C’était pourtant sa bête noire. Parler de Jürgen Klopp à José Mourinho, il y a trois ans encore, faisait frissonner le technicien portugais. Car le nom du coach allemand évoquait forcément de mauvais souvenirs au Special One. A l’époque où Mourinho dirigeait le Real Madrid et Klopp Dortmund, les Merengue ne s’étaient imposés qu’une seule fois en quatre rencontres face au Borussia. Et à chaque fois ou presque, Klopp avait donné une leçon tactique à son homologue.
Une leçon, le Portugais en avait pris une autre d’ailleurs, pour leur premier duel en Angleterre. Le 31 octobre 2015, Liverpool s’imposait 3-1 à Chelsea, et Klopp, quelques semaines après son arrivée en Premier League, enfonçait un peu plus un adversaire à court d’idée. « Le combat continue, mais parfois, il y a des combats impossibles à gagner », déclarait alors un Mou défaitiste.
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Le beau jeu, pour quoi faire?
Mais voilà. Trois ans plus tard, la tendance s’est radicalement inversée. Et ce dimanche (17 heures, sur RMC Sport 1), c’est bien José Mourinho qui abordera le choc Liverpool-United avec un petit avantage psychologique. Pas parce que Manchester est en grande forme, non, les Red Devils accusant déjà 16 points de retard sur leurs adversaires. Mais depuis deux ans désormais, le Special One semble avoir trouvé la clé pour contrarier (et c’est peu dire) la bande de Jürgen Klopp.
Depuis son arrivée à Manchester United, José Mourinho n’a pas perdu un seul de ses quatre matchs officiels contre Liverpool, parvenant mieux que personne à faire déjouer les Reds. Car la patte du Mou est bien là: il s’agit de faire une croix sur la possession, de ne pas aller de l’avant, sauf sur quelques contres, et de casser au maximum les offensives adverses.
Octobre 2016, le club mancunien va chercher un 0-0 à Anfield, avec 35% de possession, son plus faible pourcentage enregistré depuis plus de dix ans. Janvier 2017: 1-1 à Old Trafford, United tient cette fois un peu plus le ballon mais propose un spectacle « à l’ancienne », avec de longs ballons à foison, et parvient à égaliser à la 84e grâce à Zlatan… Octobre 2017, encore un 0-0 à Anfield, et une bouillie de football au menu, cuisinée en grande partie par le chef José, qui se félicite de ses 37% de possession et de son seul tir cadré en 90 minutes.
« A Liverpool, on ne peut pas se permettre cela »
Une mise en bouche, avant la « masterpiece » de mars 2018. Malgré 32% de possession à la maison, et seulement deux tirs cadrés, United réussit à battre Liverpool (2-1), et réalise ainsi la grosse opération dans la course à la deuxième place. Klopp enrage, Mourinho est aux anges, et envoie le monde entier se faire voir: « Si les gens pensent qu’on ne mérite pas la victoire, je m’en fous », déclarait-il alors.
« A Liverpool, on ne peut pas se permettre de jouer comme Manchester »
C’est également sur le terrain des petites déclarations, en assumant totalement le jeu proposé, que Mourinho s’amuse à titiller l’Allemand. Qui s’en était tout de même agacé en octobre 2017, après le deuxième 0-0. « Je pense que notre prestation méritait les trois points, nous avons été malchanceux, soupirait alors Klopp. Mais on ne peut pas se permettre, à Liverpool, de jouer comme Manchester United le fait. A Manchester, cela ne semble pas poser de problèmes. C’est comme ça… »
Un brin agacé, mais courtois, Klopp s’est toutefois refusé au clash « frontal » avec son vis-à-vis, même quand Mourinho, l’hiver dernier, avait pointé du doigt le montant du transfert de Van Dijk. Cette semaine, l’Allemand a d’ailleurs opté pour les louanges: « Je pense que Mourinho n’a jamais manqué d’ambition. Jamais. Il fait simplement ce qu’il pense être juste à un moment donné, a expliqué l’entraîneur des Reds. Il a prouvé qu’il était le meilleur coach du monde. » Il n’en pense probablement pas un mot, mais c’est fairplay.
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