Les Portugais ont attendu près de trois mois pour la reprise de leur championnat. Une reprise attendue par des millions de lusophones mais qui aurait pu se passer sous de meilleures conditions. Jeudi soir, suite au nul concédé face à Tondela (0-0) au Estadio da Luz, les joueurs du Benfica ont été victimes d’une attaque violente sur le chemin du retour vers le centre d’entraînement de Seixal. En effet, après la défaite surprise de leur rival, le FC Porto, face à Famalicao (2-1), certains supporters se voyaient déjà premiers isolés du classement. Mais l’équipe menée par Bruno Lage semble être restée sur leur mauvaise série entamée avant le confinement après la défaite face à Porto (3-2), le 8 février dernier. Une reprise en main est attendue ce mercredi face à Portimonense (20h15 sur RMC Sport).
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En effet, le club lisboète a remporté un seul match sur ses six derniers en championnat (1 victoire, 3 nuls et 2 défaites). Une pilule qui passe mal pour certains supporters qui n’ont pas hésité à exprimer de façon virulente leur mécontentement. Sur l’autoroute en direction de Seixal, le car qui transportait les joueurs de Benfica a été caillassé par un groupe d’individus, tout cela malgré une escorte policière. Deux joueurs, Julian Weigl et Andrija Zivkovic, ont été blessés dans cette embuscade, touchés par des éclats de verre au visage. Arrivés au centre d’entraînement, les deux joueurs ont été pris en charge par l’équipe médicale du club avant d’être transportés à l’hôpital pour des examens complémentaires.
Un discours incisif du président
Suite à ce guet-apens, les joueurs et personnels du club ont passé une partie de la nuit de jeudi à vendredi en état de choc. A leur arrivée au Campus de Seixal, le président décide soudainement de faire un discours “incisif” à l’égard de ses joueurs et de son staff technique. Luis Filipe Vieira, notamment au courant des dégradations aux domiciles de son entraîneur et de plusieurs joueurs, annonce alors à ses semblables qu’ils ne rentreront pas à la maison le week-end voir leur famille et qu’ils resteront confinés au centre d’entraînement afin de préparer leur “riposte par une réponse immédiate face à Portimonense” et de les garder en sécurité face à toute agression extérieure.
Selon Record, le dirigeant de 70 ans, en pleine campagne pour les prochaines élections, n’aurait pas mâché ses mots et a demandé à Bruno Lage des changements immédiats, notamment du point de vue tactique et en pariant sur les jeunes de la formation. Un climat de malaise se serait alors installé dans le vestiaire au moment où le président a clairement exprimé sa colère en accusant les joueurs de manque de gratitude envers le club: « Nous sommes le seul club en Europe qui n’a pas baissé les salaires pendant la pandémie, vous êtes des ingrats. Ce qu’il s’est passé ce soir est une honte. » Après ce discours, l’un des cadres de l’équipe, Pizzi, a pris la parole au nom de l’équipe. Le joueur le plus utilisé cette saison par Lage (41 matches disputés) a alors défendu son coach et assumé la responsabilité de l’effectif après la contre-performance face à Tondela. Le milieu offensif de 30 ans a appelé ses coéquipiers à l’unité afin de préparer au mieux une réponse face à Portimonense.
Un nouveau traumatisme pour Weigl
Julian Weigl, lui, vit un second traumatisme après l’attaque terroriste qui avait visé le car qui transportait les joueurs du Borussia Dortmund vers le Signal Iduna Park pour disputer le quart de finale retour de la Ligue des champions face à l’AS Monaco, en avril 2017. Sa compagne, Sarah Richmond, a livré son témoignage sur les antennes de la chaîne allemande RTL ce week-end: « Nous étions au téléphone en train de discuter sur un sujet qui n’avait aucun rapport avec le match quand soudain, il s’est mis à crier. (…) Il y a eu beaucoup d’agitation et j’ai entendu des voix dire: ‘Julian, n’ouvre pas les yeux.' » Hospitalisés durant toute la nuit, le milieu allemand de 24 ans et son coéquipier, Andrija Zivkovic, n’ont pas eu de blessures graves. Les deux joueurs ont pu finalement refouler la pelouse du Benfica Campus le lendemain matin.
Une semaine pour se remobiliser
Finalement, l’effectif du Benfica est revenu au complet à l’entraînement le lendemain du nul face à Tondela. Après avoir entamé une semaine au vert, avant la rencontre face à Tondela, les joueurs ont été contraints de rester une semaine de plus afin de préparer le match de ce soir face à Portimonense. Pendant cette semaine de préparation, depuis son discours aux vestiaires de Seixal, le président du Benfica serait resté à l’écart du groupe, tout en observant le travail de ses joueurs. Interrogé mardi soir en conférence de presse sur ce fameux discours incisif de LFV, l’entraîneur du SLB, Bruno Lage évoque « une conversation de père à ses fils » et un président qui « se rend aux vestiaires quand cela est nécessaire ».
Bruno Lage, le sait: il joue gros ce mercredi soir. Malgré le fait que son président ait conforté l’idée qu’il resterait l’entraîneur du Benfica « quoi qu’il advienne » la semaine dernière, l’entraîneur de 44 ans sait qu’il n’est pas à l’abri d’être limogé de ses fonctions. Le tournant de son avenir pourrait reposer principalement sur cette affiche de ce mercredi soir face à Portimao (20h15) et au résultat de Porto face à Maritimo (22h). Le technicien setubalense aurait d’ores-et-déjà opéré quelques changements dans son onze initial, laissant Gabriel sur banc au profit de Chiquinho pour un bloc plus offensif (Rafa-Carlos Vinicius-Chiquinho-Pizzi). Au milieu de terrain, Taarabt et Weigl couvriraient la défense lisboète composée de Grimaldo, Jardel, Ruben Dias et André Almeida). « Nous avons 27 points à décrocher et notre mentalité est d’aller vers l’avant, créer un jeu offensif, marquer des buts et remporter le match », a t-il déclaré hier soir en conférence de presse avant d’assurer que ses joueurs sont prêts pour Portimonense. Le sujet du bus est complètement passé. Nous n’avons pas peur. Nous avons la volonté de rejouer le plus rapidement possible. Je ressens dans cette équipe une envie de travailler pour donner de la joie aux supporters. » Le Benfica occupe actuellement une première place trompeuse du classement, avec le même nombre de points (60) que son rival, le FC Porto. En effet, si les deux équipes terminent à la première place avec le même nombre de points à la fin de la saison, l’équipe de Sergio Conceiçao passerait devant et serait sacrée champion du Portugal, au vu du critère de départage sur les confrontations directes en cas d’égalité sur le nombre de points. De ce fait, Porto a remporté les deux classicos de la saison en championnat.
Les autorités portugaises suspectent une branche ultra du Benfica
Les autorités portugaises avancent par ailleurs dans leur enquête et suspectent des membres du groupe ultra No Name Boys. Un groupe ultra qui fait polémique au sein du football portugais puisqu’il n’est pas déclaré auprès des autorités et plusieurs de ses leaders ont déjà eu affaire avec la justice portugaise pour trafic de drogue, dégradations et atteinte à l’intégrité physique d’une personne dépositaire de l’autorité publique. Pendant ce temps-là, la Police Nationale portugaise (PSP) a renforcé la sécurité aux abords du centre d’entraînement afin de ne pas avoir une seconde affaire d’intrusion dans un camp d’entraînement, un an après les agressions physiques des supporters de la Juve Leo envers des joueurs du Sporting Portugal à Alcochete. Une affaire judiciaire qui vient d’ailleurs de se clôturer avant que celle de Benfica ne s’ouvre…
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