Coquimbo-Bichkek, 32 heures de route. Une escale, non deux, pardon trois. Des haltes à Santiago, Madrid et Istanbul. Un véritable périple… pour un job? Un contrat professionnel? Non, la simple joie de porter le maillot d’une équipe nationale, qui n’est même pas celle de son pays de naissance. Pas de quoi arrêter Yashir Pinto, car c’est bel et bien l’histoire de ce joueur chilien de 27 ans, qui a répondu à l’appel de la Palestine il y a six ans.
Un appel qui n’en avait pas la forme finalement. Ce n’est pas au bout du fil, lors d’une conversation téléphonique, que la vie de cet ancien espoir de Colo Colo, retenu par Marcelo Bielsa dans le groupe chilien pour la Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud, a basculé. Il faut vivre avec son temps… et c’est par le réseau LinkedIn que Yashir Pinto s’est vu offrir une chance de rejoindre l’aventure palestinienne, en 2015. « Un responsable de la Fédération palestinienne m’a envoyé un message sur Linkedln. Il me disait dedans qu’il essayait de me contacter depuis longtemps pour jouer au foot sur le plan international avec la Palestine », raconte dans des propos rapportés par la BBC celui qui évoluait alors au sein du Budapest Ujpest. »C’est drôle, car je ne connais pas beaucoup de joueurs qui utilisent Linkedln. C’était vraiment chanceux. »
On vous voit venir. Yashir Pinto, né à Santiago au Chili, ailier droit star du club de Coquimbo Unido et la Palestine… a priori, il n’y a pas match. Sauf que l’intéressé a une descendance palestinienne, grâce à un grand-père maternel qui a rejoint ce pays tout petit. « Il nous a beaucoup parlé de sa patrie. C’est pourquoi j’ai toujours pensé que je pouvais jouer pour la Palestine. C’est dans mon sang », affirme Pinto. La suite? Lui qui a écumé toutes les sélections de jeunes du Chili a dû patienter neuf mois avant de pouvoir basculer.
« Nous devons croire que nous pourrons nous qualifier pour la Coupe du monde »
Direction la sélection palestinienne. S’il n’est pas le premier – ni le dernier, a priori – joueur chilien à épouser ce maillot, Yashir Pinto bascule dans un autre monde. « Vous voyez immédiatement à quel point la vie du peuple palestinien est difficile. Vous voyez des enfants et vous vous demandez comment ils peuvent sourire, mais quand ils le font, vous vous rendez compte du courage dont ils font preuve. » Touché par ce qu’il découvre, l’ancien joueur de Maleka United (club malaisien avec lequel il décrochera un titre de champion) réalise des débuts tonitruants. Attendu comme LE crack par les supporters du pays, il claque deux buts lors de la large victoire 7-0 des siens face au Timor Oriental, lors des qualifications pour la Coupe du monde. Depuis trois autres réalisations ont suivies, toutes en matches amicaux. Si la Palestine a en ligne de mire la prochaine Coupe d’Asie (en janvier, aux Emirats Arabes Unis), Yashir Pinto a un autre objectif. Plus haut, plus grand. Plus intense: la Coupe du monde 2022 au Qatar.
« Nous avons un pays très spécial derrière nous. Chaque match pour nous est une finale car quand les gens voient que la Palestine gagne, ils peuvent être heureux dans une situation qui serait malheureuse pour beaucoup. Nous sommes une jeune équipe et nous avons beaucoup de joueurs de qualité, martèle Pinto. Nous devons donc croire que nous pourrons nous qualifier pour la Coupe du Monde. Si nous nous battons ensemble et que nous nous jouons, je pense que nous pouvons faire quelque chose de très bon pour la Palestine. » Au Qatar, seules quatre équipes en provenance d’Asie seront de la partie. Une cinquième devra passer par les barrages pour se qualifier. Autrement dit, la tâche s’annonce compliquée pour Pinto et les siens. Il faudra peut-être attendre 2026, le passage du format à 48 équipes et l’arrivée de huit places qualificatives pour le continent pour voir le rêve de ce footballeur chilien exaucé. A moins que… https://rmcsport.bfmtv.com/football/linkedin-la-coupe-du-monde-au-qatar-l-incroyable-histoire-d-un-joueur-chilien-devenu-international-palestinien-1544585.html
