. Pour tout le monde, à travers le monde. Difficile de trouver la moindre aspérité à l’heure de brosser le portrait de Mohamed Salah (27 ans). L’Egyptien, avec sa sélection, va lancer la Coupe d’Afrique des nations (21 juin-19 juillet) ce vendredi lors du match d’ouverture face au Zimbabwe (22h). Attaquant de classe mondiale, élément-star du vainqueur de la Ligue des champions, Liverpool, début juin, Mohamed Salah fascine et rassemble. Parce qu’il marque des buts, sourit à tout bout de champ, poste des photos de lui avec sa femme et sa petite fille après les matchs, et parce qu’il s’engage pour des causes mondiales.

En Une du Time pour défendre le combat pour l’égalité hommes-femmes

En avril dernier, l’Egyptien avait pris les choses en main dans le combat pour l’égalité hommes-femmes dans le monde musulman. Dans une société aussi conservatrice que la société égyptienne, cette prise de parole aurait pu brouiller l’image d’un joueur parti à 20 ans briller sur les terrains de football en Europe. Lorsqu’il s’est affiché en Une du Time, le très célèbre magazine américain, Salah a pourtant instillé un début de prise de conscience dans son pays.

« Je pense que nous devons changer la façon dont nous traitons les femmes dans notre culture. Et ce n’est pas une option. Je soutiens les femmes encore plus qu’avant, car je vois bien qu’elles méritent plus que ce qu’on leur donne actuellement », avait clamé l’attaquant de Liverpool, également passé par le FC Bâle en Suisse, Chelsea en Angleterre ou la Roma en Italie. Son aura médiatique lui confère un rôle de messager et d’inspirateur. Son parcours et sa personnalité font de lui un représentant tout à la fois des joueurs de foot, des Egyptiens et des musulmans.

A la fois très pieux et très moderne

Son combat du printemps dernier n’était pas le premier. En novembre 2017, l’attaquant phare des Pharaons, qui possèdent de grandes ambitions pour cette Coupe d’Afrique des nations à domicile, s’était engagé contre les violences et les inégalités envers les femmes en Egypte. « Parce que je suis un homme qui comprend qu’un homme et une femme ont les mêmes droits et responsabilités, j’ai décidé de soutenir la campagne ‘Parce que je suis un homme' », avait expliqué « Mo » Salah sur les réseaux sociaux, relayant une grande compagne menée par l’Organisation des Nations Unies.

Dans le même temps, sa modernité se dissout sans la moindre anicroche dans sa religiosité. Très pieux, il se prosterne après chaque but, comme dans la prière musulmane, mais n’hésite pas à s’afficher, torse nu, abdominaux saillants au soleil, sur les réseaux sociaux. Loin des pudeurs d’une société égyptienne qui a parfois eu du mal à s’affranchir des règles communautaires. Ses convictions l’ont aussi amené à hausser le ton contre l’intrusion de certains médias dans sa vie privée, comme ceux qui s’étaient amassés devant sa maison de Nagrig, en Egypte, où il était venu passer des vacances familiales. « Cela n’a rien avoir avec l’amour. On appelle cela un manque de respect de la vie privée et un manque de professionnalisme », avait-il tweeté, expliquant qu’il n’avait pas pu se rendre à la mosquée pour la prière de la fête l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du mois du ramadan.

Le Roi égyptien veut briller à domicile

Difficile de voir en Mohamed Salah autre chose qu’un modèle pour ses compatriotes. « Il devait passer environ dix heures par jour dans les transports pour suivre son entraînement quotidien », se souvient Maher Shateya, le maire de Nagrig, dans des propos rapportés par l’AFP, pour évoquer le Salah à 14 ans, lorsqu’il venait de rejoindre l’Arab Contractors Sporting Club du Caire. « J’ai fait beaucoup de sacrifices pour ma carrière. Venir d’un petit village, Nagrig, pour aller au Caire, et être un Egyptien de ce niveau, c’est incroyable pour moi », soulignait l’intéressé juste après le succès (2-0), face à Tottenham en finale de la Ligue des champions.

Arrivé blessé à la Coupe du monde en juin 2018 en Russie, Mohamed Salah vise évidemment un sacre avec sa sélection pour cette CAN à domicile. A 27 ans, auréolé d’une victoire en Ligue des champions, d’une couverture du Time Magazine au titre d’homme figurant parmi les 100 personnes les plus influentes du monde, le Roi égyptien, son surnom, peut encore franchir un cap dans son aura médiatique sportive et sociétale. Il sera chez lui, dans un pays qui avait massivement mis à un bulletin de vote à son nom lors de la dernière élection présidentielle. Devant presque 100 millions de ses compatriotes, prêts à s’enflammer pour leur guide.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/can-2019-mohamed-salah-une-icone-bien-au-dela-du-terrain-en-egypte-1716652.html

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