L’arrivée de Lionel Messi au PSG est au centre de l’actualité footballistique à travers le monde. Avec des réactions différentes. De l’autre côté de la Manche, beaucoup insistent sur la nature terrible d’une telle opération en plaçant le foot-business au cœur du débat. Et d’autres se plaignent de le voir débarquer dans un championnat comme la Ligue 1.

L’arrivée de Lionel Messi au PSG ne provoque pas les mêmes réactions selon le pays où on se trouve. En France, c’est l’euphorie du côté des supporters du club parisien. En Espagne, « ça fait mal » dixit les médias locaux. Et en Grande-Bretagne, on philosophe sur les temps modernes et le foot-business. Au pays de la richissime Premier League, où Pep Guardiola a pu dépenser plus d’un milliard d’euros depuis son arrivée en 2016 pour bâtir son Manchester City, les conditions dans lesquelles la superstar argentine a dû quitter le Barça – qui ne pouvait plus se le payer en raison d’une masse salariale trop importante par rapport à ses dépenses – ouvrent un débat résumé par le titre d’un article de Miguel Delaney, chef du football pour The Independent: « Le départ en larmes de Lionel Messi de Barcelone est une tragédie du football après une absurdité financière ».

Et le journaliste de développer: « Est-ce qu’un joueur a déjà moins voulu quitter son club? Est-ce qu’un départ a déjà paru moins adéquat, sa nature résumant les absurdités du jeu moderne? (…) Messi est forcé à partir, expulsé. C’était la raison de ses larmes. La vraie raison pour laquelle c’est si triste et si regrettable. On pourrait l’appeler une reductio ad absurdm dans le football, un point au-delà duquel la logique ne va plus. C’est complétement absurde que Messi, un joueur qui inspire tant d’émotions que les fans paieraient plus pour le voir jouer que pour voir n’importe qui le faire, soit mis dehors par des circonvolutions financières et des politiques grotesques. Ce n’est pas ce que le football devrait être. »

Delaney, qui évoque un Messi qui fait partie des joueurs « en partie responsables » d’avoir créé cette folie financière dans le football, poursuit l’analyse: « Il s’est retrouvé au milieu d’une confrontation entre la Liga et les deux gros clubs espagnols, sans oublier les plans toujours en cours pour tenter de faire renaître a Super League européenne. C’est l’un des problèmes du jeu moderne, la taille grotesque des plus gros clubs, gonflés et qui ne se refusent rien dans leurs décisions. (…) C’est pour ça que c’est si lamentable. Et pour ça que le départ de Messi au PSG est déprimant et chiant en lui-même. Le jeu est actuellement structuré de façon à ce qu’un projet de l’Etat qatari fasse partie des rares clubs où Messi puisse aller. (…) Pour un joueur si pur dans son jeu et qui inspire des émotions aussi pures, cela paraîtrait plus raccord s’il n’avait pas choisi un des clubs les plus riches, s’il avait été dans un endroit plus romantique, si ce n’était pas juste l’argent qui allait à l’argent. (…) Mais il y a une sombre inévitabilité de cette opération. »

Du côté du Daily Mail, le journaliste Pete Jenson évoque « une tristesse dans toute cette affaire ». Son collègue Martin Samuel va plus loin avec un titre qui claque: « Messi a quitté un club qu’il n’a jamais voulu quitter pour en rejoindre un qu’il n’a jamais voulu rejoindre ». Et le journaliste de poursuivre: « Il déménage dans une ville où il se foutait d’aller habiter. Il vit le rêve, celui envisagé par les comptables, les hommes de marketing, les avocats, les cheiks qataris et les fans réunis en dehors de l’aéroport dans l’espoir de l’apercevoir. Il ne vit pas le rêve de Messi, cependant, car on sait tous ce qu’il était: continuer de jouer pour Barcelone, continuer de gagner des trophées avec Barcelone et rester avec sa famille à Barcelone. Même le jour où il a dû annoncer en larmes qu’il partait, il parlait déjà du jour où il reviendrait. »

Martin Samuel continue avec une attaque sur la Ligue 1: « Le challenge sera-t-il suffisant pour lui? Est-ce qu’il y a de la motivation pour le match de samedi contre Strasbourg ou pour le déplacement à Brest du 20 août? Neymar a joué 33, 34 et 30 matches de Liga lors de ces trois dernières saisons à Barcelone. Et 20, 17, 15 et 18 matches de championnat dans ses quatre saisons avec le PSG. Il est difficile de ne pas soutenir que ces chiffres reflètent une nécessité comparative. » La conclusion de l’article fait presque rire tant elle est violente et gratuite: « Avant d’arriver, Messi avait échangé son t-shirt moribond pour un avec le slogan ‘Ici c’est Paris’. Il était toujours souriant et avait l’air heureux. Peut-être qu’il n’a pas encore réalisé. »

Moins agressif dans son analyse, logique éditoriale oblige, The Telegraph ne s’empêche tout de même pas un petit tacle via la plume de son chef du football Sam Wallace: « Messi sera une grande curiosité à Paris, la plus chère et exclusive babiole importée par l’état qatari pour le plaisir de la ville et le polissage de la réputation des propriétaires du club ». Le journaliste en place un autre dans un article signé avec son collègue Jason Burt: « On dira, à raison, que ses options étaient sévèrement limitées – Qui pouvait se l’offrir? Qui pouvait lui apporter le profil d’équipe et l’environnement pour le garder heureux? – mais on se fout de ça au PSG ou dans le football français, qui était à ses genoux pour le voir venir ».

Et le sportif dans tout ça? Si tous les médias britanniques soulignent combien Messi a boosté ses chances de remporter une nouvelle Ligue des champions en signant au PSG, la perspective de voir jouer le génie argentin en Ligue 1 ne passionne pas. Ancien joueur de haut niveau (notamment passé par Chelsea et Tottenham), Jason Cundy s’est lâché dans l’émission qu’il présente sur talkSPORT, The Sports Bar: « Est-ce que ce n’est pas un peu ennuyeux? Je m’ennuie déjà devant tout ça… Messi qui va au PSG, c’est chiant. Personne ne va le voir jouer. » Et d’interpeller le journaliste présent avec lui: « Est-ce que tu vas regarder la Ligue 1? »

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Devant la réponse positive, Cundy repart sur la même veine: « Il n’a pas encore frappé dans un ballon avec son nouveau maillot et je m’ennuie déjà. Messi au PSG? Ennuyeux. Mbappé au PSG ? Ennuyeux. Mais qu’est-ce qui se passe là-bas? Il y a beaucoup d’argent, OK, je comprends ça. Mais honnêtement, c’est chiant. » Relancé sur l’envie de voir ce que l’ancien Barcelonais va donner dans le championnat français, l’ancien joueur conclut avec une référence à la Ligue 1 qui forme des joueurs avant de les vendre à l’étranger: « Quoi? Mais on sait qu’il va y arriver! Il va jouer contre une bande de fermiers! » Il aurait sans doute préféré le voir en Premier League. Où l’argent ne serait pas entré en compte, bien entendu…

https://rmcsport.bfmtv.com/football/transferts/messi-a-paris-au-pays-de-la-richissime-premier-league-la-presse-critique-le-foot-business_AV-202108110100.html

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