Il est peut-être blessé, mais Hugo Lloris peut réaliser une sacrée performance ce lundi: être désigné meilleur gardien Fifa de l’année, tout en étant absent du onze-type de la fédération internationale. Oui oui…
Alors que les trophées The Best seront remis dans la soirée à Londres, le Français fait partie des trois finalistes pour le prix du gardien 2017-2018 de la Fifa, aux côtés de Thibaut Courtois et de Kasper Schmeichel. Plutôt logique pour le capitaine de l’équipe de France championne du monde en Russie, crédité en plus de quinze clean sheets la saison passée en Premier League.
Sauf que dans le même temps, sera aussi dévoilé le « Fifa FIFPro World XI » de l’année. Et cette fois, alors que cinq gardiens ont été sélectionnés pour un poste (Buffon, Courtois, De Gea, Navas, Ter Stegen), aucune trace de Lloris. Oublié. Evaporé, le nom du Français.
Pour comprendre cette incohérence, il faut se pencher sur le système de vote. Pour les prix The Best sont comprises des voix de journalistes, de sélectionneurs et de capitaines de sélections, ainsi que du grand public. Mais pour le onze Fifa de l’année, le corps électoral n’est composé que de joueurs professionnels. Environ 25.000 footballeurs issus de 65 pays, qui ont tous désigné un gardien, quatre défenseurs, trois milieux et trois attaquants pour leurs performances entre le 3 juillet 2017 et le 15 juillet 2018.
Salué chez les Bleus et à Tottenham…
Alors que faut-il retenir? Que Hugo Lloris est salué par les journalistes et le public, mais qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur par ses pairs? C’est ce que pense Franck Raviot, l’entraineur des gardiens de l’équipe de France. « Cela me surprend, cela me déçoit, parce que c’est injuste, regrettait il y a quelques jours l’ancien Lensois au micro de Breaking Sport sur RMC Sport. Hugo a fait une très grande Coupe du monde, il a été déterminant, décisif, rayonnant et rassurant. Il a permis à l’équipe de France de faire une grande compétition et les Bleus lui doivent aussi cette victoire finale. Hugo a été le meilleur gardien de but de la compétition et fait partie des cinq meilleurs gardiens de la planète. »
Une argumentation qui tient la route. Lloris a été très bon en Russie avec les Bleus – il fait partie du XI Fifa du Mondial – et l’a souvent été avec Tottenham la saison passée, même si quelques erreurs ont entaché son printemps. A Londres, ses équipiers lui rendent d’ailleurs régulièrement hommage. « Il est toujours au top, je suis fan de Hugo, lâchait il y a peu Lucas Moura. C’est notre capitaine, on a beaucoup de respect pour lui. »
Malgré une récente condamnation du Français pour conduite en état d’ivresse, Mauricio Pochettino, son entraîneur chez les Spurs, a même indiqué qu’il continuera à lui confier le brassard, signe d’une influence considérable dans le vestiaire et sur la pelouse.
…mais pas forcément par ses adversaires
Mais visiblement, pour ses adversaires, tout cela ne suffit pas. Peut-être parce que Lloris, personnage réservé, n’a pas la même aura dans le monde professionnel qu’un Gigi Buffon, toujours salué malgré une dernière saison assez moyenne à la Juve. Peut-être parce que les votants ont sanctionné sa boulette en finale du Mondial russe, le match le plus commenté de l’année, et plus globalement la France, champion du monde assez décrié à l’étranger. Peut-être aussi que l’ancien Lyonnais ne n’est pas assez illustré sur la scène continentale – Tottenham a été éliminé en huitièmes de finale de la Ligue des champions –, là où Keylor Navas est allé décrocher une troisième C1 de suite avec le Real Madrid.
Ou peut-être que le problème ne vient pas de lui, mais des autres, tout simplement. En mars dernier, le CIES avait publié un rapport classant les cinq meilleurs portiers au monde, selon des critères supposément objectifs. Et Lloris arrivait en première position, suivi d’Alisson Becker, Alphonse Areola, Ederson, et Pepe Reina. Quatre gardiens eux aussi absents de la sélection pour le XI mondial. Comme quoi…
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