De l’autre côté des Alpes, le monde médiatique et sportif répond ce lundi matin à l’annonce de la création de la Super League par douze clubs séparatistes dont trois représentants du football italien. Entre « foire à l’avidité », « Super non » et menaces légales, les réactions ne manquent pas.
Andrea Agnelli épinglé par l’ensemble de la presse italienne. Le président de la Juventus, à l’origine de la création de la Super League avec d’autres présidents et propriétaires de clubs, est visé par de nombreux commentaires.
« Agnelli trahit aussi bien l’UEFA que l’ECA », amorce la Gazzetta dello Sport dans sa couverture de l’annonce de la création de la Super League. Dans le journal rose, l’édito d’Andrea Di Carlo va plus loin sous un titre annonciateur « La foire à l’avidité ».
Il s’interroge encore sur le rôle d’Agnelli: « D’un côté, il avait épousé le projet de réforme de la Ligue des champions en tant que dirigeant de l’ECA, mais il travaillait aussi sur ce projet de Super League. Il avait été mandaté par les clubs italiens pour mener à bien l’entrée d’un fond d’investissement dans une nouvelle Media company aux côtés de la Ligue italienne, avec des perspectives financières très intéressantes pour tous les clubs. L’accord avait d’abord été trouvé puis il a été coulé. Si des éléments consistants venaient à être confirmés, il y aurait matière à évaluer si tous les projets ont été menés avec loyauté ou s’ils ont été conditionnés par des conflits d’intérêts. »
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Le journaliste italien termine par une attaque sur la gestion de certains grands clubs italiens, dont la Juve, en expliquant « qu’ils ne doivent pas tirer sur la corde, surtout quand on se plie à certaines opérations financières, celles qui contraignent par exemple la Juventus à faire des plus-values, parfois aussi exagérées que nécessaires ou celles de l’Inter qui demande à ses joueurs et aux institutions de reporter des échanges de salaire et de charge fiscale. Que ce foot italien est étrange car l’on trouve un club qui paye ses salaires en temps et en heure et risque de descendre, Parme, et un autre club en passe d’être champion sans être capable de pouvoir payer ses dépenses à la fin du mois. »
Un sabotage d’Agnelli
Dans le quotidien généraliste Corriere della Sera, le projet est résumé ainsi: « Le ballon des riches ». Le journal affirme que les trois clubs italiens de la Super League sont persuadés que les instances sportives italiennes n’auront pas le courage de les exclure de la Serie A, contrairement aux menaces lancées par l’UEFA et les principales ligues sportives européennes.
Le quotidien transalpin évoque également la possibilité d’une action en justice des clubs italiens contre les trois séparatistes, liée à la non conclusion de l’affaire avec le fond d’investissement pour son entrée dans une nouvelle media company. Une affaire dont le dénouement est vu comme un sabotage de la part d’Agnelli qui travaillait en même temps sur ce projet de Super League, encore plus intéressant financièrement. Quitte à ce que les autres clubs italiens passent à côté des 1700 millions d’euros promis par le fond CVC-Advent-Fsi. Le journal va même jusque’à parler d’un conflit d’intérêt limpide.
« Tuer le football »
La Repubblica évoque de son côté les échanges lors du Conseil d’administration de la Ligue italienne réunit en urgence ces dernières heures. Et selon les informations du quotidien national, basé à Rome, trois clubs ont déjà demandé à ce que les séparatistes soient exclus de la Serie A. Il s’agit de l’Atalanta, de l’Hellas Vérone et de Cagliari. D’autres pourraient suivre. La Repubblica annonce « une saison de recours au tribunal » avec de nombreuses batailles légales à venir.
La Une de Tuttosport fait également beaucoup parler ce lundi en Italie. A travers un lancinant « Mais vous êtes fous? La Super League tue le football », le quotidien se positionne clairement contre cette scission du football européen, tout comme la Gazzetta dello Sport.
Giovanni Carnevali, administrateur délégué de Sassuolo, a utilisé les mêmes termes que le quotidien sportif turinois.
« Ce sont des idées qui ne nous plaisent pas et qui risquent de tuer notre championnat, a-t-il expliqué à Radio Anch’io lo Sport. Le football doit rester une affaire de méritocratie. Aujourd’hui, les tifosi nous manquent, mais aussi la passion et la rivalité. Si on ne pense qu’à l’aspect économique, c’est mieux que d’autres personnes s’occupent du football. La Serie A ? Il y aura des problèmes et nous agirons par voie légale. »
Le titre en Bourse de la Juve grimpe ce lundi
En attendant de nouveaux développements, l’annonce de la création de la Super League et la participation de la Juventus comme membre fondateur ont un effet spectaculaire sur le cours de l’action de la Juventus en bourse. A 11h45, l’action était en hausse de 12%.
L’action de la Juve a bondi après la création de la Super League © DR
Une nouvelle preuve, s’il en fallait une, que cette Super League attire – dans un premier temps – le monde financier bien plus que les acteurs du football, joueurs, entraîneurs, journalistes ou supporters.
La financiarisation du football n’a jamais été aussi prégnante. Entre profonde déception et colère, la Super League n’a pas bonne presse en Italie. Plus important, des clubs italiens brandissent déjà les menaces d’exclusion des scissionnistes et d’action en justice. L’été sera très chaud.
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