Règlement à l’amiable d’un conflit, action de concilier des intérêts. Voilà la définition d’une conciliation. Mais celle qui dure depuis le 19 octobre dernier, sous l’autorité du président du Tribunal de Commerce de Nanterre, ressemble plus à une guerre de tranchées entre deux ex-partenaires qui ont du mal à faire la paix.

Depuis deux semaines, la Ligue d’un côté et Mediapro de l’autre ont un mal fou à trouver un accord, campés chacun sur leur position. La Ligue veut que Mediapro honore le plus possible ses engagements. Le groupe espagnol souhaite ardemment un rabais sur sa première année de droits.

Dans ce combat, les deux parties ont décidé de se renforcer juridiquement. La Ligue en faisant appel au cabinet Darrois, l’un des cabinets d’avocats d’affaires les plus réputés de la place de Paris. Mediapro en s’appuyant sur le cabinet Paul Hastings, autre poids lourd du secteur. Et entre les deux donc, le conciliateur, Marc Sénéchal, mandataire judiciaire, dont la mission est de voir toutes les parties sortir gagnantes de cette situation et qui doit rendre un premier rapport ce vendredi, au président du Tribunal de Commerce de Nanterre.

Les yeux dans les yeux

Comme révélé par RMC Sport, la solution devrait venir de Canal+, sans qui aucune sortie de crise ne semble envisageable. Canal, qui a bien conscience de sa position de force, joue la montre et aimerait assister à la « mort publique » de Mediapro avant de débarquer en sauveur. La guerre est désormais déclarée entre les deux parties, qui ne se parlent pas directement. Mediapro ayant porté plainte contre Canal pour abus de position dominante et pratiques abusives et déloyales, alors que la chaîne cryptée avait saisi la justice mi-septembre pour faire cesser l’inégalité de traitement qu’elle estime subir sur les conditions de distribution de Mediapro.

Malgré ce climat, les discussions se poursuivent tous les jours, avec des réunions formelles au siège de la LFP et en réel avec d’un côté les équipes de la Ligue autour du président Vincent Labrune, de l’autre la team Mediapro et ses défenseurs, et donc le conciliateur au milieu. Pas question de visio sur un sujet aussi explosif avec autant d’enjeux. On se parle droit dans les yeux et avec, la plupart du temps, la présence du boss catalan Jaume Roures, preuve de son implication personnelle dans l’affaire.

Baisse substantielle à prévoir

La stratégie de la Ligue, c’est de trouver une structure globale d’un deal sur toute la durée du contrat de droits TV (jusqu’en 2024) pour ensuite affiner avec des chiffres précis. Chaque détail est négocié, faisant passer les équipes de Vincent Labrune par tous les sentiments en l’espace de quelques heures. Chaque perspective optimiste pouvant être balayée à tout moment par des sueurs froides.

Selon nos informations, l’idée générale, ce serait que Canal+ offre une somme annuelle fixe et garantie (environ 500 millions d’euros) + une part variable en fonction des abonnés et de l’audience correspondant aux principaux lots de Mediapro. Les clubs pros doivent en tous cas se préparer à une baisse substantielle de leurs recettes de droits tv jusqu’en 2024. De l’ordre d’un tiers en moins dans les caisses.

Le troisième versement de MediaPro, d’environ 150 millions d’euros, est programmé le 5 décembre. Sauf intervention divine, il ne sera pas honoré, comme celui d’octobre. C’est donc une course contre la montre qui se poursuit avec l’espoir côté Ligue de trouver un accord dans les tous prochains jours, en tous cas avant Noël. L’objectif étant d’éviter, purement et simplement, le dépôt de bilan d’une dizaine de clubs professionnels.

https://rmcsport.bfmtv.com/football/mediaprolfp-le-conflit-rentre-dans-le-money-time-2013618.html

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