Dans un entretien donné à L’Equipe, Jean-Michel Aulas reconnaît avoir été extrêmement déçu par Andrea Agnelli, un des principaux instigateurs de la Super League. Le président de l’OL était jusqu’à présent proche de son homologue turinois.
Un menteur. Un roi de la trahison. Un champion du double jeu. Andrea Agnelli serait tout cela à la fois. Héritier d’une riche famille italienne, entrepreneur formé au marketing et aux commandes de la Juventus depuis 2010, ce dirigeant de 45 ans s’est attiré les foudres des supporters et d’un nombre incalculable de clubs et de joueurs en étant le principal instigateur du projet Super League.
Soutenu par Florentino Pérez, le tout-puissant président du Real Madrid, il a tout fait pour lancer ce championnat semi-fermé réunissant des cadors européens. En ne reculant devant rien et en n’hésitant pas à trahir certains proches.
Aulas était « proche » d’Agnelli
« Je n’ai jamais vu une personne mentir aussi fréquemment et avec une telle persistance. C’est incroyable. J’ai discuté avec lui samedi après-midi. Il m’a dit ‘ne t’inquiète pas, ce sont des rumeurs, je t’appelle dans une heure’, puis il a éteint son téléphone », racontait lundi Aleksander Ceferin, patron de l’UEFA et accessoirement parrain d’une des filles d’Agnelli. Si la Super League s’est rapidement dégonflée, avec les défections successives des clubs mutins, l’attitude d’Agnelli risque de laisser longtemps un goût amer à Ceferin. Même constat pour Jean-Michel Aulas.
Lui aussi a le sentiment d’avoir été trahi par son homologue turinois. « J’en ai discuté avec le président Aleksander Ceferin à Montreux. Je lui ai raconté que j’avais essayé d’appeler Andrea Agnelli dimanche et qu’il ne m’avait pas répondu. Aleksander Ceferin m’a dit que lui-même n’avait pas pu l’avoir en direct. Cela nous met mal à l’aise parce qu’Andrea Agnelli, dont j’étais proche, avait toute notre confiance. Il y avait une relation personnelle et professionnelle. Il y a une énigme qui nous transperce. La forme surprend encore plus que le fond », reconnaît le président de l’OL dans un entretien donné à L’Equipe. Il n’y a pas si longtemps, Aulas présentait même Agnelli comme un « ami », avec qui il prévoyait de faire des transferts à l’avenir.
« La déception est immense »
C’est ce qu’il disait en août 2020 quand il était interrogé par le quotidien italien Tuttosport sur les rumeurs envoyant Houssem Aouar à Turin. « La déception est immense sur l’homme. J’aurais au moins aimé qu’il dise, samedi ou dimanche, qu’il allait se passer quelque chose. Il avait sûrement de bonnes raisons, mais on ne les a pas connues… Ça crée un vrai problème de fond. J’ai le sentiment d’avoir été floué », concède Aulas auprès de L’Equipe, de disant « furieux de la manière dont cela s’est passé ».
Avec l’énorme fiasco de la Super League, un projet mort-né, l’image d’Agnelli se retrouve sérieusement écornée. Ayant démissionné de ses mandats au sein de l’UEFA et de l’Association des clubs européens (ECA), il a également perdu beaucoup d’influence et s’est mis à dos une bonne poignée de dirigeants européens.
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