Jean-Pierre Caillot, que signifie ce changement de logo?

Un changement de logo, en général, c’est le point de départ d’un nouveau cycle, d’une nouvelle feuille de route. Un logo c’est le visuel d’un club. C’est important d’être moderne. Les équipes ont beaucoup travaillé. C’est un blason iconique qui représente les 90 ans du Stade de Reims sur le fond et qui est avant-gardiste sur la forme. Il reprend les codes historiques et culturels du club. Il sera une sorte de trait d’union entre le passé et l’avenir.

« Hisser le budget à 70M€ la saison prochaine »

Votre club est souvent décrit comme un club sain, qui travaille bien, quelle est cette nouvelle stratégie du Stade de Reims ?

Tous ces commentaires sur notre club sont flatteurs mais, en toute humilité, ce n’est pas usurpé. C’est le travail de 20 ans d’une direction qui a reconstruit étape par étape ce club. On était partis sur un projet qui s’appelait Horizon 2020 qu’on avait présenté il y a quatre ans dans lequel on avait un certain nombre d’objectifs à atteindre. Ça pouvait faire sourire à l’époque car on était alors aux portes de la Ligue 2. Et malgré un passage en L2, tout ce qui avait été écrit dans cette ligne de conduite a été respecté. Et, par principe, lorsque vous atteignez vos objectifs, il faut s’en créer d’autres. C’est l’histoire de la vie, encore plus l’histoire du sport. Et donc là, en sortant ce nouveau logo on peut en même temps présenter ce qui va être la nouvelle feuille de route du Stade de Reims qui s’appelle Ambitions 2024. Concrètement, notre objectif est de rester dans le Top 5 français en terme d’organisation. Je rappelle que nous sommes numéro 2 au nombre de points de la Licence Club. Garder nos infrastructures classifiées dans le Top 5 français. Sportivement, on essaie de s’inscrire durablement dans le Top 10. On espère même une qualification européenne qui serait un nouveau symbole de renouveau. Trente-trois ans après, on est revenu en L1, 57, 58 ou 60 ans après on pourrait revenir sur la scène européenne. Et puis d’un point de vue économique, on avait dans un premier temps l’objectif de hisser notre budget à 40 millions d’euros. Cela a été atteint. Aujourd’hui, notre objectif c’est de le hisser à 70 millions d’euros, ce sera le cas pour la saison prochaine. On veut continuer à révéler des talents dans le football masculin ou féminin.

« Reims est prêt à affronter l’Europe »

On imagine que vous allez être un grand supporter du PSG puisqu’en cas de succès parisien en Coupe de France et Coupe de la Ligue, votre 6ème place au classement deviendra qualificative pour le 2ème tour préliminaire de la Ligue Europa…

Je rappelle que sportivement, à la 28ème journée, nous étions 5ème. Avec ce classement établi au coefficient, nous terminons 6ème. Donc nous avons fini à notre place, n’en déplaise peut-être à certains. Effectivement, je suis devenu un grand supporter du PSG par nécessité pour que le Stade de Reims puisse faire un retour dans les qualifications européennes. C’est un de nos objectifs à terme. Ce n’est pas forcément programmé pour cette saison mais par expérience, quand quelque chose se présente, il faut le prendre et pas attendre l’instant T. Donc Reims est prêt à affronter l’Europe. Ça ne nous fait pas peur. On a gagné la saison dernière chez tous les clubs qui se sont qualifiés pour la Ligue des champions. On ne se prend pas pour d’autres mais on a un effectif suffisant et auquel on croit beaucoup. Ça ne changera pas grand-chose dans notre préparation de la saison. Ça fera peut-être quelques matches supplémentaires.

Quels sont les dégâts que la crise du Covid-19 a provoqués pour le Stade de Reims ?

Dans des crises comme celle-là, c’est évidemment les clubs avec les plus grosses masses salariales qui sont les plus pénalisés. Ce sont donc les plus grands clubs français qui vont le plus souffrir. En ce qui nous concerne, on a perdu 5 matches à domicile dont 2 face à l’OM, et le PSG qui nous promettaient deux soirées à guichets fermés. On a dû comme tout le monde rembourser et faire des avoirs même si un certain nombre de supporters ont fait don au club des sommes qu’ils pouvaient récupérer. On a donc perdu toutes ces recettes. Mais grâce au PGE (prêt garanti par l’Etat) contracté par la LFP, on a pu toucher notre part de droits tv qui nous serait revenue. Le club a fait aussi de son côté un PGE par sagesse. On aurait pu peut-être éviter de le faire mais on a préféré le faire pour ne pas se mettre dans le rouge et rester serein. En sport, il y a beaucoup d’aléas. En tant que dirigeant, on se doit de maîtriser au maximum l’aléa économique.

Quelles leçons vous tirez de cette crise ?

Si on parle de l’arrêt de la saison les choses sont claires: on a un gouvernement qui nous a demandé d’arrêter et, en bon soldat, on a fait ce qu’on nous a demandé de faire. On ne s’est que trop étendu sur les différents scénarii que certains voulaient mettre en oeuvre pour faire repartir la saison. Moi, j’ai maintenant hâte que la nouvelle saison démarre, qu’on passe à autre chose. Par rapport aux problèmes de santé, je pense qu’on a réagi avec sérieux, il y a plein de chose qui ont été faites, y compris dans les clubs vis à vis de la société civile. Et à cause de certains discours à gauche, à droite, on a gâché là où on aurait pu faire du positif, on a renvoyé une image négative. Ce n’est pas mérité par rapport à l’affrontement que nous avions à faire de ce choc économique.

La crise va-t-elle modifier quelque chose dans la façon de gérer votre club ?

Je n’ai de leçons à donner à personne. Il ne vous a pas échappé que l’actionnariat des clubs n’a plus rien à voir avec ce que l’on avait traditionnellement et celui que j’incarne. Aujourd’hui on a des fonds de placements, des Etats donc ils n’ont pas les mêmes contraintes que des clubs de province comme le nôtre. On a toujours été sérieux, on n’a jamais dépensé ce que l’on n’avait pas. C’est pour ça qu’en général dans les périodes de crise ce sont souvent les clubs qui sont structurés comme ça qui les passent le mieux.

« Les dirigeants de la Ligue ont eu beaucoup de mérite »

La LFP a beaucoup été pointée du doigt durant cette crise. Beaucoup demandent du changement. Certains tendent vers un modèle de société commerciale. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que les dirigeants de la Ligue ont eu beaucoup de mérite dans cette période. C’est quand même pas facile d’avoir une ligne de conduite quand vous avez 40 patrons et que, parmi eux, il y en a qui disent des choses totalement opposées aux autres. Quand vous êtes leurs représentants c’est pas simple de se faire entendre par l’extérieur et par les pouvoirs publics. Je pense qu’on leur a fait beaucoup de grief qui n’étaient pas justifiés. Si on doit retenir quelque chose, effectivement, il faudrait que les présidents de club en premier s’imposent une règle de vie et que, si demain une personne doit nous représenter, qu’on n’aille pas dire ailleurs, dans les journaux, les émissions, le contraire de ce qu’on lui demandé de dire. C’est essentiel pour le football que la Ligue soit plus forte. Est-ce que ça passe par une société commerciale avec le régalien laissé à la FFF ? Il y a des gens qui travaillent dessus mais je ne suis pas sûr que ça solutionnera tout. Je pense que c’est avant tout un état d’esprit. Tant qu’on aura pas cet état d’esprit d’humilité, en évitant les problèmes d’égo, de donner la responsabilité à une personne de nous représenter, un peu comme cela se passe en Espagne, on n’aura rien réglé comme problème.

Quelle est votre position sur l’hypothèse d’une Ligue 1 à 22 qui sera tranchée ce vendredi lors d’un Conseil d’Administration de la Ligue?

Il y a eu un collège de Ligue 1 lundi en préparation de ce Conseil avec une position à l’unanimité de rester à 20. C’est très compliqué de changer le format du championnat. Je mesure la souffrance que ça doit être notamment pour Amiens car Toulouse avait une situation au niveau du classement qui laissait peu de doute sur son sort. Il n’y a aucun problème de personne ou de club dans ce constat, mais aujourd’hui il serait totalement utopique parce que ça aurait beaucoup trop d’enjeux. Si demain on est à 22, on fait comment avec la L2 et le National ? C’est toute la pyramide du foot qui se verrait remise en question. Il y a aussi un enjeu financier. Il n’est pas neutre. Mais il y a aujourd’hui des moyens de faire face. L’aide à la relégation que va toucher Toulouse qui était en L1 depuis longtemps va être conséquent. Je me bats depuis des années contre les gros clubs qui veulent passer à 18 et qui ne s’en cachent pas. Ce n’est pas pour aujourd’hui comprendre qu’on peut passer à 22.

Comment allez-vous vous comporter durant ce mercato ? Avec quelle ambition ?

Il y a des jurisprudence au Stade de Reims. En général un joueur peut partir quand le président l’a validé. Et on l’a montré dans le passé. Il n’y aura pas énormément de modification parce qu’on avait bien préparé la future saison en amont comme on a l’habitude de le faire maintenant. On intègre des joueurs en janvier en anticipant un peu les départs comme ça cela leur laisse le temps de s’intégrer. Pour cet été, on permet à Hassane Kamara d’aller vers un nouveau projet. Ça fait plusieurs années qu’il est là, il a passé un cap et il est tellement positif qu’il mérite de bonifier son travail effectué chez nous. Il y a des contacts avec un certain nombre de clubs. Le deuxième sujet concerne Axel Disasi puisqu’on a déjà intégré son remplaçant en janvier. Là aussi on a un joueur qui est arrivé chez nous de National, qui a gravit les échelons. Il a aidé le club a passé des caps. Pour ces joueurs là le club peut leur donner la possibilité, s’il s’y retrouve financièrement, de leur laisser la possibilité de découvrir un autre projet. Concernant Boulaye Dia, il fait partie du Stade de Reims. Il n’y a pas de véto présidentiel sur ce joueur. Mais je n’ai reçu aucune sollicitation pour lui comme pour d’autres. Nos deux sujets concernent Kamara et Disasi. On ne veut pas bouleverser notre effectif. Nos joueurs n’ont pas envie de partir. Et en ce qui concerne les arrivées éventuelles, il est possible, pratiquement certain, qu’un arrière gauche nous rejoigne et sans doute un autre joueur expérimenté pour encadrer nos nombreux jeunes.

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