Invité de l’After Foot ce mardi sur RMC, Christophe Bouchet est revenu sur son rapport avec Bernard Tapie. Président de l’OM entre 2002 et 2004, après le deuxième passage de Tapie au club, Bouchet a salué « un homme qui fait partie de la légende » du club phocéen, sans pour autant omettre les zones d’ombre.
Christophe Bouchet possède quelques points communs avec Bernard Tapie: ancien chef d’entreprise, homme politique mais aussi ancien président de l’OM. « Tapie a contribué à ce que je pense que tout était possible, a souligné ce mardi dans l’After l’homme qui a aussi été journaliste à Marseille, pour l’AFP, à la fin des années 1980. C’est la force de Tapie. (…) Ce qu’il a fait et ce qui est réel, c’est qu’il a su communiquer aux générations successives que tout était possible. Il y en a qui y ont cru. »
Décédé dimanche dernier à l’âge de 78 ans, Bernard Tapie a reçu de multiples hommages. Auteur de trois livres sur l’ancien homme d’affaires, Christophe Bouchet connaît bien le personnage. « La fascination pour Bernard Tapie, elle est chez tout le monde. Je ne connais pas quelqu’un qui ne soit pas fasciné par lui. En revanche, je n’ai pas d’admiration pour Tapie, a expliqué Christophe Bouchet ce mardi, sur RMC. C’est une différence. Tu peux être fasciné par un fauve sans pour autant t’en approcher. »
« Ils prennent le personnage avec ses envies, ses excès, ses torts »
« C’est un homme d’instinct, d’instant, de coups, mais ce n’est pas un manager », définit ainsi Christophe Bouchet à propos de Bernard Tapie. La relation entre les deux hommes n’était pas des plus cordiales non plus. « Je ne suis jamais rentré dans sa zone d’attraction. Je suis toujours resté à distance. Je ne sentais pas le type, il ne me sentait pas. Il y avait une réciprocité », a rappelé avec franchise Christophe Bouchet, qui a dirigé l’OM entre 2002 et 2004.
Mais pour beaucoup de supporters de l’OM, Bernard Tapie reste le « Boss », celui qui a réussi à ramener la victoire en Ligue des champions en 1993. « Tapie fait partie de la légende. Tous ceux qui l’adorent, ils connaissent ses zones d’ombre. Cela ne les dérange pas. C’est le roman français. Ils prennent le personnage avec ses envies, ses excès, ses torts, a analysé Bouchet sur la popularité de Tapie pour les supporters de l’OM. J’ai débusqué l’animal en 1992. Il a une capacité d’assimilation hors du commun. C’est un type qui est une éponge, il comprend vite. Il a compris que l’OM allait être un show. Il le dit lui-même. 38 fois dans l’année, il a fait le show, mais aussi pendant les transferts. A partir de 1988-1989, il plane, c’est l’homme tout-puissant. »
« VA-OM, Il n’y a pas un journaliste sportif en France qui était surpris à l’époque »
Mais le succès en Ligue des champions en 1993 a rapidement été gâché par l’affaire VA-OM, qui a valu notamment la perte du titre de champion de France en 1993 pour l’OM, et un passage en prison pour l’homme d’affaires. Lors du procès, Christophe Bouchet était journaliste pour l’AFP, à Lille, et a donc couvert l’affaire. « Je n’ai jamais été contre Tapie, j’ai juste décrit les choses et vérifié, a commenté Bouchet. Tapie était le roi des excès. Il n’y a pas un journaliste sportif en France qui était surpris à l’époque. Tapie était obnubilé par l’environnement du match et par tous les paramètres extérieurs du football: les arbitres, les joueurs en face, ses propres joueurs. Donc il n’y a pas un journaliste qui pouvait être surpris. »
Revenu en 2001-2002 à l’OM, Bernard Tapie occupait alors un rôle de directeur sportif. Christophe Bouchet avait pris la suite de Tapie. Au total, pour son deuxième passage, l’ancien président a recruté 28 joueurs. « Robert-Louis Dreyfus n’avait pas envie de gérer alors que l’OM allait mal. Tapie ne pensait qu’à revenir. Dreyfus m’avait dit que si Tapie revenait et gagnait, tant mieux, et s’il perdait, ça purgeait le problème, a détaillé Bouchet. Mais en 1994, c’est l’arrêt Bosman qui change le monde du football. Il n’y avait aucun joueur de premier ordre. Vous avez envie de montrer au monde entier que vous êtes le meilleur. Il aurait dû partir dans le handball ou le basket. »
S’il reconnaît notamment « l’intelligence et la fulgurance » de Bernard Tapie, Christophe Bouchet a aussi souligné le « courage physique » de son prédécesseur au poste de président de l’OM. « Je l’ai vu faire des choses invraisemblables sur un plan physique. A Furiani, il s’était démultiplié. Il impressionnait aussi. Les joueurs avaient peur de lui parce qu’ils avaient peur de se prendre une tarte, a expliqué Bouchet. Il dégageait quelque chose, il avait ce courage que je n’ai pas.. »
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