Il y a un peu plus d’un mois, Niko Kovac se présente face à la presse après un lourd revers sur la pelouse de Lyon (4-1) et endosse les responsabilités: « Nous avons vraiment pris de mauvaises décisions en première période (Monaco était mené 4-0 à la pause) et moi le premier. Je m’inclus là-dedans car je n’ai pas choisi le bon système, la bonne tactique, les bons joueurs ». Ne pas céder à la panique, prendre du recul et recadrer. Voilà le style Kovac. Après l’échec au Groupama Stadium, la leçon semble avoir été comprise. Monaco s’est imposé lors des trois matchs suivants et avec la manière: 4-0 devant Bordeaux, 2-1 dans le derby à Nice, 3-2 après avoir été mené 0-2 face au Paris-Saint-Germain.
« De nombreux milieux de terrain sont devenus des bons coachs »
Niko Kovac a su régler les défaillances de sa jeune équipe à force d’analyses, ce qu’il a toujours fait, avant même d’être entraîneur. Né à Berlin il y a 49 ans, le Croate a passé l’essentiel de sa carrière de joueur outre-Rhin entre le Hertha Berlin, Leverkusen, le Bayern Munich avant de terminer en Autriche, à Salzbourg. Dans la plupart de ces clubs, le milieu défensif a eu la confiance de ses entraîneurs et a souvent porté le brassard de capitaine. « Je jouais milieu défensif et je pense que par nature, c’est un poste à responsabilités. Quand tu es attaquant, tu es focus sur les buts à marquer. Quand tu es gardien, tu veux sauver ton but. Au milieu, tu organises le jeu. Aujourd’hui, dans le monde entier, de nombreux milieux de terrain sont devenus des bons coachs. J’ai été le relais de l’entraîneur dans beaucoup d’équipes », confie-t-il.
Quitte à parfois se mettre en désaccord avec certains de ses boss. « Il était le joueur ambitieux par excellence, expliquait dans les colonnes de L’Equipe du 28 juillet dernier Christian Daum, entraîneur de Kovac lors de son passage à Leverkusen (1996-1999). Si je le mettais sur le banc il venait me voir directement pour m’expliquer pourquoi il devait jouer, pas parce qu’il pensait être le meilleur mais parce qu’il avait réfléchi à la manière d’affronter ses adversaires. Il voulait toujours une justification. Les discutions n’étaient pas toujours faciles mais toujours fructueuses. » Une contestation qu’affirme l’actuel-entraîneur monégasque: « Tous les coachs que j’ai eu m’ont inspiré, j’ai appris de chacun d’entre eux. Parfois oui, j’étais en désaccord et il était important pour moi de donner mon point de vue puis ensuite de voir ce qui était bon, moins bon et éliminer les choses qui n’ont pas marché. »
Le maître à jouer de la sélection croate
En sélection croate également Niko Kovac jouait un rôle essentiel (83 sélections entre 1996 à 2008). Ancien attaquant du club de la Principauté, ex-coéquipier de Kovac en sélection, Dado Prso se souvient: « Il a toujours été comme Deschamps, Pirlo, Lampard, Vieira ou Lamouchi qui étaient des leaders sur le terrain et organisaient le jeu. Il était un leader naturel qui prenait les rênes de l’équipe. Il y avait un coach sur le banc mais aussi sur le terrain. Son charisme, sa détermination, sa volonté… Il respire le football et le football ne peut qu’avancer avec des personnes comme cela. »
Proche des jeunes joueurs, pédagogue, Niko Kovac a réussi à transmettre à son groupe l’envie de travailler. En 2016, après une formation à Salzburg et une expérience peu réussie à la tête de la sélection croate, le natif de Berlin est appelé à Francfort, avec son fidèle adjoint et frère Robert, pour sauver le club de la zone rouge. Il y gagnera ses galons de coach et en repartira deux saisons plus tard après avoir remporté une Coupe d’Allemagne et avoir atteint une demi-finale d’Europa League. « Il est en train de réaliser à Monaco ce qu’il a fait à Francfort, remarque Polo Breitner, spécialiste du football allemand pour RMC Sport. Là-bas il s’était constitué un noyau dur avec des hommes originaires de l’ex-Yougoslavie: le directeur sportif Fredi Bobic et des joueurs comme comme Mijat Gacinovic, Ante Rebic et Luka Jovic. Il y a fait un passage exceptionnel et a réalisé un travail de fond énorme. »
Avant le match face au Paris-Saint-Germain, Niko Kovac avait avoué lors d’un entretien avec Nice-Matin que Giovanni Trapattoni, dont il était l’adjoint à Salzbourg, lui avait un jour dit: « Tu n’as pas besoin de tout connaître, l’important c’est de s’entourer de personnes capables de t’aider. » Proche de Paul Mitchell, d’Oleg Petrov et au centre d’un staff soudé, Niko Kovac semble, à Monaco, mettre en pratique les conseils de son ex-mentor italien, en bon capitaine.
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