« J’ai l’impression qu’on a joué aujourd’hui avec trop de peur. (…) On doit penser aux solutions. Si tu penses trop aux erreurs, elles arrivent ». Ces mots sont ceux de Thomas Tuchel. À Dortmund, après le coup de sifflet final actant la défaite 2-1 du PSG dans son huitième de finale aller de la Ligue des champions, l’entraîneur allemand avait admis que ses joueurs avaient fait preuve d’une faiblesse psychologique.
« On a vu qu’on avait certaines personnes qui étaient fragiles mentalement dès qu’une passe était loupée », observe Thierry Rosas, préparateur mental, au micro de RMC Sport. Un avis partagé par les ultras parisiens qui s’en sont pris aux joueurs en ces termes contre Bordeaux: « Kombouaré, Gino, Raï, c’était la rage de vaincre. Silva, Mbappé, Neymar, la peur de gagner? Portez vos couilles ». Mais que faire contre cette peur avant le 8e de finale retour ce mercredi?
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Travailler la peur, sans la nier
Parmi ceux qui ont vécu la « remontada » face au Barça, neuf d’entre eux sont encore dans l’effectif. Et sur les 18 qui ont subi l’élimination au Parc des Princes contre Manchester United la saison passée, ils sont encore 16. « Si les défaites se multiplient, on va commencer à avoir des traces puis des séquelles. puis des appréhensions au prochain match », explique Meriem Salmi, psychologue spécialisée dans le sport, interrogée par RMC Sport. « C’est ce qu’on appelle des traces mnésiques dans le cerveau. Ces traces, qui se sont inscrites, reviennent et perturbent complètement les capacités cognitives de l’athlète. Le cerveau est complètement déréglé, mais le corps l’est aussi. Ça donne des énervements et de l’agressivité, parce qu’on ne sait plus quoi faire ».
Cette psychologue a l’habitude de travailler avec des sportifs de haut niveau comme le judoka Teddy Riner, le pilote Romain Grosjean et le rugbyman Mathieu Bastareaud. Pour elle, la peur ne doit pas constituer un handicap pour un footballeur professionnel de haut niveau et doit être appréhendée sérieusement. « Le mot peur est tabou dans le monde sportif, de manière générale. Mais on a tellement voulu faire passer le message que la peur ne doit pas exister, qu’en fait on est contre celle-ci au lieu de la travailler. La peur est un système extrêmement efficace qui permet d’affronter le danger et donc de mettre en place des stratégies qui vont permettre de s’adapter ».
Alors que doit faire Thomas Tuchel pour endiguer la peur? Que doit-il dire à ses joueurs? Luis Fernandez, seul entraîneur français à avoir gagné une coupe d’Europe avec le club (C2 1996), estime qu’il faut exhorter « les garçons à se lâcher, pour qu’ils puissent rentrer sur un terrain sans rien à regretter. Il faut mettre de l’engagement, de l’intensité, de l’envie avec un état d’esprit irréprochable ».
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