Oppposé au Bayern Munich jeudi soir en finale du Mondial des clubs, André-Pierre Gignac peut remporter le seul titre majeur qui lui manque avec les Tigres et parachever six années folles où il a empilé les records, les trophées et gagné l’admiration de toute une ville.
Six ans après avoir quitté le Vieux Continent, André-Pierre Gignac (35 ans) va retrouver les projecteurs européens jeudi soir quand ses Tigres de Monterrey défieront le Bayern Munich en finale du Mondial des clubs (19h).
Exilé volontaire au Mexique depuis juin 2015, « El Bomboro », surnom tiré d’une chanson en son hommage, s’offre une ultime revanche sur ceux qui avaient assimilé son choix de carrière à un abandon du très haut niveau. Depuis, Gignac est passé à quelques centimètres d’offrir l’Euro 2016 aux Bleus et s’est construit le plus beau palmarès d’un Européen au Mexique.
Les statistiques d’une légende
En six saisons, Gignac a dépoussiéré l’armoire à trophée de son nouveau foyer et a inscrit son nom dans le livre des records du football mexicain. Le record de buts avec les Tigres ? « El Bomboro » s’en est emparé en août 2019 et n’a pas hésité à se chauffer avec son ex-propriétaire, Tomas Boy (104 buts), alors entraîneur de Chivas.
« Il pourra me dépasser en nombre de buts, mais en qualité, je suis à un autre niveau », a lâché l’ex-attaquant, vexé d’avoir vu la tornade Gignac effacer en cinq ans ce record bâti en 13 saisons. En novembre 2020, le Français est aussi devenu le joueur européen le plus prolifique dans l’histoire du championat mexicain.
Buteur pour son premier match, une demi-finale de Copa Libertadores, Gignac a « changé l’histoire des Tigres » expliquait à Ouest-France Samuel Reyes, leader du principal groupe de supporters du club. En 246 matches, l’attaquant totalise désormais 147 buts, dont trois en deux matches au Mondial des clubs.
Un palmarès presque complet
À Monterrey, Gignac a dépoussiéré à grand coups de balai l’armoire à trophée des Tigres. En six mois, le natif de Martigues leur avait déjà offert le Championnat d’ouverture. Le premier de quatre titres nationaux (tournois d’ouverture et de clôture confondus).
Mais le Français a surtout su rester patient pour vaincre une tenace malédiction en Ligue des champions Concacaf. Trois finales perdues en 2016, 2017 et 2019 avaient posé les premières pierres d’une réputation de « loser magnifique » sur le terrain continental.
La veille de Noël, l’ancien olympien a tout fait voler en éclats en inscrivant enfin le but du titre contre le Los Angeles Galaxy, Il peut offrir au Mexique son premier Mondial des clubs jeudi soir à Doha. Une compétition qui lui tient à coeur.
« Cela vaut la peine d’aller à une Coupe du monde des clubs, cela vaut la peine de jouer contre les meilleures équipes de chaque continent et aujourd’hui c’est au tour des Tigres », assurait le Français.
Dans les coeurs et les corps de Monterrey
À Monterrey, Gignac a immédiatement été adopté par les « hinchas », les supporters locaux. Avec les Tigres et le CF Monterrey, la ville compte deux clubs, deux ennemis jurés, deux énormes stades fréquentés avec une assiduité religieuse par les supporters.
Les débuts en trombe de Gignac ont déclenché une passion démesurée. Quatre mois après son arrivée, un premier bébé était prénommé Andre Gignac. Le petit garçon a désormais six ans et son patronyme n’est plus si original. Selon le registre civil de Nuevo Léon, la province de Monterrey, 40 petits « Gignac » ont été enregistrés en 2019.
L’état civil n’est pas le seul service touché par le « boom » Gignac, les tatoueurs de Monterrey ont aussi dû mettre à jour leur catalogue. « Les gens me demandent de signer un autographe sur leur peau qu’ils vont se faire tatouer dans la foulée. D’autres ont mon visage », racontait le Français en 2019 à L’Équipe.
Parfois volcanique, l’ex-buteur marseillais n’a pas hésité à aller s’expliquer avec des supporters adverses en 2017 quand ceux-ci attaquaient ses proches et les fans des Tigres en tribune. Un geste qui renforce encore le culte que lui vouent les irréductibles suiveurs du club.
Un avenir aux Tigres… ou à Boca Juniors ?
À Monterrey, la fin de contrat en juin prochain de natif de Martigues est aussi suivie que le feuilleton Lionel Messi en Catalogne. Chaque propos, chaque interview du Français est disséquée avec attention. Le président des Tigres, Alejandro Rodriguez, a assuré à ESPN qu’il souhaitait prolonger Gignac et « Tuca », l’emblématique entraîneur.
En 2018, le buteur jurait à Multimedios qu’il souhaitait finir sa carrière aux Tigres. Mais la rumeur d’un transfert à Boca Juniors s’est peu à peu épaissie. » Quand je vois la ferveur dans la Bombonera, je meurs d’envie d’y jouer », s’enthousiasmait-il dans France Football en 2016.
Ses plus fervents partisans mexicains s’étonnent encore de son absence en équipe de France. Plus vu en bleu depuis une victoire aux Pays-Bas en octobre 2016, Gignac a fêté ses 35 ans en décembre. Un an de plus qu’Olivier Giroud (34 ans), avant-centre titulaire de Didier Deschamps…
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