Le terrain ne sera pas le seul centre d’intérêt du match de la neuvième journée de Ligue 1 entre Rennes et le PSG ce dimanche (13h) au Roazhon Park. Les regards seront aussi tournés vers les tribunes et lors de l’avant-match sur les abords du stade. Ce Rennes-PSG constitue un match à haut risque encore plus dans le contexte actuel de la Ligue 1 et des débordements en série chez les supporters.
La rivalité entre supporters rennais et parisiens remonte à 2019 et plus exactement au 27 avril au Stade de France. Avant la finale de la Coupe de France entre le Stade Rennais et le PSG remportée par Rennes aux tirs au but, une bagarre éclate aux abords du stade entre un noyau d’ultras des deux camps. Des fumigènes sont lancés et des coups échangés pendant plusieurs minutes avant l’intervention des forces de l’ordre.
Quelques mois plus tard, nouvelle altercation mais cette fois à… Glasgow. En déplacement chez le Celtic en Ligue Europa, le cortège des supporters rennais est attaqué sur le chemin du stade par une vingtaine de personnes présentés par la police écossaise comme des hooligans supporters du PSG. Les Rennais reçoivent des insultes et des projectiles sans faire de blessés, le cortège étant bien encadré par les services de police.
« Voler une bâche de cette manière ce n’est pas dans les codes. C’est un déshonneur »
Dernier évènement en date il y a dix jours: le vol de la bâche du groupe Ultra de Rennes le Roazhon Celtic Kop. Le 22 septembre, un membre du RCK âgé de 30 ans ainsi que son père est agressé chez lui par plusieurs personnes et la bâche du groupe volée dans le coffre de sa voiture.
« Légèrement blessés mais surtout profondément choqués », les deux hommes auraient reçu du gaz lacrymogène et des coups de matraque. Si aucune revendication n’a été faite pour le moment, les agresseurs se seraient présentés comme ultras du PSG. Mais le déroulé des événements, ainsi que les identités des suspects, restent flous. Notamment parce qu’aucune plainte n’a été déposée. Il n’y a donc pas eu d’enquête de police.
Dans la culture ultra, en cas d’affrontements entre groupes rivaux « porter plainte cela ne se fait pas mais voler une bâche de cette manière en groupe face à une seule personne, cela ne se fait pas non plus. C’est un déshonneur. Ce n’est pas dans les codes », explique un supporter ultra rennais.
Le vol de la bâche totem du groupe, celle qui s’étend tout en bas de la tribune, étant considéré comme une humiliation ultime, le RCK annonçait le lendemain une mise en sommeil de ses activités en tribunes dénonçant « un véritable guet-apens » contre un de ses membres.
« Beaucoup de mal à comprendre cette décision »
Avec ces antécédents, tout le monde au sein du club rennais s’attendait à ce que le déplacement des supporters parisiens pour le match de demain soit annulé par la préfecture. Mauvaise surprise, mercredi, les services de l’Etat annonçait autoriser le déplacement de 650 supporters maximum au lieu de 1300 prévus à l’origine dans un cadre très strict (venue en transports collectifs, point de rendez-vous obligatoire, escorte policière jusqu’au parcage).
« On a beaucoup de mal à comprendre cette décision, déplore-t-on au sein du club rennais. On a plaidé notre cause. On a donné tous les éléments en notre possession. Le contexte est quand même extrêmement tendu. Il y a de vrais risques que cela se passe mal et pourtant on a rapidement compris qu’on ne serait pas entendu. »
La préfecture d’Ille-et-Vilaine affirme préférer 650 personnes très encadrées qu’une interdiction avec des supporters indépendants qui feraient le voyage. Elle a également simplement suivi les consignes venant de plus haut du ministère de l’Intérieur. Gerald Darmanin se disait ces derniers jours « pas favorables à des interdictions collectives de déplacement ». La préfecture ne communique pas sur le nombre de forces de l’ordre déployés pour sécuriser le match demain mais fait savoir que la Division Nationale de Lutte contre le hooliganisme a seulement classé la rencontre à un niveau de risque 3 « intermédiaire » sur une échelle allant de 1 à 5. Ce qui justifie notamment selon elle qu’il n’y est pas eu d’interdictions de déplacement.
En visite d’ailleurs à Rennes ce vendredi, le ministre de l’Intérieur a été à nouveau alerté par la direction rennaise appuyée par la mairie de la ville. Sans succès. Pourtant depuis, les supporters de Lyon ont bien été interdits de se déplacer à Saint Etienne. De même pour ceux de Marseille interdits de se déplacer à Lille. Une différence qui agace Bruno Genesio.
« Je suis extrêmement surpris que les Parisiens puissent se déplacer compte-tenu du contexte général et de ce qui se serait passé avec notre supporter même s’il faut toujours rester prudent. J’ai une grosse pensée pour notre kop qui nous a beaucoup aidé, a estimé le technicien du club breton. J’espère que cela se passera bien car ce match doit être une belle fête. C’est un grand match qui ne doit pas être terni par des incidents. Il faut que tout le monde reste calme, mesuré. A nous déjà, dirigeants et joueurs, de donner l’exemple pour que le match se déroule sur le terrain et pas ailleurs. »
Pas de débordements au stade pour le RCK
Du côté des supporters rennais, le Roazhon Celtic Kop a été reçu hier soir par la direction du club. Se disant encore très touché par le vol de leur bâche totem, le groupe ultra a confirmé qu’il n’y aurait pas d’animations organisées en tribune, ni tifo, ni chants face au PSG et a aussi assuré au club rennais qu’il n’y aurait pas de débordements au sein du stade. Le noyau dur des dirigeants du RCK ne sera rendra d’ailleurs pas sur place mais il laisse le choix aux 1600 membres du groupe d’y aller ou pas.
La principale crainte pour cette rencontre est évidemment que la bâche volée au RCK soit brandie au cours du match dans le parcage parisien provoquant des représailles comme un envahissement de terrain. Cela avait déjà été le cas au Roazhon Park en septembre 2013 lors d’un Rennes-Nantes quand des supporters nantais avaient sorti des bouts d’un tifo volé la veille du match.
https://rmcsport.bfmtv.com/football/ligue-1/rennes-psg-pourquoi-c-est-tendu-entre-les-supporters-parisiens-et-rennais_AV-202110020281.html