Une légende du saxophone et de l’afro-jazz qui a connu son meilleur succès, planétaire, sur une face B. Tel a été le destin de Manu Dibango, fauché mardi par le Covid-19 à l’âge de 86 ans. L’artiste camerounais est devenu une star internationale avec Soul Makossa, qui a fait danser les États-Unis aussi bien dans sa version originale que dans des reprises qui ont fini par dépasser sa notoriété. Il n’avait pourtant pas imaginé une telle popularité pour ce titre, qui aurait pu rester dans l’ombre d’un hymne pour l’équipe nationale de football du Cameroun.
En 1972, Manu Dibango se propose pour apporter sa touche musicale à la huitième édition de la Coupe d’Afrique des nations de football. Celle-ci se déroule au Cameroun pour la première fois. Les seize matchs de la compétition sont prévus à Yaoundé et Douala, la ville natale de l’artiste. Ce dernier propose de composer un hymne officiel pour la compétition. « Un hymne que personne ne connaît », s’amusait-il récemment au micro de RFI.
La défaite du Cameroun a failli faire oublier le disque
Il lui faut néanmoins une deuxième oeuvre pour compléter le 45 tours. Il écrit une oeuvre en mêlant la musique traditionnelle de Douala avec la soul: Soul Makossa.
Problème: le Cameroun est battu 1-0 par le Congo en demi-finale de sa CAN. Les Lions Indomptables sauvent leur tournoi en remportant largement 5-2 le match pour la troisième place contre le Zaïre. Pour autant, « comme on a perdu la Coupe, personne ne voulait plus entendre parler de ça. Ni la face A, ni la face B. (…) C’est un disque qui ne devait même pas sortir, qu’on devait distribuer », se rappelait le musicien dans une interview accordée en octobre dernier à TV5 Monde.
Repris par Michael Jackson et tant d’autres
Le vinyle semblait voué aux oubliettes. Il est pourtant repéré par des Noirs-Américains à Paris. À tel point que le mythique label Atlantic Records offre une tournée aux États-Unis à Manu Dibango. Surtout, Soul Makossa arrive jusqu’aux oreilles de Michael Jackson. Le légendaire chanteur sort Wanna Be Startin’ Somethin’ en 1983. Le tube reprend un gimmick qui était présent sur l’oeuvre du saxophoniste: « Mama-se, mama-sa, mama-coo-sa ». L’inspiration n’a toutefois pas été autorisée et donnera lieu à des procédures judiciaires et un accord financier.
Le sample de Soul Makossa finira par être repris par d’autres artistes mondialement connus, comme Rihanna avec Don’t Stop The Music, mais aussi, entre autres, Will Smith, Jennifer Lopez ou encore Beyoncé. « Les face B, ce sont les meilleures! », disait-il.
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