« Il était fait pour l’OM et pour Marseille ». Le constat de Rolland Courbis est assurément partagé par de nombreux acteurs du football, qui a appris mardi la mort de Pape Diouf. Emporté par le coronavirus à l’âge de 68 ans, l’ancien journaliste et agent de joueurs était devenu une grande figure du ballon rond français en se retrouvant à la présidence de l’Olympique de Marseille de 2005 à 2009. Il a su gagner le coeur des supporters, malgré une absence de titres. Mais sa direction a assurément été marquée par plusieurs moments forts.
Les « minots » pour affronter le PSG au Parc
Le 5 mars 2006, le Paris Saint-Germain reçoit l’Olympique de Marseille. Le contexte est tendu: Pape Diouf est en conflit ouvert avec la Ligue de football professionnel, car il dénonce un faible nombre de places accordées aux supporters phocéens au sein du Parc des Princes. Après un bras de fer médiatique de plusieurs jours, il prend la spectaculaire décision de ne pas faire jouer la meilleure équipe mais d’envoyer des remplaçants et des membres de la réserve qui évoluent en cinquième division (CFA 2).
Exit Fabien Barthez, Franck Ribéry, Mamadou Niang ou encore Lorik Cana. Place donc aux fameux « minots », emmenés par Alain Cantareil en tant que capitaine. Inconnus du grand public, ils parviennent à la surprise générale à arracher un héroïque 0-0 face aux coéquipiers de Pedro Miguel Pauleta et devant près de 44.000 spectateurs.
Son bras de fer avec Franck Ribéry
À l’été 2006, avant le début de la Coupe du monde en Allemagne, le mercato français s’enflamme autour de Franck Ribéry. Le virevoltant ailier est courtisé par l’OIympique Lyonnais. « Aulas lui avait fait la danse du ventre », s’était rappelé Pape Diouf dans l’émission Le Vestiaire de RMC Sport. Le président fait alors rapidement savoir qu’il n’a nullement l’intention de s’en séparer.
Mais en août, le finaliste malheureux du Mondial prend la parole au JT de 20 heures de TF1 pour demander son départ. « S’il avait encore une chance sur mille de partir, il venait de la perdre, avait commenté Pape Diouf en 2016. Il est venu me voir, deux jours après. Mon assistante me dit qu’il voulait me voir. Je ne l’ai pas reçu tout de suite. J’ai d’abord lu mes journaux, parce que c’est ce que j’avais envie de faire. Puis je l’ai fait venir et je me suis mis debout. Il était assis ».
Pape Diouf avait alors raconté ce qu’il lui avait dit: « Tu as ma parole d’homme et d’honneur que si on me donnait une indemnité comme jamais l’OM n’a touché dans son histoire, tu ne partirais quand même pas. La deuxième chose, c’est que si tu ne veux pas jouer, libre à toi. Mais tu joueras en réserve. Si tu ne veux pas non plus, je ne te paierai pas. À toi de choisir ». Franck Ribéry avait finalement accepté son sort et obtenu un bon de sortie l’été suivant, en 2007, pour le Bayern Munich.
Sa dernière saison, base du succès de 2010
Sous ses ordres, les résultats sont notables et le club se maintient dans le Top 5 durant tout son mandat. Lors de sa cinquième et dernière saison, l’OM manque de peu le titre. Entraîné par Éric Gerets, le club était pourtant aux commandes du classement à trois journées de la fin avant d’être coiffé au poteau par les Girondins de Bordeaux.
Mais avant d’être débarqué par l’actionnaire Robert-Louis Dreyfus, qui lui reproche notamment des divergences avec Vincent Labrune, Pape Diouf pose les bases du titre de champion de Ligue 1 en 2010. « Mais c’est lui qui choisit Deschamps [comme entraîneur] et fait le recrutement », se souvient Rolland Courbis, membre de la Dream Team RMC Sport.
Mis sur la touche par Robert Louis-Dreyfus
Avec sa verve littéraire et fleurie, Pape Diouf s’était fait des détracteurs au sein de l’OM. Lors d’une crise de gouvernance qui a émaillé la saison 2008-2009, il était ainsi entré en conflit avec le président du conseil de surveillance Vincent Labrune. Au mois de juin 2009, quelques jours avant sa mort, l’actionnaire Robert Louis-Dreyfus finit par le débarquer pour des « divergences ». « Il a été un grand président qui a oeuvré pour le bien de l’Olympique de Marseille. Sportivement, il a su hisser le club au plus haut niveau français », avait malgré tout salué le riche homme d’affaires suisse.
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