L’OM va défier la Lazio à Rome, ce jeudi en Ligue Europa (18h45 sur RMC Sport 1), avant que l’OL ne se présente à Prague afin d’affronter le Sparta Prague (21h). Deux déplacements sous haute tension, dans des stades où les incidents racistes sont fréquents.
Un stade, deux ambiances. Situé au nord-ouest de la capitale italienne, l’Olimpico abrite, depuis les années 1950, les matchs de l’AS Rome et de la Lazio. Deux clubs rivaux soutenus par des supporters qui s’opposent à longueur d’année, bien au-delà du rectangle vert. Historiquement, la Lazio est soutenue par des classes plus aisées vivant en périphérie alors que la Roma est portée par le peuple du centre-ville.
Mais entre l’Aigle et la Louve, l’antagonisme est également idéologique. Quand les Giallorossi affichent un visage plutôt international, les Biancocelesti cultivent un véritable nationalisme. Certains groupes d’ultras de la Curva Nord revendiquent même leur nostalgie du fascisme, en adoptant un comportement violent et ouvertement raciste.
Les saluts fascistes du dresseur d’aigles
C’est dans cette ambiance particulièrement hostile que l’OM va évoluer ce jeudi en Ligue Europa. Les joueurs de Jorge Sampaoli ont rendez-vous à 18h45 pour défier la Lazio devant son public (sur RMC Sport 1). Sans supporters marseillais, interdits de déplacement dans la Ville Éternelle. Après avoir entamé leur campagne par deux nuls chez le Lokomotiv Moscou (1-1) et contre Galatasaray (0-0), les coéquipiers de Dimitri Payet vont devoir être forts mentalement pour décrocher un résultat dans l’antre de l’actuel inquième de Serie A. Un club à la réputation sulfureuse, qui abrite de nombreux sympathisants d’extrême droite.
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L’un d’entre eux vient d’ailleurs de perdre son job cette semaine, dans des conditions peu glorieuses. Il s’agit de Juan Bernabé. Le dresseur d’aigles, qui s’occupait de la mascotte laziale (Olimpi), a été filmé en train de faire des saluts fascistes le week-end dernier au Stadio Olimpico. Tout en faisant l’éloge de Benito Mussolini, le père fondateur du fascisme, surnommé « le Dulce (le guide) ». Devant des supporters ravis. Face au tollé provoqué par la vidéo, largement relayée sur internet, la Lazio a décidé d’écarter son employé espagnol, qui n’était pas salarié à temps plein. Le dernier épisode d’une longue série pour l’équipe romaine…
Di Canio, drapeaux nazis et croix gammée
L’été dernier, Elsed Hysaj a été pris en grippe par des supporters après avoir signé pour la Lazio. Le latéral albanais a choisi de chanter « Bella Ciao » durant son bizutage devant ses partenaires. Un chant entonné par les résistants italiens durant la Seconde guerre mondiale (et popularisé récemment par la série « La Casa de Papel ») que les ultras de la Lazio n’apprécient pas du tout. Ils l’ont fait savoir en déployant une banderole: « Hysaj parasite, la Lazio est fasciste », en plus des nombreuses insultes et menaces envoyées à l’intéressé sur les réseaux. Le club a bien tenté de calmer les choses dans un communiqué. Sans grand succès.
Il faut dire que le mal est profond. Et les dérapages (rarement sanctionnés par les autorités) ne datent pas d’hier. Personne n’a oublié le visage haineux de l’ancien attaquant Paolo Di Canio, qui célébrait ses buts par des saluts fascistes devant la Curva Nord au début des années 2000. Ce virage où des drapeaux aux références nazies ont souvent été sortis et où les cris de singe résonnent encore régulièrement en Serie A. Certains supporters ont même déjà formé une croix gammée humaine dans les gradins…
Anne Frank avec le maillot de la Roma
Lors de la finale de Coupe d’Italie en 2013, alors que la Roma pouvait remporter son dixième trophée et hérité d’une étoile d’argent sur son maillot, les ultras de la Lazio avaient affiché ce message: « Vous courrez toujours après votre étoile », en référence à l’étoile juive. La même année, une photo d’Anne Frank (l’adolescente morte dans un camp de concentration durant la Seconde guerre mondiale) portant un maillot de l’AS Rome avait été affichée dans le quartier de Monti. Ce même montage est ressorti sous la forme de stickers au Stadio Olimpico en 2017, suscitant une indignation nationale.
L’an passé, les supporters biancocelesti ont accueilli le gardien espagnol Pepe Reina, connu pour son soutien à Vox (un mouvement d’extrême droite), avec une banderole nauséabonde: « Salutations romaines, camarade Reina ». Le salut romain, qui s’effectue le bras tendu avec la paume vers le sol, étant associé au salut fasciste…
En février dernier, la Lazio a également fait parler d’elle en engageant Romano Floriano Mussolini, le latéral droit de 18 ans, arrière-petit fils de l’ancien dictateur. Un joueur dont la mère, Alessandra Mussolini, avait vanté les saluts fascistes de Di Canio lorsqu’elle était députée.
Tchouaméni victime de cris de singes à Prague
L’OM ne sera pas le seul club français à évoluer dans une atmosphère malsaine ce jeudi en Ligue Europa. Après un départ sans faute (deux victoires contre les Rangers et Brondby), l’OL a rendez-vous à 21h dans l’antre du Sparta Prague. Et la Generali Arena traîne elle aussi une sale réputation. Aurélien Tchouaméni peut en témoigner. Le milieu de terrain de l’AS Monaco a été la cible d’actes racistes cet été, lors d’un match de barrage de Ligue des champions (0-2). Après avoir ouvert le score, le joueur de 21 ans a entendu des cris de singe venus des tribunes. Le Sparta, qui a écopé d’un match à huis clos pour cet incident, lui a adressé une lettre d’excuses dans la foulée.
Ça n’a pas empêché certains de ses supporters d’entonner de nouveaux chants xénophobes visant des joueurs noirs du Viktoria Plzen, dès le mois suivant en championnat. Lors de la réception des Rangers (1-0), fin septembre, plusieurs milliers d’enfants de Prague (âgés de 6 à 14 ans) ont conspué Glen Kamara, le milieu de terrain noir du club écossais, durant toute la rencontre. « C’est une véritable honte, il est temps que les autorités tchèques réalisent qu’il y a un vrai problème de racisme dans ce pays », s’est insurgé l’avocat du joueur finlandais, d’origine sierra-léonaise.
« Les autorités n’ont même pas commencé à s’emparer du problème »
L’affaire a même pris des allures de crise diplomatique lorsqu’un dirigeant du football écossais, Marvin Bartley, est monté au créneau pour condamner ces dérapages: « Le pire, c’est que je ne suis pas du tout choqué. Ce n’est en aucun cas la faute des enfants car ils se comportent comme ils voient les adultes le faire ou l’encourager. Quelle chance ont-ils lorsqu’ils sont placés dans une corbeille avec des fruits pourris? »
De quoi faire réagir Jakub Kulhanek. Le ministre tchèque des Affaires Étrangères a demandé à la Fédération écossaise de recadrer son représentant, qui a également dénoncer la passivité de l’UEFA face à ces actes ignobles: « Ils aiment parler de respect, mais où est le respect pour Glen Kamara? Où est le respect pour les joueurs noirs qui sont insultés? Combien de temps cela va-t-il encore durer? Je crois que les autorités n’ont même pas commencé à s’emparer du problème! »
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