Coincé entre la Russie et la Chine, à près de 4.000 km de la France, le Kazakhstan – adversaire des Bleus dimanche dans les qualifications pour le Mondial 2022 – évolue pourtant dans la zone UEFA depuis une vingtaine d’années. Pour des raisons de niveau, mais pas seulement.
Il y a l’Europe « politique », qui ne dépasse généralement pas les pays baltes ou la Grèce, et il y a l’Europe du football. Beaucoup, beaucoup plus vaste. Parlez-en aux Bleus: après leur nul contre l’Ukraine mercredi (1-1), Didier Deschamps et ses hommes ont dû se coltiner environ 7 heures de vol pour parcourir les 4.800 km entre Paris et Astana – désormais Noursoultan – et ainsi affronter le Kazakhstan dimanche après-midi (15h) dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2022.
Situé entre la Russie et la Chine, ce gigantesque état d’Asie centrale aux 19 millions d’habitants, indépendant depuis 1991, participe aujourd’hui à toutes les compétitions organisées par l’UEFA, de clubs comme de nations. Ce qui n’est pas le cas de ses voisins Ouzbékistan, Kirghizistan, Turkménistan et Tadjikistan.
Politique, compétitivité… et argent
Pourquoi ce traitement de faveur? Lorsque la fédération kazakhe a vu le jour en 1992, elle a d’abord été membre de la Confédération de football asiatique (CFA). C’est donc dans la zone Asie que le Kazakhstan a participé aux éliminatoires de la Coupe du Monde 1998 et 2002.
Mais en 2002, justement, le Kazakhstan est devenu un Européen du football. Le 52e membre, avant les entrées du Monténégro (2007), de Gibraltar (2013) et du Kosovo (2016). « Le Kazakhstan cherche à rejoindre l’UEFA depuis 1996 », se félicitait alors le patron du football national. En sortant une justification historico-culturelle: « Nous nous considérons comme nation du football européen. Durant l’époque de l’URSS, nos joueurs participaient aux compétitions européennes. Rejoindre l’UEFA est juste un retour à la normale. » Sur son site officiel, la confédération européenne rappelle qu’une « partie du territoire du Kazakhstan se situe en Europe ». Environ 10%, selon les experts. Ce qui laissait le choix à la fédé kazakhe.
A l’époque, l’autre argument avancé était celui de la compétitivité: se considérant en pleine progression, le Kazakhstan estimait que le niveau n’était pas assez relevé en Asie pour son développement. L’autre raison, non assumée, est financière. Les droits TV aidant, l’UEFA reverse chaque année plus d’argent à ses associations membres que l’AFC. Ce qui aurait pu servir à la croissance du football kazakh.
Peut-on parler de réussite? Si l’on regarde le parcours de l’équipe nationale, qui ne s’est jamais qualifiée pour l’Euro, ni pour le Mondial, non, assurément. Reste que le FK Astana est devenu en 2015-2016 le premier club kazakh à se qualifier pour la phase de poules de la Ligue des champions, avant de participer quatre fois de suite à celle de Ligue Europa, pour même atteindre les 16es en 2017-2018. Une fierté locale. Rappelons aussi qu’en octobre 2018, Astana avait battu le Stade rennais 2-0 en C3. Les Bleus sont prévenus.
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