Il faut croire que tout allait trop bien à Marseille. Présent ce mercredi en conférence de presse, André Villas-Boas a laissé entendre qu’il pourrait vite quitter le club. Le technicien portugais, qui joue franc-jeu depuis le début de son aventure olympienne, a fait comprendre face aux médias qu’il était lassé des contraintes économiques de l’OM et surpris par certaines décisions prises par son président.
Des déclarations qui interviennent alors que Jacques-Henri Eyraud s’est récemment entouré de Paul Aldridge, qui va être chargé de trouver des portes de sortie à certains joueurs marseillais, notamment du côté de l’Angleterre. Une arrivée vue d’un bon œil par Frank McCourt, qui estime qu’Andoni Zubizarreta ne sait pas bien vendre, mais qui n’a donc pas été bien accueillie par Villas-Boas.
L’OM s’est engagé vis-à-vis du fair-play financier
Ce dernier a été quelque peu agacé d’apprendre la nomination d’Aldridge sur le tard. Il voit également à travers ce choix une remise en question du travail accompli par Zubizarreta, dont il est très proche.
« Vous savez que je suis un homme du monde. J’ai quitté mon poste en Chine payé 12 millions d’euros par an pour faire le Dakar. J’étais aussi plus proche d’aller au Mexique ou en Argentine que de revenir en Europe. Comme je l’ai dit, je suis venu ici pour ma relation avec Andoni Zubizarreta », a déclaré ce mercredi l’ancien coach de Chelsea et Tottenham. A ses yeux, voir Aldridge débarquer dans l’organigramme de l’OM est aussi une preuve que le club n’est pas opposé à l’idée de vendre des joueurs cet hiver et que les finances sont plus importantes que le sportif.
Il faut rappeler que l’OM s’est engagé vis-à-vis du fair-play financier à réduire sa masse salariale et à se concentrer davantage sur des ventes que sur d’éventuels achats d’ici le 30 juin prochain. Si l’OM ne vend pas cet hiver, la pression sera énorme dans quelques mois, alors qu’il est très compliqué de vendre des éléments dès le mois de juin une année où un Euro a lieu. « Je savais en arrivant que la situation économique du club était prioritaire à l’aspect sportif. Mais normalement ce qui aide les clubs à vendre ce sont les performances sportives, qui sont au top actuellement. Je pense que l’intérêt du club est donc de maintenir ces performances au top, d’atteindre les objectifs, et ensuite de voir à la fin de saison en fonction des offres », a commenté Villas-Boas, qui a notamment très mal vécu le départ de Luiz Gustavo l’été dernier vers Fenerbahçe.
Du Bielsa chez Villas-Boas
Il regrette aujourd’hui de ne pas avoir de garantie sur ce que fera l’OM cet hiver sur le marché des transferts. Il s’étonne aussi de l’absence de politique sportive: pas de rénovation ni de discussion avec des joueurs prochainement en fin de contrat, pas d’anticipation sur la saison prochaine, pas de garantie sportive. Lors d’une récente entrevue avec Eyraud, il a clairement répété qu’il était important à ses yeux de ne pas affaiblir son équipe, qui occupe actuellement la deuxième place de la Ligue 1 derrière le PSG et est toujours engagée en Coupe de France. Il a fait passer le même message en conférence de presse. Avec un silence et une réponse qui en disaient long sur sa réflexion au moment de répondre aux questions sur son avenir.
« Je devrais répondre avec franchise mais je ne peux pas. Je dois faire attention à ce que je dis », a soufflé Villas-Boas. Des propos qui rappellent une conférence de presse de Marcelo Bielsa restée dans les mémoires du côté de Marseille. Une fois le mercato estival bouclé, l’Argentin avait convoqué la presse le 4 septembre 2014 via un mail envoyé en pleine nuit au service communication de l’OM pour expliquer sa volonté de parler aux journalistes. Devant les médias, Bielsa avait alors tiré à boulets rouges sur Vincent Labrune, coupable selon lui de lui avoir menti sur la capacité financière de l’OM à recruter. « Que le président sache qu’il vendra ses joueurs beaucoup plus chers en fin de saison et que je vais permettre à cet effectif d’avoir une valeur marchande plus importante », avait lancé Bielsa. Un discours proche celui de Villas-Boas.
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