Publié la même semaine que le rapport Deloitte sur les 20 plus riches clubs européen et le rapport KPMG sur le bilan comptable des huit clubs champions en Europe, le rapport financier de l’UEFA affiche lui aussi des résultats économiques conséquents. En effet, pour la deuxième saison consécutive, le football européen apparait comme bénéficiaire et rentable.
Sur toute l’année civile 2018, 140 millions d’euros de profits nets ont été enregistrés. C’est moins que l’année 2017, avec 579 millions d’euros de bénéfices, mais c’est plus que toutes les autres années depuis 2009. La période la plus instable fut l’intersaison 2010-2011, avec un déficit net cumulé de 1,670 milliard d’euros.
Les succès du fair-play financier
Pile à cette période, l’UEFA a voté et appliqué le fair-play financier, contrôlant ainsi les dépenses des clubs et veillant à la solvabilité et à la rentabilité des équipes. L’instance s’en félicite d’ailleurs grandement puisqu’elle affiche, dès l’introduction du rapport, les conséquences économiques et comptables du fair-play financier.
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Depuis 2011, l’actif net cumulé des clubs est passé de moins de 2 milliards d’euros à plus de 9 milliards d’euros, les pertes ont chuté de 108% en sept ans, entre 2011 et 2018 et le chiffre d’affaires total a connu une croissance spectaculaire, dépassant la barre fatidique des 20 milliards d’euros agrégés, sur la même période.
D’après le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, « grâce à la réglementation comptable européenne, les performances financières des clubs se sont améliorées et la situation est devenue beaucoup plus confortable ». Les risques de faillites et de crise systémique, à l’origine de la création du fair-play financier, ont donc été largement écartés.
Le big-five versus le reste du monde
Néanmoins, le rapport admet une très forte dichotomie entre les 98 clubs du big-five et le reste de l’Europe. En 2018, 75% des revenus générés par le football européen professionnel étaient réalisés par des clubs anglais, espagnols, italiens, allemands et français. De plus, les estimations pour 2019 indiquent que, pour la première fois, les 30 clubs les plus riches seront responsables de plus de la moitié de tous les revenus du football.
Quant à la masse salariale totale, elle est tirée à 88% vers le haut par les clubs du big-five, et a enregistré une hausse de plus de 1 milliard d’euros en une seule saison. Ces mêmes clubs sont ensuite responsables de 75% des dépenses de transferts lors des mercatos de janvier 2018 et de l’été 2018.
Tous ces éléments sont soutenus par la croissance exponentielle des droits TV, l’internationalisation croissance du football et l’affirmation du trading, la revente de joueurs avec plus-value, chez de nombreux clubs européens.
Plus d’égalité ou plus de différences?
C’est bel et bien le big-five versus le reste du continent. Il n’y a pas de parfaite homogénéité en Europe et le sportif est largement dominé par une minorité. Une situation qui préoccupe Aleksander Čeferin. Ce dernier déclare « qu’un certain nombre de menace existe qui met à mal la stabilité et le succès du football européen. Il s’agit notamment des risques de polarisation des revenus alimentée par la mondialisation, d’un paysage médiatique fragmenté et de cas de dépendance excessive à l’égard des revenus des activités de transfert ».
L’occasion alors de réfléchir à l’avenir du football en Europe, vers une confirmation des différences, avec notamment les projets de ligue des champions fermée ou de super-ligue continental, ou alors un soutien à plus d’égalité, de partage et de redistribution. En d’autres termes, quel football voulons-nous pour la prochaine décennie?
https://rmcsport.bfmtv.com/football/uefa-quel-bilan-economique-pour-la-decennie-ecoulee-1841973.html