Lyon a débuté la saison de Ligue 1 par deux contre-performances face à Brest et Angers. Au-delà des résultats, les prestations de l’équipe entraînée par Peter Bosz inquiètent et le mercato estival confirme en partie les problèmes structurels du club rhodanien.
Quatrième de Ligue 1 la saison passée et devancé de peu par Monaco dans la course au podium et à la Ligue des champions, l’OL connait un début d’exercice 2021-2022 compliqué. Tenue en échec à domicile par Brest (1-1) puis humiliée à Angers ce dimanche (3-0), l’équipe rhodanienne a déçu.
17e du classement de Ligue 1 après les deux premières journées, les Gones comptent déjà trois longueurs de retard sur l’OM et Nice, deux concurrents désignés pour l’Europe. Seule bonne nouvelle, les Lillois et les Monégasques ne sont pas au mieux. Insuffisant pour redonner le sourire à des supporters qui n’ont pas caché leur désarroi après la lourde défaite angevine.
Bosz fracasse l’état d’esprit du groupe
Face au SCO, Lyon a coulé et les cadres se sont noyés sur la pelouse du stade Raymond Kopa. Anthony Lopes a commis une faute de main sur le premier but, Karl Toko-Ekambi a raté une occasion devant le but vide, Maxwel Cornet et Léo Dubois étaient dépassés, et Marcelo…
Eh bien… le Brésilien, attendu comme un leader de l’équipe, a fait preuve d’une incroyable fragilité dans son duel avec le très jeune Mohamed-Ali Cho (17 ans). Après le cuisant revers de son équipe, Peter Bosz a regretté les erreurs du collectif et surtout l’incroyable manque d’envie de ses joueurs.
« Nous n’avons pas vu vraiment une équipe qui veut gagner, cela me dérange. On peut parler de la défense, ou de performances individuelles. Mais le football commence avec la mentalité de vouloir gagner un match, a taclé le technicien néerlandais en conférence de presse. Là-dessus, il faut donner 100%. Je l’ai vu du côté d’Angers, mais pas dans mon équipe. »
Et l’ancien coach de l’Ajax, demi-finaliste de la Ligue des champions en 2019, de préciser quitte à repasser à l’Anglais pour mieux se faire comprendre: « Notre mentalité n’était pas bonne. Je ne suis pas vraiment inquiété mais it makes me crazy (sic). »
Des joueurs pas adaptés à la méthode Bosz?
En quelques semaines à la tête de l’équipe première, Peter Bosz en perd déjà son français. L’ancien joueur passé notamment par Toulon semble comprendre qu’il aura besoin d’un peu plus de temps pour mettre en place sa tactique et son style de jeu. Adepte du 4-3-3 et d’un football basé sur la possession, l’union avec Lyon pourrait faire des merveilles mais le jeu reste assez poussif jusqu’ici.
Contre Angers, la volonté de relancer court depuis la défense a clairement été visible Mais les imprécisions techniques ont mis la défense sous pression. Et elle a fini par craquer et concéder (ou offrir) des occasions aux Angevins qui n’en demandaient pas tant. La défense, c’est peu justement là où le bât blesse à l’OL.
Après trois victoires prometteuses en tout début de préparation estivale, l’équipe chère au président Aulas a sombré derrière avec 14 buts encaissés en cinq matchs.
De l’aveu même de Peter Bosz, Brest ou le SCO aurait pu en marquer plus en championnat. En jouant très haut dans sa moitié de terrain, la défense lyonnaise doit se montrer impeccable et limiter les pertes de balle. Trop juste techniquement, ou friables mentalement, certains joueurs ont montré leurs limites.
Quelques absents ou retour tardifs
Tout juste auréolé d’un titre olympique à Tokyo avec le Brésil, Bruno Guimaraes a disputé ses premières minutes de la saison avec Lyon contre le SCO. Si son retour aurait pu faire du bien, il a semblé un peu précipité et le milieu auriverde n’a finalement pas apporté grand-chose. Idem pour Lucas Paqueta, également de retour, après avoir perdu en finale de Copa America et enchaîné par plusieurs semaines de congés. Pas à 100%, le maître à jouer de l’OL n’a pas su métamorphoser le jeu de son équipe comme il l’a fait tant de fois en 2020-2021.
En attaque, Jeff Reine-Adélaïde aurait pu apporter sa touche technique sur un côté et ainsi permettre à Islam Slimani de briller dans l’axe mais le milieu offensif soigne actuellement une nouvelle blessure de longue durée au genou. Taulier de la défense, Jason Denayer manque cruellement. Le central belge se remet avec difficulté du Covid-19.
Un mercato limité
Histoire de compenser les absences temporaires de certains joueurs majeurs de l’équipe, Peter Bosz aurait pu composer avec les recrues estivales. Mais là encore, l’OL n’a pas spécialement brillé. Si le président Aulas rappelle à l’envi que le club n’a pas urgemment besoin d’argent, Lyon s’est montré assez chiche au niveau du recrutement.
Outre la promotion de certains jeunes issus du centre de formation comme Castello Lukeba, Malo Gusto ou Florent Da Silva, la formation rhodanienne n’a recruté que deux joueurs…pour un total de zéro euro.
Le Brésilien Henrique et Damien Da Silva sont arrivés libres pendant le mercato estival. Aussi bien le latéral gauche, qui découvre l’Europe à 27 ans, que l’ex-Rennais semblent plutôt avoir le profil de second couteaux dans la rotation que de titulaires indiscutables.
Damien Da Silva à l’échauffement de l’OL © Icon Sport
Au rayon des départs, Lyon a finalement vendu pour près de 30 millions d’euros, quitte à se séparer de joueurs prometteurs comme Jean Lucas (11M€ vers Monaco) ou Melvin Bard (3M€ vers Nice). En attaque, Memphis Depay n’a toujours pas été remplacé et si le groupe semble bien fourni dans l’axe il lui manque peut-être un ou deux ailiers.
Reste désormais si l’OL va recruter d’ici la fin du mercato. Les profils de Xherdan Shaqiri et surtout Layvin Kurzawa plaisent à la direction. Encore faut-il trouver des accords avec Liverpool et le PSG pour le Suisse et l’international tricolore. La fin de l’été s’annonce rythmée et pourrait aussi permettre de retrouver un Houssem Aouar à son meilleur niveau. Comme perturbé par les rumeurs autour de son avenir, et une hospitalisation express, le meneur de jeu n’y arrive pas en ce début de saison.
Bosz-Juninho, un décideur de trop?
Il faut remonter jusqu’à la saison 2010-11, pour voir l’OL entamer une saison de Ligue 1 par deux matchs sans victoire. Un début d’exercice compliqué où l’on cherche nécessairement des responsables. SI Peter Bosz gère le terrain, Juninho s’occupe du mercato. Officiellement, l’entente est toujours bonne entre les deux hommes. En même temps difficile de faire pire qu’entre le Brésilien et Rudi Garcia… L’entraîneur et son directeur sportif ont des tâches bien identifiés au club. Le technicien batave l’a rappelé pas plus tard que vendredi, à deux jours de la déroute contre Angers.
« Ce n’est pas moi qui décide, c’est Juni, Juninho. Depuis que je suis là, j’ai tous les jours des contacts avec Juninho et cela se passe très bien, a expliqué Peter Bosz en conférence de presse. C’est important aussi parce que c’est important que j’apprenne la manière de penser de Juninho, comment il voit les joueurs, comment il voit notre jeu. Comme il a beaucoup d’expérience surtout dans ce club ici à Lyon, moi je n’en ai pas, donc c’est très important. On a un bon contact et je suis en très bon contact avec lui, on parle tous les jours. Même quand je sors d’ici, je vais encore boire un café avec lui et là on parle foot, on parle de notre effectif, on parle football. »
Peter Bosz lors de la présentation à Lyon © AFP
Dimanche prochain lors de la troisième journée de L1, l’OL recevra Clermont au Groupama Stadium (13h). Face au surprenant promu auvergnat, auteur d’un sans-faute en deux journées, les protégés de Peter Bosz n’auront plus le droit à l’erreur. Il faudra gagner afin de ne pas signer le pire début de saison du club depuis 2000-2001.
Il y a 21 ans, les Gones avaient attendu la cinquième journée pour battre un adversaire… avant d’échouer à quatre points de Nantes dans la course au titre. Une qualification en Ligue des champions ne se gagne pas dès les mois d’août mais Lyon doit rapidement se reprendre afin de ne pas perdre trop de terrain face à ses concurrents directs.
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