« Ce n’est pas un sujet tabou ». Pierre Ferracci, président du Paris FC, s’est exprimé samedi soir dans RMC Mobilisation Générale pour apporter son soutien à son homologue brestois Denis Le Saint en se déclarant plutôt favorable à un arrêt définitif des compétitions du football français aujourd’hui suspendues à cause de la pandémie de Covid-19.
« La position de Denis Le Saint est respectable. J’ai vu que certains présidents considéraient que c’était une position égoïste, parce que Brest n’est pas encore sauvé et que le club a touché une bonne partie des droits de télévision. (…) Je trouve légitime qu’un certain nombre de présidents s’expriment sur des valeurs que je partage », affirme Pierre Ferracci, qui a développé son argumentaire en plusieurs points.
Il met l’accent sur la dimension sanitaire
« Ce qui commande aujourd’hui, c’est le virus. La priorité est d’écouter ce que les autorités politiques et sanitaires, estime le président parisien. Les présidents de clubs sont aussi des chefs d’entreprise. Ils sont responsables pénalement de la santé de leurs salariés, des personnes qui travaillent avec eux. Didier Le Saint a raison de mettre l’accent là-dessus. S’il ne veut pas mettre les joueurs et le staff en danger, il prendra ses responsabilités comme je prendrai les miennes. (…) Ceux qui sont au front n’ont pas besoin, demain, qu’on leur amène un peu plus de malades dans les hôpitaux qui sont déjà surchargés ».
L’occasion pour lui de tacler le président nantais Waldemar Kita au passage, sans le citer: « La position de Didier Le Saint est plus respectable que celle d’un administrateur de la Ligue qui nous annonce qu’on peut retrouver l’entraînement le 15 avril alors que l’ensemble de la gendarmerie, ce week-end, empêche les citoyens de partir en vacances. Nous sommes le 4 avril: imaginez-vous que le football reprenne l’entraînement dans dix jours? Imaginez l’image détestable que cela peut donner de notre secteur aux yeux de l’opinion publique. (…) Mon hypothèse est qu’on va avoir de grosses difficultés à terminer le championnat, parce que le confinement ne va pas s’arrêter le 15 avril. Tout le monde le sait bien. De plus, il va prendre une dimension territoriale parce qu’il ne sera pas le même sur l’ensemble du pays ».
Le risque économique d’une reprise ratée
Pierre Ferracci alerte en outre sur le risque d’un retour à la compétition mal ficelé. « On souhaite que toutes les hypothèses soient sur la table. Certains nous disent, parce qu’ils n’ont pas assez bien réfléchi, que l’hypothèse économique la plus dangereuse est d’arrêter le championnat ». Selon lui, la perspective la plus préjudiciable serait de vouloir continuer à tout prix en fixant une date limite au 15 ou 30 juillet, ou même au 15 août, sans pour autant parvenir à la respecter.
Un problème se poserait dans ce cas avec le lucratif contrat des droits audiovisuels pour la période 2020-2024: « Là, ce sera une vraie catastrophe, parce qu’on n’aura pas discuté avec Mediapro, Canal+, beIN et tous les diffuseurs qui détiennent une partie de la manne. Il y a certes 218 millions d’euros en jeu de droits TV aujourd’hui. Mais il y en a cinq milliards pour les quatre ans à venir. Il faut traiter l’ensemble du sujet ».
Pas inquiet pour l’enjeu sportif
Face à l’argument évoquant l’intérêt des clubs mal classés à vouloir tout stopper, Pierre Ferracci, dont l’équipe est seulement 17e de Ligue 2, se veut très clair et intègre: « Tout le monde souhaite qu’il continue, y compris les clubs en difficulté comme le Paris FC ou Brest parce qu’on tient à l’équité sportive. (…) Dans le club, tout le monde a envie de terminer le championnat. Un sportif a bien entendue envie d’aller jusqu’au bout. On est huitièmes sur la deuxième partie du championnat depuis que René Girard est là, donc on est assez confiants sur notre remontée »
Le problème de la condition physique des joueurs
Pierre Ferracci s’interroge également sur l’aspect physique des footballeurs « qui vont être arrêtés plus d’un mois, soit beaucoup plus qu’une trêve estivale ». Une reprise impliquerait de prendre en compte un temps de préparation: « S’il faut reprendre le championnat, on sait bien qu’il y a quelques semaines de préparation foncière à intégrer. Au début de la crise, les médecins disaient trois semaines d’arrêt, trois semaines de reprise, quatre semaines d’arrêt, quatre semaines de reprise. Maintenant, j’en entends certains disant qu’on peut remettre tout le monde d’aplomb en deux ou trois semaines. Écoutons là aussi la médecine du sport. Ce sera un peu plus compliqué que cela ».
Quid des joueurs qui ne voudront pas prolonger?
Bien que le syndicat des footballeurs ait fait savoir qu’il n’était pas opposé sur le principe à ce que des avenants soient signés pour les joueurs en fin de contrat, Pierre Ferracci rappelle que les intéressés ont tout de même le dernier mot: « On va avoir une gestion de l’intersaison qui va être catastrophique. Moi je veux bien qu’on dise qu’on prolonge les contrats des joueurs le 30 juin. Mais un joueur peut refuser de prolonger son contrat. Imaginez une équipe qui continue après le 30 juin avec des joueurs qui ont renoncé à travailler pour eux, ou qui sont dans l’équipe d’en face. Ça va être tout à fait inéquitable sur le plan sportif ».
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