Que c’est triste, un match de football sans supporters. Depuis que les championnats ont repris en Allemagne et en Espagne, les fans de foot, huis clos dans les stades oblige, doivent suivre les rencontres de leur équipe à la télévision. Pour les diffuseurs, la question cruciale de l’ambiance avec des tribunes vides s’est vite posée. Fallait-il laisser le son original, et donc entendre les cris des joueurs (et les insultes comme celles de Todibo à Haaland), les consignes de l’entraîneur et le bruit du ballon, ou bien innover grâce aux nouvelles technologies ?
Premier des grands championnats à reprendre au mois de mai, la Bundesliga a opté pour les deux options. Sky, diffuseur des rencontres en Allemagne, a choisi de laisser le choix au téléspectateur de suivre les matchs à huis clos avec le son réel ou avec une bande sonore pré-enregistrée de chants de supporters. « Pour le choc entre Dortmund et le Bayern, nous avons pris la base sonore lors de leur dernière opposition », explique à ESPN Alessandro Reitano, producteur à Sky Deutschland. Une fois le coup d’envoi donné, un réalisateur qui visionne le match en direct a la délicate mission de placer les échantillons audios correspondant à une situation bien précise de la rencontre (penalty, faute, décision du VAR…). Cet habillage sonore peut mobiliser jusqu’à dix personnes. « Il n’est pas précis à 100% », admet Reitano.
Les chants de supporters ont fini par convaincre
Si les audiences sont au rendez-vous, le rendu ne convainc pas immédiatement. Le diffuseur s’est d’abord heurté à une réaction hostile des ultras. « Les clubs se sont laissés prendre en otage par le diffuseur, qu’ils assument l’absence d’atmosphère », avait exhorté sur Twitter l’Alliance des fans actifs de football (BAFF), qui regroupe des associations de supporters en Allemagne. Retours mitigés aussi de certains téléspectateurs qui n’ont pas manqué de souligner les insultes entendues à l’égard de l’équipe de Mönchengladbach dans une bande sonore. Des couacs, mais un indice de satisfaction qui a finalement grandi au fil des matchs.
Aidés par des initiatives originales comme ces pancartes à l’effigie des fans de Gladbach posées sur chaque siège en tribune (un énorme carton), les diffuseurs ont fini par séduire le public. « Belle idée les Allemands, le son des supporters, a validé l’ex-sélectionneur Raymond Domenech devant le Klassiker. On ne se rend plus compte du huis clos. » « Quand vous perdez cet élément fort du spectacle qu’est le public, c’est important de recréer un univers », indique Florent Houzot, directeur des programmes de beIN Sports, diffuseur du championnat allemand en France. Aujourd’hui, les retours sont très majoritairement plutôt positifs. »
Le public virtuel, risée des réseaux sociaux en Espagne
En Espagne, la reprise s’effectuait jeudi soir avec le derby andalou entre le FC Séville et le Betis (2-0). Un enjeu également important pour Movistar. Le diffuseur espagnol offrait la possibilité de suivre les matchs normalement, dans l’ambiance froide du huis clos. Ou avec ce qu’on appelle en Espagne la « réalité augmentée », c’est-à-dire avec des sons de supporters factices mais aussi un effet spécial qui permet d’avoir les tribunes remplies grâce à une image virtuelle. Pour Timothée Maymon, le journaliste qui suivait la rencontre sur RMC, « ce n’est pas extrêmement précis mais ça donne la sensation qu’il y a un peu d’ambiance au stade ». En Espagne, ce faux public aux airs de confettis n’a pas du tout séduit les téléspectateurs qui se sont déchainés sur les réseaux sociaux. « On dirait la Konami Cup ! » Entre des captures d’écran d’anciens jeux vidéos PES ou FIFA et d’improbables comparaisons avec les peintures de Georges Seurat, la « réalité augmentée » est loin d’avoir fait l’unanimité.
Vive les matchs en drive-in au Danemark
Malgré le huis clos imposés dans les stades, les supporters peuvent aussi être plus actifs que dans leur canapé. Au Danemark, le club du FC Midtjylland a proposé à ses fans de suivre les matchs en mode « drive-in », c’est-à-dire dans leur voiture, garée dans le parking jouxtant le stade devant des écrans géants. Un gros carton. Pas moins de 8.000 personnes (et 2.000 véhicules!) ont pu suivre le match de l’équipe danoise dans un cadre inédit. Ce n’est pas tout. A travers l’écran géant situé à l’intérieur du stade, les joueurs, ont eux aussi pu voir et entendre leurs fans les supporter.
Plus audacieux encore, des supporters du FC Porto ont eu l’excellente idée de monter sur le toit d’un immeuble surplombant le stade du Dragon mercredi soir pour la réception de Maritimo (1-0). Chants, fumigènes, tout y était… sauf la proximité. On se serait presque cru trois mois en arrière. Mais avec ce type d’initiative, le fans nous montrent qu’on est sur le bon chemin.
https://rmcsport.bfmtv.com/football/tribune-virtuelle-bande-sonore-les-astuces-pour-mettre-l-ambiance-dans-les-stades-sans-public-1932090.html