La photo, publiée en plein mois de juin, a instantanément fait le tour des réseaux sociaux. On voyait sur celle-ci un adolescent chevelu au t-shirt rouge, entouré d’Alassane Pléa, l’attaquant français du Borussia Mönchengladbach, et d’un Steve Mandanda… méconnaissable. Joues creuses, crâne presque rasé et jambes de marathonien dans son short noir, le portier de l’OM semblait avoir perdu cinq ans et le double en kilos par rapport à sa dernière apparition sous le maillot phocéen, un mois plus tôt. Ah oui, le cliché était aussi accompagné d’une localisation: Merano, Italie.

C’est là, comme Karim Benzema, comme André-Pierre Gignac, Didier Deschamps, Laurent Blanc, Bafé Gomis, Arsène Wenger, et bien d’autres avant lui, que le gardien international est allé s’affûter avant la nouvelle saison. Et si depuis, le visage a repris quelques formes, les performances d' »Il Fenomeno », excellentes depuis le début de l’exercice 2019-2020, n’ont fait que renforcer la légende du célèbre et mystérieux Merano.

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Qu’est-ce que Merano? C’est déjà une petite ville italienne, donc. Une cossue cité thermale d’environ 40.000 âmes située dans le Sud-Tyrol, à 325 mètres d’altitude et quelques bornes de l’Autriche. Mais Merano, pour ce qui nous intéresse, c’est surtout un palace éponyme. Une machine, dorée, à transformer les corps.

Fruits en entrée, poisson en dessert, massages et prises de sang

Construit au début du XXe siècle, dans un parc en cœur de ville, le Palace Merano est une somptueuse bâtisse de style néo-classique, à la façade zébrée de colonnes blanches. Derrière l’établissement se trouve un jardin botanique, ainsi qu’une grande piscine extérieure, surplombée d’un pavillon plus moderne. A l’intérieur, un hall tapissé de marbre où l’on peut apercevoir quelques riches visiteurs en peignoir, des chambres sobres mais forcément luxueuses, une salle de sport, une deuxième piscine, un bar à tisanes – inutile d’y commander un scotch – ainsi que deux salles à manger (les « restaurants diététiques ») où le client prend scrupuleusement la peine de mâcher plusieurs dizaines de fois chaque fourchette mise en bouche, avant de l’arroser à la spécialité locale, l’eau citronnée.

Merano, vu de face Palace Merano – Merano, vu de face

C’est à table, que se joue une grande partie de la cure. « A Merano, tu passes par plusieurs phases. D’abord, ils te réapprennent à manger: tu commences par le dessert, donc les fruits, ensuite tu avales des crudités, puis tu finis par un plat comme du poisson, en quantité très infime », raconte Julien Faubert. L’ancien joueur de Bordeaux, de West Ham ou encore du Real Madrid s’offrait une semaine au Palace à chaque intersaison après y avoir perdu huit kilos dès son premier essai, en 2006. « Tu as une aussi une journée de jeûne, poursuit-il. Là c’est très difficile, tu as mal à la tête. Mais pour moi c’était efficace, parce que je continuais à faire beaucoup de sport à côté. »

Comme nombre d’athlètes, Faubert allait à Merano pour chasser les kilos superflus. « Mais Merano, ce n’est pas que la perte de poids, précise-t-il rapidement. C’est tout un processus de détox, de remise en forme. Tu as un gros suivi médical. Ils te font une prise de sang en arrivant, ils regardent tes éventuelles carences, ils te donnent des compléments, des vitamines… Ils font vraiment attention à tout. »

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« J’ai perdu 5 ou 6 kilos en une semaine », dit Asloum qui en pesait… 55

En parallèle, les clients ont tous un large catalogue de soins à leur disposition: hydro-aromathérapie, bains en tout genres, acupuncture, réflexologie, massages drainants… Certaines pratiques sont agréables, d’autres un peu moins: on pense à la purge, cette nuit agitée à laquelle ont droit les visiteurs après avoir avalé un sachet de chlorure de magnésium, mais pas seulement. « Il y a un autre truc qui s’appelle le lavage du colon, rigole Faubert. C’est très sain, ça permet de nettoyer tous les intestins et de mieux assimiler les aliments. C’est spécial, mais c’était toujours la même personne qui s’occupait de moi, elle avait l’habitude me voir. Je ne dirais pas qu’on est devenu intimes, mais bon… »

Merano, vu de dos Palace Merano – Merano, vu de dos

Brahim Asloum, lui, n’avait « pas spécialement envie de prendre un truc dans le ‘uc' ». Vu de loin, le boxeur poids mouches, champion olympique 2000, n’avait pas spécialement besoin non plus de s’alléger. Il a pourtant poussé les portes de Merano vers la fin de sa carrière pro. « J’y suis allé deux ou trois fois, confie-t-il. J’étais à 55 kilos et il fallait que je descende à 48, un poids que je n’avais plus fait depuis les JO. Donc ça demandait de taper un peu plus dans la masse musculaire tout en gardant de l’explosivité. »

Il ne regrette pas le voyage: « Tu es dans un cadre différent de ton quotidien, tu es immergé. On ne va pas se mentir, tu ne manges pas grand-chose pendant une semaine. Et à côté tu as surtout des soins pour drainer, pour enlever les toxines. C’est de la détox pure. Les quatre premiers jours, tu es extrêmement faible, et puis après tu reprends des couleurs. Bizarrement, c’est comme si on te mettait les batteries à zéro et qu’on te rechargeait à fond. J’ai perdu cinq ou six kilos en une semaine, ce qui est déjà énorme pour moi. C’est très hard, mais j’avais un objectif et je l’ai atteint. » En suivant, comme les autres, les conseils de l’ex-maître des lieux: le « gourou » de la détox, Henri Chenot.

De Cannes à Merano, en passant par Courbis

Car le succès de Merano est avant tout celui d’un Français de 76 printemps. Un homme qui a réussi à attirer, depuis près de trente ans, la crème de la crème des athlètes dans son cabinet. Et qui a donc inventé la « méthode Chenot » – marque déposée. « Docteur Chenot », comme le nomment nombre de footeux, n’est pourtant pas médecin. Et ne prétend pas l’être. Né en 1943, ce Catalan d’origine – qui a tout de même obtenu un doctorat en psychologie aux Etats-Unis – a étudié de manière autodidacte la biologie, la médecine chinoise, la naturopathie. Et a décidé de faire sa sauce avec tous ces ingrédients.

Henri Chenot Chenot Palace Weggis – Henri Chenot

Qui de mieux, pour raconter son ascension, que le précurseur, le pionnier de Merano: l’inénarrable Rolland Courbis. « C’est moi le responsable de tout ça, lâche le coach. J’ai connu Henri Chenot en 1977-1978, quand je jouais à Monaco et qu’on se battait pour le titre. En fin de saison, il restait cinq matchs je crois, et il nous fallait gagner les cinq pour être champions. Sauf qu’on était au bout du rouleau. Et à ce moment Chenot avait un programme dans une clinique à Cannes. Il soignait le genou de Bathenay, il commençait à y avoir un bon bouche-à-oreille autour de lui. On parlait d’un mec qui se servait de pommades révolutionnaires pour l’époque, et se basait sur la médecine chinoise, l’acupuncture… Alors il nous a donné un coup de main. Une ou deux fois par semaine, on allait à Cannes pour profiter de massages avec des huiles qu’on n’avait pas l’habitude d’utiliser. Niveau diététique, il n’y avait rien de spécial encore, c’était du bio, mais assez classique. Et puis on gagne les cinq derniers matchs, et on remporte le titre. Je ne dis pas que c’était uniquement grâce à lui, mais il nous a requinqués pour bien finir la saison. »

Quelques mois plus tard, l’aventure de Chenot dans la clinique cannoise se termine en eau de boudin. Le Catalan fait une pause, avant un nouveau départ. « Au début des années 80, je lui présente la comtesse Rizzoli et son mari, qui détiennent le Corriere della Sera et ont des relations avec tous les médias italiens, poursuit Courbis. A ma demande, ils lui font rencontrer les patrons de toutes les revues, comme Oggi, ou Gente, et Henri a l’occasion d’expliquer sa méthode dans chaque hebdo ou mensuel… Ça plait bien aux gens, même si à l’époque ils ne sont pas aussi sensibles à ces thèmes qu’aujourd’hui. Il lui vient alors l’idée de monter un établissement à Solda, à une heure de Merano. » Le commencement des cures Chenot, et du succès.

Quarante ans plus tard, Rolland Courbis se targue d’avoir été, avec son compère Didier Christophe, de la première fournée de curistes. « C’était en 1982, note-t-il, l’intersaison où je passe de Monaco à Toulon. J’avais pris un peu de poids, j’avais fait un peu le con dans les sorties, j’avais quelques pépins physiques, un problème à un genou, des contractures et des élongations par-ci, par-là. Mais je ne voulais pas que Toulon soit un échec, je voulais bien terminer ma carrière. Alors j’avais fait deux cures à la suite. Et cette saison-là, j’ai joué 34 matchs sur 34 en championnat. C’est la première fois que ça m’arrivait, à 29 ans. »

Coach Courbis, avec Toulon en 1990 Icon – Coach Courbis, avec Toulon en 1990

Courbis n’est pas le seul à se montrer satisfait de la méthode Chenot. Face à la demande, Solda devient trop étroit. Alors, en 1984, Henri Chenot migre à Merano. Mais pas encore au Palace. C’est à l’hôtel « Villa Eden » que le Français pose d’abord ses bagages et ouvre un espace dédié avec son épouse Dominique. Il y restera une dizaine d’années, pour parcourir en 1994 les quelques hectomètres le séparant du Palace. Et lancer la folle aventure. « J’avais directement affaire avec lui, il supervisait tous les sportifs de haut niveau, témoigne Julien Faubert. Henri Chenot, il t’explique tout, ce que tu vas faire, ce que tu dois faire, il s’occupe aussi de tes douleurs… Moi je travaillais beaucoup sur mes lombaires, parce que j’avais des problèmes. Il était vraiment à l’écoute. »

« La batterie des sportifs est vide: avec la méthode Chenot, on les aide à se recharger »

Remarquable timing, le spécialiste vient tout juste de quitter le Palace Merano après deux décennies et demie de bons et loyaux services. En raison de « divergences » avec la direction, mais surtout pour ouvrir le 1er mai prochain le « Chenot Palace », sa propre structure – tout aussi fastueuse – à Weggis, en Suisse, sur les rives du Lac des Quatre Cantons.

Dans cette période un peu particulière, Henri Chenot nous a renvoyé vers un proche collaborateur, le médecin grec George Gaitanos, « directeur scientifique » de son groupe, pour expliquer les bases de la fameuse méthode. « La méthode Chenot est bien plus complète qu’un simple régime, relate-t-il. Henri Chenot, depuis le début des années 70, a compris que la prévention est meilleure que la simple cure, et que durant leur existence, les gens accumulent des déchets au sein de leur organisme. Donc pour faire ce que nous appelons une ‘regular détox’, il faut nettoyer ces déchets. Il a créé tout un concept pour réaliser cette détox. D’abord il s’est occupé du corps, en introduisant le principe du jeûne. Ensuite il a intégré les massages, la capillothérapie, l’hydrothérapie… Il s’est aussi inspiré de la médecine chinoise. […] Donc la méthode Chenot c’est un régime, mais ce sont aussi toutes ces technologies. Avec en plus des stimulations médicales, des signaux pour provoquer des réponses de la part du corps, qui vous seront bénéfiques. Surtout, tout est personnalisé, tout est fait sur mesure. »

Le nouveau Chenot Palace, à Weggis Chenot Palace Weggis – Le nouveau Chenot Palace, à Weggis

Et l’ancien collaborateur des Chicago Bulls d’expliquer le succès du programme auprès des athlètes de haut niveau: « Les sportifs professionnels subissent de lourdes charges d’entraînement, avec très peu de périodes de récupération. Le corps est toujours sous pression. Il y a un stress physiologique qui devient chronique à cause de l’entrainement une voire deux fois par jour. Leur batterie est vide. Avec la méthode Chenot, on les aide à se recharger. Nous faisons peu de choses dans nos centres, mais ce que nous faisons nous le faisons extrêmement bien. »

Rolland Courbis tente de résumer la chose à sa manière: « A Merano, tu maigris parce que c’est une obligation, une conséquence, c’est comme si tu es une éponge et qu’on essore l’éponge. Mais ce n’est pas un concours de perte de kilos. D’ailleurs, quand tu demandais à Tapie combien il avait perdu là-bas, il te répondait ‘6500 euros' ».

Johnny et ozonothérapie

Malgré le succès économique de Merano, malgré la succession d’athlètes dans les couloirs de l’établissement italien, Henri Chenot se doute qu’il n’a pas réussi à séduire tout le monde non plus. Aujourd’hui encore, une partie de la communauté scientifique doute des méthodes du septuagénaire. Parfois en mettant en avant un constat simple – pourquoi y retourner aussi souvent si la cure est si efficace? – parfois en parlant d’enfumage, ou en pointant d’éventuels problèmes de carences, notamment pour les athlètes.

L'intérieur du nouveau palace en Suisse Chenot Palace Weggis – L’intérieur du nouveau palace en Suisse

Mais disons-le clairement: si certains médecins du monde du sport regardent avec suspicion le Palace, c’est surtout parce que Merano a pu avoir la réputation de pratiquer des méthodes pas forcément licites sur les corps des athlètes. Réputation qu’il doit en bonne partie… à Johnny Hallyday. Sur un plateau télé au milieu des années 2000, le rockeur avait mis les deux pieds dans le plat en déclarant se « faire changer le sang » dans le Sud-Tyrol, sur les conseils de son ami Zizou. « Zidane y va deux fois par an et je le comprends », avait poursuivi Johnny, forçant le Ballon d’or 1998 à démentir.

En 2020, le Palace Merano, tout comme celui de Weggis en Suisse, proposent sur leurs cartes des soins la technique de l’ozonothérapie. C’est elle qui est ciblée. « Je ne suis pas un spécialiste de cette méthode, mais pour résumer ils sortent le sang pour le passer à l’ozone, explique Michel Audran, ex-directeur du département d’analyses de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). C’est une autotransfusion, même s’ils réinjectent le sang directement après, et même si c’est très différent d’une transfusion avec pour objectif l’augmentation de la masse globulaire. Or, la ré-administration de sang ou de globules rouges figure sur la liste des méthodes prohibées. Si l’on prend le règlement à la lettre, c’est interdit. »

Interdit et, selon Audran, pas très utile… « A la limite on peut parler de purification du sang, car l’ozone est un antibactérien, mais je ne vois pas en quoi ça permettrait un meilleur fonctionnement des globules rouges. » Et donc une amélioration des performances.

« S’il y avait du dopage, tout le monde serait au courant en moins de quinze jours »

Interrogé sur le lien entre méthode Chenot et ozonothérapie, le Dr George Gaitanos se veut toutefois très clair. « Ce n’est que pour des clients normaux, assure-t-il. Je crois que c’est sur la liste des pratiques interdites pour les sportifs. Et nous ne ferons jamais rien de non-autorisé pour les athlètes. » Faubert abonde: « Moi, on me faisait juste des perfusions de vitamines. Mais pas comme à l’époque de Parme où on te filait une poche de sang sans rien t’expliquer. Là tout était détaillé, scellé, rempli devant toi. Je pouvais d’ailleurs repartir avec les tubes et les étiquettes pour me protéger. C’est très carré. »

Pour Courbis, le Palace ne pourrait de toute manière pas avoir pignon sur rue s’il était un obscur laboratoire. « Un garçon comme Henri Chenot, sérieux, sait très bien qu’avec le nombre de personnes qui vont dans sa clinique, tout le monde serait au courant d’une histoire de dopage en moins de quinze jours, défend le coach. Surtout dans le monde du foot… Impossible que ça ne ressorte pas et que ça ne fasse pas scandale. »

De la joie après la souffrance ?

Vitamines, compléments et ozone n’empêchent pas, de toute manière, la souffrance. Si Merano est si efficace pour ses clients, c’est parce qu’ils y sont poussés dans leurs retranchements. Ce qui inspira un jour à Loulou Nicollin ces quelques vers: « Merano c’est complètement con. Cela met plus à plat qu’en forme. (Après), je bandais moins. »

Une salle à manger de Merano Palace Merano – Une salle à manger de Merano

« La première fois, je n’avais même pas envie d’y retourner, s’en amuse Brahim Asloum, pourtant habitué aux privations. Sur place, j’évitais d’ailleurs de sortir. Vu que tu n’as droit à rien, tu te fais du mal si tu sors dans la ville autour du Palace. » Julien Faubert, lui, s’y rendait toujours avec son meilleur ami pour l’épauler. « Sauf qu’il n’est pas sportif du tout et qu’il aime bien manger, donc lui il était pire que moi, raille l’ex-international. Il était au bout de sa vie. En plus, il avait une chambre côté rue, en face d’une pizzeria. Du coup quand ils préparaient les pizzas avec les fenêtres ouvertes, on sentait tout. Il était toujours là à me dire: ‘Allez vas-y on y va, juste une, juste une moitié…’ Si tu as envie de descendre et de craquer tu peux, mais il ne faut pas. Il y a un travail psychologique à faire. Merano, c’est dur. »

Ce qui ne les a pas empêchés, ni l’un, ni l’autre, d’y retourner. « Tu ne peux pas faire un tel programme chez toi, tu es obligé de craquer, estime Asloum. Tu vas te dire: ‘Allez un seul café, ce n’est rien.’ Mais ça casse tout le processus… Alors que là, tu es dans un contexte où tout le monde est dans la même situation. Si tu regardes l’assiette du gars à côté, il a le droit au même traitement. »

Quid de l’effet yo-yo en rentrant en France? « L’éponge », pour reprendre l’image de Rolland Courbis, ne risque-t-elle pas de se gorger aussi vite qu’elle a séché? « Tu reprends forcément un peu de poids dans les semaines suivantes, mais ton estomac s’est resserré, donc tu manges moins, souligne Faubert. Et vu que tu as beaucoup souffert pendant une semaine, instinctivement tu vas faire bien plus attention. Tu manges davantage de crudités, de légumes, tu essayes de suivre leurs conseils. Moi je faisais toujours la cure l’avant-dernière semaine de mes vacances, pour récupérer la semaine suivante à la maison avant d’attaquer la préparation. En ressortant, tu as une bonne énergie. Je faisais souvent de grosses prépas avec mon club. »

« A Merano, tu peux avoir une sale tête sans que personne ne te prenne en photo »

L’accès au temple de la détox, vous vous en doutez, a un coût. Pour une semaine au Palace, comptez au bas mot 5.500 euros. Et préparez-vous à voir la somme grimper, en fonction du standing de la chambre et des soins supplémentaires. Merano est un endroit pour gens aisés. En plus des footballeurs – et du boxeur – précédemment cités, Jacques Chirac, Silvio Berlusconi, Sharon Stone, Gérard Depardieu, ou Monica Bellucci y ont séjourné. Des exemples parmi d’autres. « J’y ai croisé des chefs d’Etats, se rappelle Brahim Asloum. Notamment un dirigeant d’un pays d’Asie centrale, Kazakhstan ou Ouzbékistan je crois. Ils avaient bloqué tout un étage. » « On était souvent cinq, six ou sept pros en même temps, souffle Julien Faubert. J’y ai vu Zidane, Nasri, plein d’autre… »

Julien Faubert montrant ses bras affûtés Icon – Julien Faubert montrant ses bras affûtés

Ce qui amène à poser une question: à l’image de ces restaurants branchés, Merano n’a-t-il pas été porté par un effet de mode? « Un peu, forcément, concède Faubert. Tu sais qu’il n’y a pas de gens qui vont venir t’embêter, vu qu’il y a beaucoup de sportifs de haut niveau, mais aussi de célébrités, de gens de la télé… Tu peux être fatigué, avoir une sale tête sans que personne ne te prenne en photo. Tu es dans un microcosme qui fait que tu es à l’aise. »

Pour cultiver cet entre-soi, Merano peut s’appuyer depuis 25 ans sur le bouche-à-oreille et une cooptation informelle. Pas besoin de pub, les clients s’en chargent. Faubert y a ainsi envoyé plusieurs de ses équipiers impressionnés par sa silhouette estivale. Mais sans doute pas autant que Rolland Courbis. « Après Toulon, j’y suis allé avec toute l’équipe de l’OM en préparation, ajoute-t-il. Et je n’ai pas conseillé que des joueurs à moi, même un coach ou un président ami, s’il avait un problème avec un gars, je lui disais de l’envoyer à Merano voir Chenot. Diego Maradona, il y va parce qu’il sait que beaucoup de joueurs y sont allés avant lui. Indirectement, c’est moi qui lui ai envoyé Maradona. »

Et maintenant qu’Henri Chenot est parti vers Weggis, que va-t-il se passer? Découvrira-t-on encore des images de joueurs de Ligue 1 se baladant dans les monts italiens l’été prochain? « Les méthodes Chenot resteront à Merano, parce qu’il a formé énormément de personnes durant toutes ces années, pronostique Courbis. Mais sa présence, la présence de sa femme, la sœur de sa femme, c’est aussi cela qui faisait le charme et le succès de l’endroit. Donc là, ça peut leur filer un sérieux coup. D’ailleurs, moi, je serai en Suisse début mai. »

>> « Dans l’assiette des athlètes », épisode 1: La balance, le pire adversaire des combattants de MMA

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