Le Paris Saint-Germain fait face à un roc, poli depuis près de trois ans par un Jürgen Klopp qui a sans doute trouvé une formule proche de ce qu’il imaginait: imperméable, complète, sans accroc. Un monstre physique, une équipe complète qui offre (enfin) à son entraîneur des possibilités tactiques variées dans tous les secteurs de jeu. Ce Liverpool, chez qui se déplacent les Parisiens ce mardi en Ligue des champions (21h, en exclusivité sur RMC Sport), est-il devenu imbattable?
UN GARDIEN DE CLASSE MONDIALE
Recrue phare de l’été, Alisson Becker a pour mission de faire oublier les bévues terribles de Loris Karius, auteur de deux bourdes monumentales en finale de Ligue des champions et qui a prouvé, durant sa préparation, qu’il ne s’en était pas encore remis. Parti en Turquie, le portier allemand laisse la place au deuxième gardien le plus cher de l’histoire, recruté suite à sa très bonne saison avec la Roma et qui apporte davantage dans le jeu au pied.
« C’est un bon joueur, un très bon joueur. Il nous donne quelques opportunités (offensives) supplémentaires », résumait Jürgen Klopp durant la préparation. Des propos confirmés début septembre: « Alisson est objectivement un gardien qui peut jouer au football, ajoutait le manager des Reds. Il est suffisamment confiant pour le faire. Mais il ne le fait pas pour se montrer, il le fait pour résoudre une situation. »
La marge de progression? Elevée. Sans en faire un Victor Valdés de la grande époque, le gardien brésilien a les défauts de ses qualités. Ce jeu au pied qu’il maîtrise peut aussi se révéler dangereux, en témoigne ce but encaissé contre Leicester: au lieu de dégager au loin ou au moins en touche, Alisson Becker a tenté la feinte et la relance courte… sans succès, amenant la réduction de l’écart des Foxes. Les attaquants du PSG savent quoi faire.
UNE DEFENSE ENFIN SOLIDE
Défensivement, van Dijk change tout
C’est sans doute le secteur où le club affiche la plus grosse progression récente. Arrivé l’hiver dernier avec le statut de défenseur le plus cher de l’histoire (84 millions d’euros), Virgil van Dijk entame sa première saison pleine sous le maillot des Reds. Mais quelques mois ont suffi à prouver son apport XXL au sein de l’arrière-garde d’une équipe qui, avant son arrivée, était clairement dans le colmatage.
Si sa première titularisation avec Liverpool en Premier League s’était soldée par une défaite à Swansea (1-0), son intégration au onze de départ a marqué le début d’une révolution pour les Reds. Avant ce match, les hommes de Jürgen Klopp avaient encaissé 28 buts lors de leurs 23 premiers matches de championnat la saison dernière, soit en moyenne 1,2 but par rencontre. Un chiffre qui, à partir de sa première contre les Swans, a été divisé par deux (0,6 but encaissé par match en moyenne, 10 buts pris en 15 matches).
Depuis le début de la saison – un sans-faute avec cinq victoires en autant de rencontres – Liverpool n’a encaissé que deux buts, ce qui en fait la meilleure défense de Premier League. L’équipe n’était que quatrième (ex-aequo avec Chelsea) la saison précédente. Virgil van Dijk n’est pas le plus impressionnant côté statistiques, mais tout est propre: 27 ballons dégagés (13e du championnat dans ce domaine), 59% de duels gagnés, six interceptions, 313 passes réussies sur 349, six interceptions, cinq tacles, six fautes.
Le défenseur néerlandais a surtout la capacité, par son leadership, de rassurer ses coéquipiers… voire de les bonifier. « Il a aidé l’équipe à progresser défensivement mais aussi à amener plus de sérénité, résumait Dejan Lovren en mai dernier. Personnellement, je me sens plus en confiance avec un vrai bon partenaire à mes côtés et il avait déjà montré à Southampton qu’il est l’un des meilleurs défenseurs de Premier League. » En clair, son coéquipier a fait de lui un meilleur joueur.
Liverpool concède des tirs… mais rarement dangereux
La marge de progression? Les tirs concédés. Car si Liverpool n’a encaissé que deux buts depuis le début de la saison (contre Leicester 2-1 puis Tottenham samedi 2-1), l’équipe a également concédé 42 tirs (troisième dans ce domaine). Ce sont cependant les moins dangereux, avec seulement 0,7 expected goal (but que l’adversaire aurait dû inscrire). 52% des tirs concédés l’ont été dans la surface (les Reds sont la troisième équipe concédant le moins de tirs dans ce secteur derrière Burnley et Manchester City). Une aire de jeu dans laquelle les hommes de Jürgen Klopp a concédé seulement 48 passes (dont 19 réussies) depuis le début de la saison, meilleure équipe du championnat sur ce point.
Ce sera dur, mais Liverpool n’a fait face qu’à un seul gros sur ses cinq premières rencontres: dimanche contre Tottenham. Face à Kylian Mbappé, Edinson Cavani et Neymar, la pression sera toute autre. Mais il faudra être efficace.
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UN MILIEU COMPLEMENTAIRE
Plus d’options pour Klopp
Si la défense est le secteur qui essuyait le plus de critiques à Liverpool la saison dernière, le milieu de terrain n’était guère en mesure de compenser. Pas que les joueurs à disposition de Jürgen Klopp n’avaient pas le niveau, mais plutôt qu’ils affichaient des profils similaires… et n’étaient surtout pas assez nombreux. Le technicien allemand l’a bien compris en faisant du recrutement dans l’entrejeu une priorité. L’arrivée de Naby Keita était actée depuis un an, celle de Fabinho s’est faite à la surprise générale avant même l’ouverture du mercato estival et, preuve des multiples options qui s’offrent désormais à Jürgen Klopp, l’ancien Monégasque attend toujours de faire ses débuts avec son nouveau maillot.
Depuis le début de la saison, Jürgen Klopp a une formule fétiche : un trio Georginio Wijnaldum-James Milner-Naby Keita. Beaucoup d’impact, de la vitesse et une capacité de projection devant un meneur de jeu reculé. Le manager n’a installé qu’une seule variante, plus technique, avec le remplacement de Naby Keita par Jordan Henderson contre Leicester (2-1).
Keita dans le moule, Milner le soldat
Naby Keita a impressionné d’entrée, notamment dans son aspect immédiatement « kloppien ». « C’est la patte de Jürgen Klopp, estimait Frédéric Piquionne, consultant pour PL Zone sur RMC Sport, dès la victoire inaugurale contre West Ham (4-0). Dès qu’un milieu de terrain récupère le ballon, la première chose qu’il fait, c’est regarder vers l’avant, même dans son contrôle, même s’il est dos au jeu. Il arrive quand même à se retourner, à se mettre dans des situations où il est libre. C’est sûrement pour ça que Klopp a récupéré ce joueur. Dos au jeu, il voit vite vers l’avant, il voit des appels de ses coéquipiers en profondeur. Et on s’aperçoit qu’il peut jouer un peu partout, même sur un côté. C’est un joueur complémentaire avec tout le monde. »
Notamment avec un James Milner toujours aussi indispensable… « James Milner est un couteau suisse, encense Emmanuel Petit, membre de la Dream Team RMC Sport. C’est un fabuleux soldat mais c’est en plus un excellent joueur de football. Mentalement, il n’a pas de défaut non plus. C’est un guerrier, un garçon tellement altruiste sur le terrain… ce sont des joueurs de l’ombre importants dans le dispositif tactique. Ils ont besoin d’avoir ces rouages au milieu de terrain. Même chose avec Wijnaldum ou Henderson… ils mettent une densité, une intensité, une discipline… très peu d’équipes sont capables de le faire. »
Un pressing impossible à contrer?
La marge de progression? Très faible. Naby Keita doit encore progresser un peu plus dans la constance pour faire de ce milieu de terrain un secteur absolument imprenable. Avec les doutes du PSG dans ce domaine – notamment au poste de numéro 6, difficile de miser sur la domination parisienne. Le salut des hommes de Thomas Tuchel passera par les côtés… ou ne passera pas.
« Etant donné ce problème incessant de sentinelle du côté du Paris Saint-Germain, il faudra être extrêmement bien groupé à la perte du ballon et dans le repli défensif. C’est là que Liverpool peut faire très mal parce qu’on connaît leur capacité à se projeter rapidement vers l’avant, à apporter le danger rapidement dans la défense adverse, insiste Emmanuel Petit. Il faudra aussi faire très attention dans les phases de construction, notamment lorsqu’on sort le ballon de derrière. L’équipe donne l’impression que tu peux sortir la balle facilement, et d’un seul coup, il y a un pressing qui s’organise, un entonnoir et une perte de ballon. »
UNE ATTAQUE DE FEU… ENCORE PERFECTIBLE
C’est paradoxalement dans ce secteur, celui qui avait tant ébloui l’Europe la saison dernière, que Liverpool affiche sans doute le moins de satisfactions cette saison. Entendons-nous bien: avec 11 buts inscrits en cinq rencontres, Liverpool possède tout de même la troisième meilleure attaque de Premier League derrière Chelsea et Manchester City (14 réalisations).
Le trio Salah-Mané-Firmino, qui pourrait en prime être amputé de sa pointe brésilienne pour cause de blessure à l’œil, est encore en rodage. L’ailier sénégalais est le plus en forme : quatre buts en cinq matches pour Sadio Mané, deux buts et deux passes décisives pour Roberto Firmino, un but et deux caviars pour Mohamed Salah. L’Egyptien n’est pas encore au niveau affiché la saison dernière. Et les trois joueurs affichent une étonnante obsession statistique selon Emmanuel Petit.
Des attaquants plus individualistes?
« Cela manque un peu de spontanéité, on a l’impression que certains joueurs essaient d’améliorer leurs propres statistiques contrairement à ce qu’on voyait l’année dernière, avec une honnêteté entre les joueurs, résume le membre de la Dream Team RMC Sport. Je trouve que depuis le début de saison, même si Liverpool rayonne, il y a quand même des choix de plus en plus égoïstes sur le terrain, notamment dans le domaine offensif, alors que la saison dernière ce n’était pas le cas. Il y a quand même des faiblesses. »
Face à Tottenham, Liverpool a tiré 17 fois au buts – dont 14 fois depuis la surface de réparation – malgré une possession de seulement 40%. Les occasions, ils les ont. Mais les automatismes ne sont pas encore là. « On n’est pas encore dans le jeu étincelant de Liverpool la saison dernière, avec les trois de devant qui se trouvaient les yeux fermés, couraient de la même manière… ce n’est pas encore complètement au point mais cela reste un trio redoutable, capable de percer n’importe quelle défense. Il y a encore du travail à faire dans le jeu en première intention. » D’où potentiellement une défense à trois à mettre en place côté PSG, pour couper les lignes entre les trois joueurs, qui sont en prime les premiers défenseurs des Reds.
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