C’était un axe fort de la présidence Jacques-Henri Eyraud: le développement d’un partenariat entre l’OM et les clubs de la région marseillaise. Ce projet nommé « OM Next Generation », débuté en 2017, ne devrait pas s’arrêter sous l’ère Pablo Longoria.
Dimanche soir, dans les couloirs du stade Vélodrome, avant le match de Ligue 1 entre Marseille et l’OL (1-1), Jacques-Henri Eyraud avait convié l’ensemble des clubs amateurs partenaires du programme « OM Next Generation » pour un dernier au revoir. Ce programme, imaginé par l’ancien président phocéen, a été secoué en décembre 2020 avec le départ du Burel FC, club phare du 13e arrondissement de Marseille. Pourtant, ce projet conserve des partisans, avec une vingtaine de clubs encore affiliés à l’OM.
« On lui a tous dit que c’était une grosse réussite, avoue Robert Cini, président de la JS Saint Julien, présent lors de la réunion dimanche soir. Aucun président n’avait fait ça, de cette manière, avec un lien direct entre les clubs et l’OM. C’est très fort pour Marseille, pour les clubs et les joueurs de la région. Mais c’est une réussite qui récoltera ses fruits seulement dans quelques années. » Même constat chez Omar Keddadouche, président de l’ASC Vivaux Sauvagère: « Au niveau des partenariats, on n’avait rien à reprocher à Eyraud. »
Longoria ne lâche pas le projet
Pour comprendre ce programme lancé en 2017, il faut se rendre sur le gazon synthétique d’Esperanza, à quelques mètres du centre d’entraînement Robert-Louis Dreyfus. Le terrain de la Jeunesse Sportive Saint Julien, club formateur d’Alexandre Phliponeau (jeune milieu de terrain de l’OM, ndlr), reçoit chaque semaine plus de 350 licenciés. Dans les faits, l’OM veut détecter les jeunes talents (de 8 à 15 ans, ndlr) de la région marseillaise, afin de les attirer dans les filets de son centre de formation.
En contrepartie, l’OM forme des éducateurs et peut fournir du matériel aux clubs. Dès dimanche soir, Pablo Longoria, le nouveau président de l’OM, a souhaité rassurer les dirigeants partenaires.
« On a croisé le nouveau président lors de la réunion avec Eyraud. Son souhait, c’est la formation marseillaise, confie Robert Cini. Tous les clubs proches de Marseille sont une vraie réussite au niveau de la formation. Il sait que c’est un travail difficile pour les clubs de quartiers. Il compte garder ce projet. »
Avec l’OM, les parents sont hésitants
Pour recruter des talents, l’OM doit d’abord séduire… la famille. C’est le nerf de la guerre dans le secteur de la formation. Même si un accord existe avec le pensionnaire de Ligue 1, le club amateur ne peut pas forcer une famille à signer pour l’OM. « Des partenariats existaient aussi avant Eyraud. Mais ces derniers temps ça a évolué, indique Lotfi Hasni, directeur Sportif de la JS Saint Julien. Quand j’étais dirigeant à Air Bel, je me suis rendu compte que les petits étaient plus sur le départ vers Nice, Monaco ou Montpellier. Je pense que c’est mieux si les jeunes marseillais jouent dans leur ville. »
Le club phocéen veut éviter de reproduire les erreurs du passé, en loupant des joueurs de la région comme Wesley Fofana (Leicester). L’éclosion doit maintenant se faire à Marseille. « C’est plus à l’OM de se faire apprécier progressivement par les parents, poursuit Lotfi Hasni. C’est pour ça que la communication est très importante. L’OM fait toujours rêver les enfants mais le plus souvent les parents sont les plus réticents à l’idée de signer directement à Marseille. »
« On ne sait pas trop ce que veut l’OM »
Son de cloche totalement différent au Burel FC, premier club à avoir signé un partenariat avec l’OM en 2017. Mais en décembre 2020, le club d’origine de Maxime Lopez a été le premier à quitter ce programme.
« On ne sait pas trop ce que veut l’OM au final, lâche un proche de l’équipe du 13e arrondissement dans des propos rapportés par La Provence en décembre dernier. Au départ, ils disaient qu’ils s’en foutaient de nous (les clubs amateurs, ndlr) battre dans les petites catégories, puis maintenant, on apprend qu’ils veulent gagner chez les 5-6 ans. Finalement, l’OM fait toujours rêver chez les pros, mais chez les jeunes… On est aussi bien, voire mieux accueillis par Nice, Monaco, Montpellier, Lille… »
D’autres clubs du département ont aussi décidé de ne pas renouveler l’accord avec l’Olympique de Marseille. Nasser Larguet, qui devrait quitter ses fonctions de directeur du centre de formation en fin de saison selon L’Equipe, était un artisan important de cette relation avec les clubs de la région. « C’est quelqu’un qui connaît parfaitement les rouages de la formation, indique le directeur sportif de la JS Saint Julien. Un homme qui connaît les petits clubs de Marseille. Le dialogue était très facile avec lui. » Le propriétaire de l’OM, Frank McCourt a assuré, lundi, lors des réunions avec les groupes de supporters qu’il espère un recrutement axé sur des « jeunes talents prometteurs ». Pablo Longoria a du travail.
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