Nouvel entraîneur de l’OM, Jorge Sampaoli débarque dans un club à la marge de manoeuvre extrêmement limitée sur le marché des transferts. Surprenant, tant le technicien argentin aime remodeler l’effectif, et donc dépenser, lorsqu’il prend en charge une équipe.
C’est l’un des fils conducteurs de sa carrière. Quand Jorge Sampaoli débarque dans un club, le vestiaire s’en voit secoué. Parce que l’entraîneur argentin, tout juste nommé sur le banc de l’OM, est du genre expressif et dynamique, mais aussi parce que ses prises de fonctions s’accompagnent généralement de mercatos très animés.
Là où un Marcelo Bielsa – son mentor à qui il est souvent comparé – s’est illustré, à Marseille ou encore à Leeds, en tirant le meilleur d’un groupe quasiment inchangé, Sampaoli a montré par le passé qu’il aime avoir « ses » joueurs, ou plutôt des joueurs correspondant à son style de jeu exigeant.
A Séville, des idées mais aussi beaucoup de renforts
Cela s’est notamment vu à Séville. Propulsé aux commandes du club andalou à l’été 2016, l’ancien sélectionneur du Chili fait rapidement part de ses envies au directeur sportif Monchi. Si le départ de Kévin Gameiro vers l’Atlético de Madrid (32 millions d’euros) n’est pas de son fait, c’est lui qui ouvre la porte à Grzegorz Krychowiak, vendu au PSG (27,5 M). « Quand Jorge Sampaoli est arrivé à Séville, il nous a dit qu’il voulait que ce soit Steven N’Zonzi son milieu de terrain défensif, expliquera quelques mois plus tard Monchi. Il nous a immédiatement dit qu’il ne voulait plus quelqu’un comme Krychowiak, parce qu’il avait besoin d’un joueur à l’aise avec le ballon. »
Ces deux ventes, ainsi que celle du « flop » Ciro Immobile (10 M à la Lazio) permettent au duo Monchi-Sampaoli de faire de conséquentes emplettes: Joaquin Correa, Franco Vazquez, Wissam Ben Yedder, Ganso, Gabriel Mercado, Pablo Sarabia ou encore Samir Nasri arrivent à l’été, suivis à l’hiver suivant de Walter Montoya et Clément Lenglet. Au total, Séville dépasse les 80 millions d’euros de dépenses sur le marché des transferts cette saison-là, explosant très largement son record – qui tiendra jusqu’à la saison 2019-2020.
Carte blanche à l’Atlético Mineiro
Après une expérience cauchemardesque à la tête de la sélection argentine, Sampaoli retombe dans le même schéma au Brésil, montrant de nouveau son appétit pour les recrues. S’il est salué pour avoir emmené en 2019 un Santos assez limité en haut de tableau (deuxième du championnat), le coach a tout de même obtenu à son arrivée les renforts de Felipe Aguilar (3,5 millions d’euros), Yeferson Soteldo (3 M), Felipe Jonatan (1,4 M) ou Christian Cueva. Selon Transfermarkt, Santos affiche ainsi sur l’exercice 2018-2019 (qui tient compte de certaines opérations faites avant Sampaoli) un bilan de -8,24 millions d’euros sur le marché des transferts. Même si la vente de Rodrygo au Real Madrid viendra rééquilibrer tout ça.
Pareil à l’Atlético Mineiro. Beaucoup se sont demandés pourquoi le bilan de Sampaoli au Galo, malgré une jolie troisième place finale en championnat, à trois points du champion Flamengo, a été décrit par les observateurs brésiliens comme en demi-teinte. C’est en très grande partie dû au ratio investissements/résultats. Oui, l’Atlético de Sampaoli a produit du jeu (deuxième meilleure attaque), et oui il a décroché son billet pour la Libertadores. Sauf que quand le technicien a obtenu pour ainsi dire carte blanche en mars 2020, et qu’il a attiré Matias Zaracho, Marrony, Nathan, Junior Alonso, Keno, Alan Franco et une dizaine d’autres pour une balance de -23,52 millions d’euros sur le marché des transferts (alors que l’Atlético Mineiro était toujours dans le positif les saisons précédentes), c’était pour aller chercher le titre. Et rien d’autre.
Et à l’OM?
C’est aussi pour cela que l’arrivée de Jorge Sampaoli dans un OM exsangue a pu surprendre. Déjà contraint de se serrer la ceinture avant la crise du Covid-19, et en plus frappé – comme les autres clubs français – par le fiasco des droits TV, Marseille n’a théoriquement pas les moyens de lâcher des dizaines de millions d’euros lors du mercato estival, même pour remplacer les partants (Thauvin, Amavi, Germain, voire Kamara…).
Alors, le coach a-t-il obtenu des garanties de la part du propriétaire Frank McCourt? A-t-il une confiance absolue en Pablo Longoria, qui a montré cet hiver une certaine science des bonnes affaires? Ou est-il tout simplement prêt à revoir son fonctionnement habituel pour faire remonter sa cote en Europe? Réponse dans les prochains mois.
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